Shawinigan poursuit la transformation de son économie
Événements Les Affaires|Publié le 15 février 2019Numérique, électrification des transports, entrepreneuriat… Shawinigan a définitivement tourné la page sur son passé industriel. Et pour son maire, Michel Angers, il n’est plus question d’asseoir l’avenir économique de la ville sur une poignée de grandes entreprises. Il viendra parler de revitalisation et de diversification lors de la conférence Développement économique, présentée par les Événements Les Affaires le 25 avril prochain à Montréal.
Comment va la diversification ?
Michel Angers : Ça s’accélère. Je dirais même que ça bouillonne. Nemaska Lithium est en train de construire sa grosse usine de commercialisation d’hydroxyde et de carbonate de lithium pour les batteries de véhicules électriques. Nos deux fabricants de bornes électriques, AddEnergie et Elmec, sont aussi en croissance. Ça va amener d’autres joueurs dans le domaine. On mise également beaucoup sur le numérique.
Justement, qu’est-ce qui se passe dans le numérique ?
M.A. : C’est au cœur de notre diversification. Avec une trentaine d’entreprises, dont CGI, ICO Technologies et Cognibox, le secteur numérique compte plus de 500 emplois. Et ça continue. Desjardins débarquera bientôt dans notre DigiHub avec un bureau spécialisé en technologies de l’information. C’est la première fois que Desjardins décentralise des postes en TI de Montréal et de Québec. Au début, ça créera une trentaine d’emplois, mais il pourrait y en avoir jusqu’à une centaine. Il y a aussi un gros centre de données qui vient de s’installer chez nous, Watts illimités. On a travaillé fort pour attirer un joueur de ce domaine. Avec trois barrages hydroélectriques dans notre ville, on a l’emplacement idéal pour ce type d’entreprise qui nécessite un approvisionnement constant en énergie.
Et vous avez maintenant la blockchain dans votre mire ?
M.A. : La blockchain, on y croit. C’est l’avenir. Il y a déjà de la recherche qui se fait là-dessus dans le DigiHub. Et on va lever la main pour des projets énergivores, comme le minage de cryptomonnaies. Surtout que les barrages de Shawinigan fournissent chaque année des dizaines de millions de dollars de revenus au gouvernement du Québec et qu’on n’a pas de redevances en retour.
Comment composez-vous avec la pénurie de main-d’œuvre ?
M.A. : C’est un grand défi. Par exemple, CGI a 230 employés et il lui en faudrait au moins 300. Cette année, on pense ajouter une personne dans l’équipe de développement économique de la ville pour aider les entreprises à recruter des talents. Plus en amont, on a mis en place il y a trois ans un comité de travail sur des enjeux concernant les jeunes. Ce comité, le COMPLICE, regroupe les forces vives des milieux de l’économie, de la santé, de l’éducation et communautaire. L’idée, c’est d’agir de façon concertée pour favoriser le développement des jeunes et les outiller pour l’avenir. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il faut miser sur la jeunesse. On ne veut pas perdre un seul jeune. Par ailleurs, on essaie aussi d’attirer des travailleurs étrangers.
Comment ?
M.A. : Shawinigan est très active à l’international. On fait beaucoup de missions économiques et on a des ententes avec plusieurs villes de France. On a aussi établi des jumelages entre le DigiHub et des incubateurs semblables en France. Tout cela permet d’attirer des entreprises et des travailleurs, de s’inspirer des pratiques innovantes d’ailleurs, et d’aider nos entreprises à croître à l’international. Par exemple, une entreprise du DigiHub, IS Data Solutions, a obtenu un contrat avec la ville de Nevers lors du Sommet international de l’innovation en villes médianes de novembre dernier.