Samsung Galaxy S10 : une Ferrari avec un pilote de boîte à savon
Alain McKenna|Publié le 12 mars 2019Il y a un nouveau prétendant au titre du téléphone intelligent le plus puissant sur la planète, et ce ne sera une surprise pour personne : en reprenant une formule initiée par Apple l’automne dernier et en déclinant son Galaxy S10 en trois versions, la société coréenne Samsung fait ce qu’on attendait d’elle : elle propose l’appareil Android le plus puissant sur le marché.
Ironiquement, ça ne signifie pas que ce soit le plus utile, ni même le plus rapide, dans l’exécution des tâches du quotidien qui rendent nos sans-fils si indispensables. Et ce n’est pas faute d’essayer…
Le petit dragon californien
Sous le capot se trouve d’ailleurs le processeur le plus récent de la gamme Snapdragon, de Qualcomm. L’édition 855 accélère à peu près tout, jusqu’à la connexion au signal LTE. Elle intègre aussi la quatrième génération du moteur d’IA de la famille Snapdragon, triplant la vitesse d’opération des composants de l’appareil qui touche à l’automatisation (retouche photo, suggestions intuitives, etc.).
Pour lui laisser les coudées franches, Samsung propose entre 6 et 12 gigaoctets de mémoire vive, soit pratiquement plus que la mémoire de certains ordinateurs de bureau. Une autonomie de 24 heures incluant une recharge ultrarapide, avec ou sans fil, et dans les modèles les plus haut de gamme, un refroidissement par chambre à vapeur, ajoutent un petit côté dernier cri à ce modèle. Parlant des versions plus équipées, notez qu’elles sont offertes avec un endos en céramique, en prime.
Toute cette technologie est habilement dissimulée sous un superbe écran tactile mur à mur, lequel fait 5,8, 6,1 et 6,4 pouces de diagonale, selon la version du S10 qui vous intéresse. Cet affichage intègre un lecteur d’empreinte digitale dans deux cas sur trois, les S10 et S10+. Le S10e, la version «écono» de l’appareil, a un lecteur intégré à son bouton d’allumage, sur le côté.
Ironiquement, c’est le plus rapide des trois à réagir au contact tactile, et à identifier correctement (ou pas) le doigt qu’on y dépose. Comme Huawei avant elle, Samsung a voulu aller trop vite avec cette technologie incrustée au bas de l’écran, ce qui se traduit par une expérience défaillante trop souvent pour qu’elle soit réellement attrayante. Parlant de Huawei, Samsung aussi débarque avec la recharge inversée, qui permet de transférer un peu d’énergie du téléphone vers un autre périphérique, via la norme Qi.
Les «Five Eyes», façon Samsung
Ailleurs dans le cyberespace, les Five Eyes sont un regroupement de pays qui combattent le cybercrime. Chez Samsung, ces cinq yeux sont les deux caméras à l’avant, et les trois à l’arrière de son S10+. Les deux modèles plus bas de gamme en retranchent quelques-unes, pour sauver des sous côté assemblage, ce qui déplaira aux inconditionnels d’Instagram qui souhaiteraient avoir ces caméras sans payer le gros prix.
La troisième caméra à l’arrière agit comme un grand angle, avec un champ de vision supérieur à 120 degrés. C’est plus efficace que de faire un panorama en bougeant l’appareil de gauche à droite, ça ne fait aucun doute. Les deux autres objectifs sont un objectif plus classique, et un téléobjectif 2x.
À l’avant, le second objectif ne fait que prendre des mesures pour garantir des effets plus précis sur l’image, notamment, ce fameux effet Bokeh qui semble si populaire par les temps qui courent.
À travers tout ça, on remarque une nette amélioration de la qualité des clichés saisis par ce modèle-phare de la gamme Samsung, par rapport au S9 ou au Note 9. Les détails sont nets, les couleurs sont justes, le résultat est plus que satisfaisant. Même du côté de la vidéo, la stabilisation automatique fait des miracles pour rendre les mouvements plus fluides et moins saccadées.
Un appareil durable, à condition que…
En attendant la 5G, ou même les téléphones pliables,l’industrie du sans-fil est aux prises avec un problème de taille : comment convaincre les gens de payer une petite fortune, soit entre 1000 et 1500 dollars, pour un téléphone intelligent? En promettant qu’ils seront plus durables que les modèles précédents, bien sûr.
Le S10 ne fait pas exception. Outre le stockage interne variant de 128 à 1024 gigaoctets, une fente pour cartes MicroSD assure qu’on ne manquera jamais de stockage, vieille tradition des mobiles Android.
L’appareil est aussi prêt pour la prochaine génération de WiFi, appelée WiFi 6, ou 802.11ax, qui affectera toutefois davantage les routeurs que les mobiles eux-mêmes. En prime, Samsung promet que les applications que vous utilisez le plus couramment seront préchargées automatiquement par le système, promettant ainsi une rapidité d’exécution qui sera toujours au rendez-vous. Pas d’engourdissement au fil des mois et des mises à jour, dit-on…
Des mises à jour qui, comme toujours avec Android, débarqueront plusieurs mois après qu’elles aient été annoncées par Google. Ce qui n’est pas une grosse affaire quand on ne possède pas, sous la main, l’appareil le plus performant, qui mise justement sur le dernier cri pour se distinguer.
Android 9.0 anime tant le Galaxy S10 que le Pixel 3 (Google) que le Moto G7 de Lenovo-Motorola. Ce dernier coûte le tiers du prix d’un S10, et dans bien des actions, réagit aussi vivement que son rival plus haut de gamme. Le Pixel, de son côté, aura les mises à niveau d’Android sur-le-champ.
Du côté de Samsung, c’est moins sûr. Et comme le fabricant coréen n’a aucun talent en matière d’interface mobile (on aura tôt fait de trouver un «launcher» de remplacement pour l’écran d’accueil du S10, tant il est médiocre—même Microsoft en propose un meilleur que celui installé d’office par son homologue coréenne), ça laisser présager des mois d’angoisse pour les plus férus de nouvelles technos, ceux qui adoptent le S10 pour sa mécanique de pointe.
C’est comme acheter une Ferrari, et la confier à un pilote qui n’a pas complété ses licences au-delà du permis de conduire… Et c’est bien dommage, car autrement, le S10 est le plus bel appareil Android sur le marché.
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Samsung Galaxy S10 (S10e, S10, S10+)
Téléphone à système Android 9.0 Pie
Écran Dynamic AMOLED de 5,8, 6,1 ou 6,4 pouces
Processeur Snapgradon 855 de Qualcomm (6 à 12 go de mémoire vive)
Stockage de 128 go (jusqu’à 1024 go, plus fente Micro SD)
Autonomie d’une journée (incluant recharge rapide et inversée)
À partir de 1020$
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