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Start-ups: quel a été l’impact de la COVID-19?

Jean-François Venne|Publié le 25 mai 2020

Start-ups: quel a été l’impact de la COVID-19?

(Photo: 123RF)

DÉFI START-UP. Certaines start-ups ont vu leur modèle d’affaires devenir obsolète en quelques jours ou ont assisté à l’effondrement soudain de leur marché à cause de la pandémie. D’autres ont le vent dans les voiles en raison de nouveaux besoins engendrés par le confinement ou d’opportunités liées à la lutte contre la COVID-19.

 

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L’impact de la pandémie sur les start-ups varie fortement selon les secteurs. Dans des domaines d’activités comme le tourisme, la restauration, la culture, l’événementiel et le commerce de détail, la majorité des jeunes pousses ont subi des pertes de revenus importantes. Le B2B souffre aussi, en raison d’une baisse des dépenses des grandes entreprises.

«Mais dans d’autres secteurs comme la santé ou l’alimentation, la crise a généré de la croissance», note Patrick Gagné, cofondateur de Bonjour Startup Montréal. Il donne l’exemple des services de livraison de nourriture à domicile du type Cookit ou encore de Carebook, une application mobile de gestion des patients destinée aux pharmacies, aux cliniques et bientôt aux hôpitaux.

 

Un effet catastrophique sur certaines

La taille et le niveau de maturité des start-ups ont aussi un effet sur leur résistance face à la crise. Parmi les quelque 250 000 entrepreneurs membres de Startup Canada, plusieurs dirigent seuls des jeunes pousses encore à leurs balbutiements. La plupart généraient des revenus annuels de moins de 100 000 dollars avant la crise. «La pandémie a eu un impact catastrophique sur eux», n’hésite pas à dire Kayla Isabelle, directrice générale de l’organisme.

Les entreprises situées en-dehors des centres urbains seraient particulièrement affectées, puisqu’elles ont moins accès au réseau d’entraide et à l’écosystème d’incubateurs et d’accélérateurs omniprésent dans les grandes villes. Les sociétés dirigées par des femmes ou par des représentants des minorités culturelles ont aussi connu davantage de pertes de revenus, selon un sondage de la Chambre de commerce des femmes du Canada.

Pour plusieurs, la situation peut devenir lourde à gérer. Mme Isabelle invite donc à ne pas oublier la santé mentale des dirigeants de start-ups. Avant la crise, on notait déjà que la proportion d’entrepreneurs aux prises avec des problèmes de santé mentale était sept fois plus élevée que dans la population en général. «C’est encore pire maintenant, en raison du haut niveau d’incertitude qu’ils vivent, précise-t-elle. Ils doivent pouvoir en parler et trouver du soutien aussi sur ce plan.»

 

Pivots stratégiques

Mme Isabelle observe qu’un grand nombre de jeunes pousses font pivoter leur modèle d’affaires. «Pivot, c’est vraiment le mot du jour!», note-t-elle. Les entreprises l’envisagent pour passer en mode numérique, générer des sources de revenus alternatives, créer des partenariats ou explorer des opportunités. Pour certaines d’entre elles, le pivot restera temporaire, alors que pour d’autres il s’agit de relancer leur projet sur de nouvelles bases.

«Les entrepreneurs auront toutefois besoin d’un financement spécifique et d’accompagnement stratégique pour réaliser ces pivots», soutient Luis Cisneros, co-directeur de la base entrepreneuriale HEC Montréal.

Le fameux virage numérique, par exemple, est plus complexe qu’il n’y paraît. Il implique d’apprendre à vendre à distance, à gérer des bases de données et un site transactionnel, à réaliser du marketing en ligne, à réussir son développement des affaires sans rencontrer les clients en personne, etc. C’est d’autant plus ardu que les entrepreneurs ont dû s’adapter eux-mêmes au travail à la maison, pour lequel ils ne sont pas toujours bien équipés. Ils doivent aussi composer avec des situations familiales pas toujours simples et s’y retrouver dans les programmes d’aide gouvernementaux.

 

Besoin de soutien

M. Cisneros souhaite par ailleurs que les start-ups soient appuyées dans leurs efforts pour développer les marchés internationaux numériques. Il espère également qu’elles obtiendront plus d’opportunités de devenir des fournisseurs pour les services gouvernementaux et que certains aspects de l’aide financière seront ajustés. Les entrepreneurs étrangers qui ne détiennent pas le statut de résidents permanents, par exemple, n’ont pas accès aux programmes d’aide gouvernementaux, même si leur société est enregistrée au Canada. M. Cisneros rappelle que les écosystèmes de jeunes pousses très puissants comme ceux de la Silicon Valley ou d’Israël accordent une large part aux entrepreneurs immigrants.

Chose certaine, les entrepreneurs sont loin de baisser les bras. Pas moins de 75,5 % des jeunes pousses sondées par le Mouvement des accélérateurs et incubateurs d’innovation du Québec (MAIN) dans son Baromètre startup jugeaient fortes leurs chances de survie, à condition de compter sur de bonnes mesures gouvernementales. Seulement 2,7 % estimaient peu probable qu’elles surmontent la crise.

«Les start-ups sont des machines à innover et à s’adapter et la période actuelle regorge d’opportunités, ajoute M. Gagné. Elles peuvent devenir des moteurs de croissance pour les années à venir.»