(Photo: 123RF)
CHRONIQUE. Ça y est, vous avez décidé de plonger : vous lancez votre entreprise. Fini pour vous, l’époque d’être un employé ; vous serez désormais votre propre patron et vous avez l’idée du siècle pour mettre en marché un produit unique et novateur.
Tout d’abord, félicitations ! L’entrepreneuriat est pour moi le plus beau métier qui soit. Les entrepreneurs trouvent des solutions qui changent la vie des gens, et le monde.
Vous voilà donc un an, deux ans, trois ans après le lancement de votre entreprise, et vous trouvez votre quotidien de plus en plus lourd. Vous êtes comme les deux tiers des entrepreneurs et vous vous sentez déprimé au moins une fois par semaine. Vous réalisez que la mise au monde et la croissance d’une entreprise vient avec un éventail de variables à gérer au quotidien qui viennent assombrir votre vision de changer le monde et freiner un peu votre enthousiasme : difficulté à embaucher et à conserver de la main-d’oeuvre qualifiée, bogues technologiques, difficultés d’approvisionnement des matières premières, problèmes de liquidités, administration énergivore et coûteuse (vous réalisez ici que le gouvernement n’est pas l’ami des PME), normes auxquelles vous devez vous conformer, pandémie, etc. Vous êtes de plus en plus fatigué et vous vous sentez immensément seul, comme si vous portiez le poids du monde sur vos épaules.
Avant de frapper un mur, je partage avec vous ces quelques conseils tirés de mes 20 années d’expérience comme entrepreneur.
1 Choisissez un partenaire complémentaire. Je déconseille toujours aux gens de se lancer en affaires seul. Il vaut mieux partager la charge avec un partenaire qui possède, idéalement, des compétences et des intérêts complémentaires aux vôtres. Par exemple, avec mon partenaire Georges Karam, lorsque nous avons bâti notre centre d’appels, j’avais la charge de coder les logiciels, alors que lui s’occupait davantage de l’administration.
Avec francoislambert.one, mon entreprise actuelle, je développe de nouveaux produits, de nouveaux marchés, je fais construire un bâtiment plus grand pour la transformation des produits, etc., mais je ne fais pas d’administration ni de gestion des ressources humaines. Je m’occupe des réseaux sociaux, je suis en quelque sorte la «mascotte» de l’entreprise, et ça me plaît. J’ai du fun à faire ça. Je délègue à mon équipe les tâches qui me grugeraient de l’énergie.
Vous devez vous multiplier avec votre partenaire et non vous additionner. Et, avec un peu de chance, vous n’aurez pas vos downs en même temps et vous pourrez vous soutenir l’un l’autre dans les moments difficiles.
2 Prenez soin de vous. On ne le dira jamais assez, les endorphines sécrétées par l’activité physique sont vectrices de bonheur et inhibitrices de la dépression. Personne ne devrait s’en passer, surtout pas l’entrepreneur. Courez, nagez, faites du vélo, bougez !
Et alimentez-vous convenablement. Au début de ma carrière, je mangeais de la malbouffe et je ne m’entraînais pas, j’avais une sérieuse bedaine et, pour être honnête, il m’arrivait de crier après les employés. Le jour où j’ai pris ma santé en main, ma capacité à résoudre des problèmes et ma productivité ont décuplé. Récemment, j’ai ajouté à ma routine le jeûne intermittent, les douches froides et les respirations de Wim Hof, et je n’ai jamais été aussi en forme de toute ma vie. Je ne dis pas qu’il faut faire tout ça, mais trouvez ce qui vous fait du bien et soyez constant dans vos habitudes.
Dormez aussi suffisamment. Rien n’est plus inefficace que de couper sur le sommeil pour accomplir plus de tâches dans une journée. Vous ne faites que brûler la chandelle par les deux bouts, c’est un cercle vicieux. Moins on dort, moins on est productif, et donc on met le double du temps pour accomplir nos tâches. On coupe encore plus sur le sommeil en pensant qu’on pourra en faire plus… Ça n’a rien de sensé.
3 Parlez-en ! Vous croyez être le seul ? Les dernières études sur le sujet ont démontré à quel point la détresse psychologique des entrepreneurs est répandue. Allez chercher de l’aide, il n’y a pas de honte à se sentir découragé. Et la survie de votre entreprise en dépend. Vous devez être à votre meilleur pour continuer de faire croître votre bébé et inspirer votre équipe. Vous pouvez en parler avec d’autres entrepreneurs, pas seulement avec un psy. Ils partageront peut-être leurs propres trucs de survie. Vous devez casser votre patterns et trouver des solutions. Ce n’est pas facile, mais ce n’est pas en gardant le problème pour vous qu’il va se régler.
4 Établissez vos objectifs et vos limites. Si vous ne savez pas où vous allez ni à quel moment vous arrêter, vous risquez de frapper un mur. Vos objectifs doivent être réalisables, atteignables dans un temps raisonnable. Idéalement, vous avez des objectifs quotidiens, hebdomadaires, mensuels et annuels. Vous saurez ainsi si vos efforts portent leurs fruits, ce qui est beaucoup plus gratifiant que d’avoir l’impression de pédaler dans le beurre.
Et mettez-vous des limites. Par exemple ? Une limite d’endettement. Personnellement, j’ai horreur de l’endettement. Tout emprunt doit être vraiment nécessaire et permettre d’augmenter rapidement les revenus de l’entreprise, autrement ça ne vaut pas le coup.
5 Prenez des pauses. Plusieurs études le démontrent, il est inefficace de tenter de faire un maximum d’heures de travail consécutives et de manger devant l’ordinateur. On doit s’arrêter, prendre le temps de dîner, aller marcher, prendre des pauses. Notre esprit est ensuite beaucoup plus productif. Prendre le temps de décrocher et de passer des moments en famille est aussi primordial. On appelle ça l’équilibre.
6 Posez-vous les bonnes questions. Je ne dis pas ici de baisser les bras, mais d’être honnête envers vous-même : l’entrepreneuriat, est-ce vraiment pour vous ? Il se peut que vous réalisiez en cours de route que la réponse est non. Certains sont davantage des inventeurs que des entrepreneurs. Votre produit est peut-être génial, mais vous n’êtes pas nécessairement le meilleur ambassadeur pour le faire connaître. Trouvez un porteur de flambeau et concentrez-vous sur le développement de produit.
L’entrepreneuriat, c’est difficile. J’ai écrit un livre complet là-dessus. Ajoutez à cela une pandémie, ça peut être décourageant pour plusieurs. On a beau dire qu’il faut se réinventer, pour certains, disons que les options sont peu nombreuses…