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Start-ups: l’heure est au pivot

Jean-François Venne|Publié le 10 juin 2020

Start-ups: l’heure est au pivot

(Photo: 123RF)

DÉFI START-UP. La pandémie a rapidement obligé plusieurs jeunes pousses à envisager une refonte de leur modèle d’affaires. Le fameux «pivot» permettra à plusieurs entreprises de surmonter la crise, à condition de savoir le mener à bien.

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À la mi-mars, Gabrielle La Rue, fondatrice et PDG de Locketgo, s’apprêtait à se rendre au festival South by Southwest à Austin, au Texas, lorsqu’elle apprend que l’événement est annulé. Collision, le rendez-vous du monde des technologies, subit rapidement le même sort, privant Locketgo d’un deuxième contrat. « On a décidé d’amorcer une transition avant que nos autres projets soient officiellement annulés, car on voyait que le risque était grand », raconte Mme La Rue. 

Créée en 2016, Locketgo offre la location de casiers pour les événements. Depuis l’été dernier, la jeune pousse propose des casiers connectés, qui permettent aux visiteurs de les réserver par l’entremise d’une plateforme électronique et d’y recharger leurs appareils électroniques. Après s’être concentrée sur les événements temporaires (Osheaga, Île SONIQ, Heavy Montréal, etc.), elle venait de réaliser une première installation permanente au Centre Bell. 

Loin de désarmer devant la pandémie, Gabrielle La Rue accélère un projet de développement amorcé en septembre 2019. « Il s’agit d’installer des casiers connectés dans certains endroits stratégiques, afin que les commerçants ou les compagnies de transport y livrent leurs envois, plutôt que de les déposer directement chez chaque client, ce qui leur coûte cher en plus de polluer beaucoup », explique-t-elle.

Rapidement, Locketgo trouve preneurs. Le confinement a fait exploser la livraison à domicile, ce qui pose de grands défis aux commerçants. La start-up a dû ajuster son logiciel et adapter quelque peu ses casiers. Elle planche aussi sur certains services, comme l’intégration de l’option de livraison à un casier lorsque le consommateur paie sa commande ou la réduction de l’emballage. «Nous sommes enthousiastes devant les perspectives que ce nouveau marché nous offre», résume Mme La Rue.

 

Opération complexe 

Le mot «pivot» est sur toutes les lèvres depuis le début de la pandémie. Les raisons de modifier le modèle d’affaires ne manquent pas : générer de nouvelles sources de revenus, saisir des opportunités, participer au combat contre la COVID, s’adapter aux mesures sanitaires…

Mais s’il est facile de parler de pivot, le réussir est une autre paire de manches, surtout dans le contexte actuel. Les entrepreneurs doivent se transformer dans l’urgence — dans certains cas la survie même de la start-up est en jeu — et doivent y arriver en travaillant à distance, dans des conditions anormales. 

«Pour plusieurs entrepreneurs, il s’agit d’une première expérience de pivot, donc ils auront besoin d’accompagnement pour mener à bien leur projet», souligne Patrick Gagné, cofondateur de Bonjour Startup Montréal. Cet organisme a d’ailleurs mobilisé des experts bénévoles, dont plusieurs proviennent de Mtl Inc., avec lesquels les entrepreneurs peuvent entrer en relation en ligne. Bonjour Startup Montréal mise aussi beaucoup sur l’entraide entre les pairs, avec des groupes P2P. 

De son côté, Luis Cisneros, co-directeur de la base entrepreneuriale HEC Montréal, rappelle que l’accompagnement seul ne suffira pas. Les jeunes pousses auront également besoin d’argent. « Une idée intéressante serait de créer un “fonds pivot”, spécifiquement dédié à l’aide aux entrepreneurs qui veulent adapter leur modèle d’affaires au contexte post-COVID ou relancer leur start-up sur de nouvelles bases », suggère-t-il.

 

Réduire sa vulnérabilité 

Depuis 2014, Kotmo se spécialise dans le design et la fabrication d’objets promotionnels. «La plupart de nos clients se trouvent dans l’événementiel et l’hospitalité, deux secteurs très affectés par la pandémie», explique la fondatrice de Kotmo, Céline Juppeau.

Non seulement la demande a fortement diminué, mais la production a écopé. Kotmo fabrique tous ses objets aux Québec. Lorsque les fabricants ont dû interrompre leurs activités, des éléments déjà commandés n’ont pu être réalisés. Cela a amené Kotmo à repenser ses procédés. «En temps normal, nous ne gardons pas d’objets en réserve, car nous les personnalisons pendant la production, raconte Mme Juppeau. Mais nous devrons avoir certains produits en stock si une deuxième vague de pandémie survient.»

La crise a aussi généré de nouvelles idées. Kotmo a par exemple créé des clés anodisées antimicrobiennes, des protecteurs faciaux et bien sûr… l’incontournable masque. Spécialisée en B2B, Kotmo a ouvert une boutique en ligne pour vendre en plus petites quantités. « Nous avions une forte demande de particuliers qui voulaient acheter ce type de produits », précise Mme Juppeau. Cela permet de générer une nouvelle source de revenus, tout en combattant la COVID-19.

On le voit bien, pandémie ou pas, nos start-ups n’ont pas dit leurs derniers mots !