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S’entourer pour bien performer

Isabelle Delorme|Édition de la mi‑novembre 2021

S’entourer pour bien performer

Daniel Lanteigne, consultant principal à la firme BNP Performance philanthropique (Photo: courtoisie)

PHILANTHROPIE. Plus de la moitié des organismes de bienfaisance croient qu’ils n’ont pas le financement ni les compétences suffisantes pour utiliser davantage les outils numériques, selon le récent sondage mené par la plateforme CanaDon sur les compétences numériques. Certaines aides existent, mais sont souvent méconnues.

 L’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI) a lancé en 2020 un sondage auprès des organismes qui travaillent à favoriser l’accès, la qualité et la fiabilité des services Internet, dans le cadre de l’étude « Sans connexion ». Les répondants ont déclaré que les subventions et programmes du gouvernement pour le développement numérique sont souvent inaccessibles à la plupart des organismes sans but lucratif (OSBL) et de bienfaisance.

De nombreux OSBL québécois ignorent qu’ils ont accès à un programme en matière de ressources humaines qui s’intitule «Mesure de formation de la main-d’œuvre», signale Daniel Lanteigne, consultant principal à la firme BNP Performance philanthropique. Cette mesure vise à soutenir le développement de compétences des personnes qui risquent de perdre leur emploi et peut aider à maintenir les expertises dans les organismes. L’aide financière peut atteindre jusqu’à 50 % des dépenses de formation. Rares sont les bailleurs de fonds qui soutiennent les OSBL pour leur transition technologique, selon Daniel Lanteigne, qui est aussi chargé de cours à l’Université de Montréal au sein du certificat en gestion philanthropique. 

C’est le cas de la Fondation McConnell, qui a mis sur pied le programme Innoweave ainsi que le Fonds d’innovation sociale. « Ce dernier a apporté récemment une contribution de 250 000 $ sur l’horizon 2021-2023 à l’organisme Équiterre pour moderniser ses approches numériques afin de mobiliser plus de monde », dit Jane Rabinowicz, cheffe des programmes de la Fondation, qui a soutenu 514 organismes en 2020. En 2019, elle avait apporté une autre contribution de 150 000 $ à l’initiative montréalaise Powered by Data, qui vise à aider le secteur sans but lucratif à avoir plus d’impact à l’aide des données.

 

Des outils disponibles

TechSoup permet à des OSBL et à des organismes de bienfaisance d’obtenir des dons de logiciels pour des frais d’administration très abordables grâce à des partenaires, notamment Microsoft, Adobe et Cisco. Il offre également des webinaires et d’autres ressources d’apprentissage. Google propose également des outils gratuits ou abordables pour travailler plus intelligemment ou pour toucher davantage de donateurs, comme Google Workplace. La plateforme CanaDon propose pour sa part aux organismes de bienfaisance des outils numériques pour collecter des fonds et pour cultiver les relations avec les donateurs. 

Daniel Lanteigne encourage les organismes à se procurer du matériel à moindre coût auprès d’Ordinateurs pour les écoles du Québec, qui est accessible aux OSBL. « Il ne faut pas hésiter à aborder des partenaires d’entreprises, qui se débarrassent régulièrement de leur parc informatique », poursuit celui qui reconnaît néanmoins qu’au manque de matériel s’ajoute souvent une question de capacité du personnel. 

 

Du savoir-faire

Les 700 fonds philanthropiques de la Fondation du Grand Montréal bénéficient de services numériques, incluant une page de dons personnalisée sur le site web de la Fondation et l’émission de reçus de charité par les systèmes comptables. « Ces services sont probablement sous-utilisés », estime Karel Mayrand, PDG de cette fondation communautaire. Un fonds peut être ouvert par des individus ou des organismes et doit lever un minimum de 10 000 $ dans les cinq ans. 

Daniel Lanteigne croit également que le pro bono est une excellente piste. « Le bénévolat de compétence est probablement sous-utilisé », estime le consultant pour qui beaucoup de gens n’ont pas envie de siéger à un conseil d’administration, mais sont partants pour partager leur savoir-faire. « La plateforme Simplyk propose d’ailleurs des maillages avec des bénévoles d’affaires », suggère-t-il. 

Certains programmes permettent en outre de progresser. Citons le cycle de trois conférences pour « démystifier les données », lancé cet automne par la Fondation J. Armand Bombardier qui propose des ateliers ouverts à tous les OSBL. La fondation a également mis en place une cohorte de codéveloppement sur la culture du changement et de l’innovation sociale, qui réunit une dizaine de directeurs généraux d’organismes chaque année. 

Dans une perspective plus globale, le partenariat Technovate réunit plusieurs organismes (dont la Fondation Trillium de l’Ontario) pour réfléchir aux moyens d’accélérer la transformation numérique du secteur philanthropique au Canada. « Nous sommes engagés dans un dialogue avec de nombreux organismes pour trouver les moyens de soutenir les OSBL — qui ont des années de retard en matière numérique — avec probablement une combinaison d’actions à court et à long terme », explique Doug Gore, qui dirige les partenariats à la Fondation Trillium de l’Ontario. La stratégie de Technovate sera annoncée d’ici la fin de l’année.