«Nous n'avons pas cinq décennies pour adopter des technologies durables», martèle Andres Friedman. (photo: Solfium)
BLOGUE INVITÉ. L’énergie solaire est l’une des énergies renouvelables les plus prometteuses de la transition énergétique. Pourtant, son adoption est encore faible, même dans les pays où l’ensoleillement est abondant. C’est le problème que la start-up canado-mexicaine Solfium a entrepris de résoudre.
La production d’énergie solaire à petite échelle a été profondément entravée par les modèles commerciaux traditionnels, explique Andres Friedman, son cofondateur et PDG.
La start-up est spécialisée dans l’énergie solaire et vise à en faciliter la distribution afin qu’elle devienne une source d’électricité de plus en plus démocratisée.
«Il a fallu plusieurs décennies pour que les téléviseurs, qui étaient rares dans les années 1950, deviennent des objets que l’on voit dans tous les foyers, rappelle le PDG. Si nous pensons à la planète et à nos défis environnementaux, nous n’avons pas cinq décennies pour adopter des technologies durables. C’est pourquoi nous travaillons à en accélérer l’utilisation grâce à une expérience client plus conviviale.»
Andres Friedman a développé l’idée de Solfium avec deux amis, qui sont devenus par la suite les cofondateurs de la start-up.
Juan Osuna est un vétéran de l’industrie solaire mexicaine qu’Andres Friedman a rencontré à Querétaro lorsqu’il travaillait chez Bombardier. Plus tard, alors qu’il terminait une maîtrise en études avancées à la London School of Economics and Political Science, Andres Friedman a croisé Zach Magnan, responsable à l’époque des finances d’Oryx Petroleum à Genève.
Leur désir commun de rendre l’énergie solaire plus accessible les a tous trois conduits au lancement de Solfium en 2020
La compagnie se concentre sur la production décentralisée. Au départ, elle a créé des projets à petite échelle pour des installations résidentielles et commerciales de moindre taille. L’entreprise a choisi le Mexique pour sa mise en marché, compte tenu de son faible taux de pénétration d’énergie solaire.
«Si nous devions compter uniquement sur de grands projets pour gérer notre transition énergétique, nous n’atteindrions pas nos objectifs de consommation nette zéro d’ici 2050. Nous pensons que la production décentralisée doit occuper une place plus importante dans l’équation», dit-il.
L’Uber de l’énergie solaire
Dans le but d’accélérer l’adoption de l’énergie solaire, Solfium a développé une application mobile qui permet une évaluation rapide des coûts et des avantages d’une installation clé en main.
«En huit étapes simples, vous pouvez faire installer des panneaux solaires à votre domicile», affirme Andres Friedman.
À partir de leur facture d’électricité et de prévisions d’ensoleillement de leur emplacement, un prix instantanément calculé . Les clients peuvent ensuite gérer l’installation et le service après-vente via l’application.
«Le système se rentabilise grâce à vos économies [réalisées], que vous le payiez d’avance ou que vous le financiez», dit-il.
Selon lui, la période de remboursement moyenne pour les clients varie entre deux et cinq ans, et des décennies d’électricité gratuite s’ensuivent une fois le solde acquitté.
Selon les habitudes d’utilisation et la localisation du consommateur, les systèmes peuvent être amortis plus rapidement. Au Mexique, l’un des pays au potentiel solaire photovoltaïque le plus élevé, beaucoup plus de kilowattheures sont produits. Des systèmes comportant deux ou trois panneaux suffisent pour alimenter une petite maison.
Verdissement de la chaîne de valeur
Grâce aux mesures ESG, de plus en plus d’entreprises cherchent à élaborer leur stratégie nette zéro émission. En outre, la Commission américaine des valeurs mobilières (SEC) a présenté au début de l’année des règles qui rendraient obligatoire la divulgation d’informations liées aux effets sur le climat pour les sociétés cotées en Bourse.
Selon Andres Friedman, l’énergie solaire est le levier clé d’une stratégie de développement durable réussie — un marché en pleine croissance.
En réponse à cette dynamique de marché, Solfium a maintenant ajouté à son portfolio des projets industriels qui visent à aider les entreprises à décarboner leur chaîne de valeur, allant des employés aux fournisseurs.
«Il n’y a aucune autre initiative que vous pourriez mettre en œuvre en seulement quelques mois qui puisse avoir un effet aussi considérable sur la réduction de vos émissions de CO2, précise le PDG. Toute autre démarche nécessaire à votre feuille de route nette zéro demande généralement un plus gros investissement et un amortissement plus long.»
Une victoire pour l’environnement
Après 18 mois d’activité, Solfium gagne en visibilité au Mexique. La start-up a récemment signé un accord avec le gouvernement de Querétaro pour investir près de 125 millions de dollars américains en projets d’énergie solaire à travers l’État au cours des cinq prochaines années.
L’ambassade du Canada et le représentant du gouvernement du Québec au Mexique ont apporté leur soutien et étaient présents lors de l’événement d’annonce du partenariat.
Alors que ses activités se développent au Mexique, l’entreprise attire maintenant l’attention des sociétés de capital-risque et envisage de cibler d’autres marchés mondiaux.
Karl Moore et Stéphanie Ricci. Karl est professeur associé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Stéphanie est diplômée en journalisme et en sociologie de l’Université Concordia.