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Secteur minier: cinq filons pour assurer la relève

Maxime Guilbault|Publié le 25 février 2019

Secteur minier: cinq filons pour assurer la relève

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Si le capital humain assure la vitalité d’une entreprise, la relève en matière de main-d’œuvre est certainement garante de sa pérennité. Or, l’industrie minière peine à intéresser les jeunes.

 Le diagnostic est inquiétant : selon les plus récentes données, les inscriptions aux programmes collégiaux et universitaires liées au domaine minier ont diminué de près de 12 % entre 2015 et 2017.

 Voici cinq chantiers qui pourraient mobiliser l’industrie en vue de corriger certaines perceptions.

1. Faire de la mine un « hub » des nouvelles technologies

Nous empruntons l’expression à Luc Lessard, PDG de Ressources Falco, qui a comme principal actif le projet Horne 5 et dont la construction est prévue en 2020 à Rouyn-Noranda. Ce dernier disait récemment : « Lorsqu’un jeune me demande ce que j’ai à lui offrir pour l’aider à grandir, je lui réponds : “Falco!” Parce que cette mine deviendra un véritable “hub” d’applications de nouvelles technologies. »

Les minières – particulièrement les grandes et les nouvelles exploitations – adoptent aujourd’hui les technologies numériques avec un niveau d’enthousiasme inégalé.

Beaucoup investissent dans l’automatisation, l’intelligence artificielle, la modélisation 3D et la numérisation des données historiques. On recourt aujourd’hui à la visualisation immersive du cycle de vie d’une mine avant même le début de la planification, grâce au traitement des données et aux technologies numériques.

Plusieurs minières utilisent l’intelligence artificielle et la méthode des « jumeaux numériques » lors de l’exploration de projets pilotes, afin d’évaluer le potentiel avant même leur déploiement à grande échelle.

De grands joueurs technologiques de la gestion des données, de l’analyse prédictive, de la numérisation et de l’automatisation sont engagés dans le développement minier. Par exemple, Cisco travaille de pair avec Barrick Golb, IBM Watson fait équipe avec Goldcorp.

2. Présenter l’opportunité avant la précarité

La volatilité et la cyclicité du secteur minier découragent certains jeunes d’envisager un emploi dans l’industrie, de crainte de se retrouver dans des situations précaires à plus ou moins long terme.

Faute de ne pouvoir contrer le facteur cyclique de l’industrie, les sociétés minières peuvent présenter leurs offres d’emplois comme autant d’opportunités pour les jeunes d’aller faire leurs preuves, de surmonter des défis emballants, de voyager et d’avoir l’occasion de mener des projets majeurs par eux-mêmes.

3. Développer un mode de vie électrisant… même loin de la ville!

Les villes attirent les jeunes par leur vitalité, leur effervescence et la diversité des modes de vie. Or, les nouveaux gisements se trouvent principalement dans les régions du nord du Québec, très éloignées des grands centres urbains, quand ce n’est pas à l’étranger.

Dans ce contexte, les modèles « fly-in-fly-out » (ex. : 14 jours de travail, 14 jours de congé) posent à l’occasion des problèmes d’adaptation quant au style de vie des travailleurs et de leurs familles.

Les sociétés minières doivent faire preuve d’imagination et créer des environnements de travail uniques, sur les sites isolés. Le but est de procurer des expériences de travail qu’aucune ville ne pourra offrir, et ce, dans un milieu sécuritaire où la santé et le bien-être des employés sont, plus que jamais, à l’avant-plan.

4. Présenter l’image verte de l’industrie

Les nouvelles générations sont très sensibles aux enjeux environnementaux. Malheureusement, la filière minière, comme d’autres industries d’ailleurs, n’a historiquement pas toujours été un modèle à suivre en matière de gestion environnementale avec ses sites orphelins.

La preuve en est que les sociétés minières québécoises sont aujourd’hui régies par plus d’une centaine de lois, de règlements et de normes en matière environnementale.

L’environnement est pourtant au cœur des préoccupations de l’industrie.

À preuve, cette dernière participe activement à la croissance de certains secteurs clés. À ce titre, pensons au secteur des transports électriques, pour lequel les minières produisent nombre de minéraux stratégiques.

Le milieu minier investit des sommes considérables pour réduire l’empreinte de ses activités, de l’ouverture de la mine jusqu’à sa fermeture, sans oublier la restauration des sites.

À terme, la technologie sera également mise à profit alors que la numérisation des mines permettra d’assurer la traçabilité des actions effectuées, et ce, de manière à être plus transparent. Même si la grande majorité des sociétés minières se conduisent aujourd’hui en citoyens corporatifs exemplaires à ce chapitre, les perceptions tardent à changer. L’industrie doit mieux se présenter!

5. Diversifier la main-d’œuvre

Comme pour l’environnement, les jeunes sont aussi très sensibles aux enjeux sociaux.

À ce chapitre, l’industrie se préoccupe de plus en plus des questions d’acceptabilité sociale dans le développement des projets, et ce, dès le stade de l’exploration.

C’est déjà une remarquable avancée. Cependant, elle éprouve toujours des difficultés à attirer plus de femmes et à intégrer davantage les populations autochtones dans ses activités, ce qui pose des enjeux de diversité.

À l’heure actuelle, l’industrie met en place diverses initiatives pour stimuler l’intérêt des femmes et des communautés autochtones. On peut, notamment, penser à la création de bourses d’études, de programmes de parrainage et de programmes de formation adaptés à leurs réalités. La diversification internationale pourrait également être envisagée pour permettre aux minières de combler les besoins ponctuels des entreprises d’ici.

Notre conclusion : les mines possèdent de nombreux atouts leur permettant d’attirer les jeunes, à condition qu’elles engagent avec eux un dialogue actif et constructif, notamment sur le plan technologique.

Faut-il croire à la résurrection du Plan Nord?

Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec, M. Jonatan Julien, confiait récemment l’intention de son gouvernement de poursuivre le développement nordique, voire de l’accentuer, tout en allégeant le fardeau administratif des sociétés minières.

Le ministre s’est dit interpellé par l’importance d’habiter le territoire plutôt que d’y vivre par navettage. Dans ce contexte, il annonçait que, d’ici l’automne, la Société du Plan Nord disposera d’objectifs précis dont les actions seront mesurables.

Selon les projections, le déploiement du Plan Nord pourrait contribuer à la création de plusieurs milliers de nouveaux emplois, et ce, en contribuant de manière significative à l’effort global de transition énergétique.

Quand on sait que la plupart de ces salariés gagnent en moyenne plus de 100 000 $ par année, l’annonce pourrait susciter une nouvelle vague d’intérêt… même chez les plus jeunes!