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Simulez pour mieux concevoir

Simon Lord|Publié le 11 mars 2020

Simulez pour mieux concevoir

Pour un bâtiment plus vert, on peut avoir recours à l’énergie solaire. Mais il ne faut pas oublier d’utiliser les bons outils pour gérer ces para-mètres complexes. (Photo: Getty Images)

INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION. Pour améliorer la consommation d’énergie d’un bâtiment et éventuellement tendre vers une réduction de son empreinte carbone, les architectes et ingénieurs peuvent mettre de l’avant nombre de mesures et de technologies qui se sont développées au cours des dernières années.

« En matière de meilleures pratiques, on peut faire appel à la géothermie, qui permet une grande efficacité énergétique, et à l’énergie solaire, autant en utilisant des panneaux photovoltaïques qu’en optimisant l’utilisation du rayonnement solaire pour réduire la consommation énergétique en hiver », dit Robert Cummins, coprésident de TST Systèmes énergie, une firme de génie-conseil dans le domaine de l’efficacité énergétique pour le marché immobilier. L’orientation du bâtiment, en vue de capter ainsi l’énergie solaire, est donc également importante.

Cependant, adapter de façon optimale tous ces paramètres peut rapidement devenir extrêmement complexe. Diminuer l’intensité de la lumière dans un bâtiment, par exemple, permettra de moins climatiser l’été, mais forcera également les opérateurs du bâtiment à chauffer davantage durant l’hiver. Comment trouver la meilleure conception ?

Les outils informatiques peuvent faire partie de la réponse et soutenir les concepteurs dans leur travail. « Quand on veut faire un bâtiment qui consomme peu ou qui est carbone zéro, on simulera sa consommation avec des logiciels très puissants, dit Robert Cummins. Ces simulations tiendront compte de nombreux paramètres, comme l’isolation, l’orientation de la structure, la résistance thermique des fenêtres. »

Multitude d’outils

De nombreux outils peuvent désormais faire des simulations énergétiques. « Le logiciel le plus fréquemment utilisé est EnergyPlus, constate Robert Cummins. C’est le plus primé. Il y a aussi eQUEST, et EE4, mais ce dernier est par contre de moins en moins utilisé. »

Gestimat, une plateforme développée dans le cadre de la Charte du bois et financée par le Fonds vert, est un autre exemple de logiciel utile dans la perspective de réduire l’empreinte d’un bâtiment. Il permet de réaliser des analyses comparatives d’émissions de gaz à effet de serre (GES) dues à la fabrication des matériaux.

Et la liste continue. Par exemple, ceux qui veulent obtenir une certification LEED Canada, et donc démontrer au moyen de simulations que leur bâtiment est conforme à certaines conditions de performance énergétique, doivent utiliser un des logiciels approuvés par LEED Canada : EE4, eQUEST, DOE-2, EnergyPlus, IES Virtual Environment, Hourly Analysis Program (HAP), TRACE 700, EnergyPro v5.1.

Robert Cummins explique que la modélisation des données du bâtiment (MDB, mieux connue comme BIM, en anglais) n’est par contre pas encore un outil de prédilection pour la simulation énergétique. Mais il a ses usages. Franck Murat, le directeur de l’expertise BIM/VDC à BIM One, qui offre des services de consultation à ce sujet, explique que les outils BIM permettent de faire certaines analyses énergétiques, et surtout, de savoir en temps réel, dès les étapes de conception préliminaire, quelles quantités de matériaux devront être utilisées. De là, il est ensuite possible de déterminer l’intensité carbone de la structure et d’apporter des améliorations.

Les analyses relatives à l’empreinte carbone et à l’efficacité énergétique des nouveaux bâtiments, bien qu’elles soient utiles, restent rares, note Franck Murat. Une occasion manquée, considérant que même si la conception ne représente qu’une petite part des dépenses liées à un bâtiment, elle continue d’avoir une influence sur celui-ci tout au long de sa vie. Investir un peu plus dans la conception ou dans la construction pour améliorer l’efficacité du bâtiment pourrait donc se traduire par un coût d’exploitation plus faible, et un rendement de l’investissement enviable au cours de sa vie utile.

Enveloppes séparées

Franck Murat explique toutefois qu’en pratique, ces coûts sont souvent gérés avec des enveloppes différentes. Autrement dit, les économies à l’exploitation liées à une meilleure conception et construction sont difficilement transférables en amont. « C’est rare qu’on se dise « Concevons mieux et nous économiserons sur le long terme », dit-il. Les différentes étapes sont gérées par différentes personnes et divisions, alors on essaiera de contrôler les coûts à chaque étape sans tenir compte des autres. »

Franck Murat ne voudrait toutefois pas peindre un tableau tout noir. Les certifications vertes qui tentent d’améliorer la performance énergétique des bâtiments par une modélisation énergétique gagnent en popularité. Au début de 2019, par exemple, 4025 projets avaient été certifiés LEED au pays, contre 2576 en 2015, une augmentation de 56,25 %.

« La meilleure manière d’économiser l’énergie est de ne pas la dépenser », résume Franck Murat. Cela passe par une bonne conception aidée des bons outils.