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Annie Boilard

Travailler agilement en équipe

Annie Boilard

Expert(e) invité(e)

Survivre au départ d’une collègue

Annie Boilard|Publié le 15 février 2023

Survivre au départ d’une collègue

Les gestionnaires peuvent aider leurs coéquipiers à se remettre du départ d'un collègue bien-aimé. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Dites-moi, est-ce que vous considérez tous vos coéquipiers comme de simples collègues de travail, ou des amis? Si certains ne jurent que par des relations polies et courtoises avec les membres de leur entreprise, d’autres y nouent plutôt de réel lien d’amitié, et ça a du bon pour l’organisation.

En effet, ça semble contribuer à leur taux d’engagement. Par exemple, afin de déterminer le niveau de mobilisation d’un employé, le cabinet-conseil américain Gallup lui demande carrément s’ils ont un meilleur ami au boulot.

Les relations professionnelles tissées au quotidien sont significatives et le départ d’un proche coéquipier peut représenter un deuil à ne pas sous-estimer. Dans certains cas, un patron pourrait même devoir intervenir afin d’épauler son employé dans une telle transition.

Prenons le cas fictif de Maya. Ça fait 7 ans qu’elle travaille avec Noémie.

À son arrivée dans l’équipe, cette dernière était déjà en poste. Elle a été une marraine exceptionnelle pour l’aider à s’intégrer dans l’entreprise et dans l’équipe.

Rapidement devenues copines. Elles ne se voyaient pas à l’extérieur du travail, mais partageaient tous leurs lunchs ensemble. Quand la météo le permettait, elles ne manquaient pas de profiter des rayons du soleil et faire le plein de vitamine D lors de leurs pauses.

Puis le glas a sonné : Noémie a accepté un emploi dans une autre entreprise. Elle ne pouvait pas refuser une telle augmentation de salaire.

Bien que Maya soit contente pour sa collègue, elle n’en éprouve pas moins une grande tristesse.

Peu de temps après son départ, le gestionnaire de la professionnelle lui confie son inquiétude. Il voit bien que Maya est affligée par l’absence de Noémie.

Afin de l’aider à traverser cette période trouble, il lui recommande de recourir au programme d’aide aux employés (PAE) offert par son employeur, ce que Maya fait.

Lors de la consultation, elle et le psychothérapeute déboulonnent les mythes suivants entourant la relation entre deux proches coéquipiers :

1. Un départ fait partie de la vie professionnelle, il n’y a donc pas de quoi en faire un plat.

2. Elles n’étaient pas vraiment des amies, mais de simples collègues.

3. Personne n’est irremplaçable. (C’est sûrement le plus coriace des mythes)

C’est la courbe adaptée du deuil qui lui a permis de mettre des mots sur les émotions qu’elle vivait.

 

Maya y a reconnu son propre cheminement :

1. Choc et dénis – refus de comprendre: Ici, la professionnelle avait espoir que sa collègue change d’idée. «Et si elle n’aimait pas son nouveau lieu de travail, ou même ses nouveaux collègues? Ce serait génial qu’elle revienne», s’est-elle dit.

2. Peur – résistance : Ensuite, elle a traversé une période d’incrédulité. «Je m’entendais si bien avec elle. On était complémentaires. Ce n’est vraiment pas juste», a-t-elle alors pensé.

3. Tristesse – décompression : Elle a par la suite bombardé son gestionnaire de questions, s’enquérant par exemple sur s’il avait essayé de la retenir avec une meilleure compensation salariale.

4. Résignation – acceptation : Puis, Maya a été envahie par une vive tristesse. Penaude, elle s’est demandé «À quoi ça sert de se faire des collègues de travail avec qui on s’entend bien?»

C’est à cette étape de son deuil qu’elle se trouve dorénavant. Son énergie augmente certes tranquillement, mais la satisfaction n’est pas encore au rendez-vous.

5. L’intégration – renouveau : Lorsqu’elle aura franchi ce jalon, elle pourra se dire qu’elle n’y peut rien, que Noémie a pris sa décision, et c’est pour le mieux. Maya sera fin prête à se préparer à travailler sans elle.

 

Épauler ses employés

Nombreux sont les gestes qu’un patron peut poser pour aider un employé particulièrement affecté par le départ de son amie. Il peut d’abord promptement reconnaître que ce sera difficile, et le guider en normalisant la période d’adaptation qui suivra.

Tout au long du deuil, il doit légitimer les émotions, notamment en faisant preuve de sensibilité lors des échanges réguliers. Il peut aussi impliquer l’employé endeuillé dans le processus de recrutement pour remplacer la personne qui a quitté l’organisation.

Un gestionnaire peut témoigner son support en faisant preuve de bienveillance, de flexibilité dans l’action et dans la qualité de sa présence.

On a tendance à minimiser, à sous-estimer, voire banaliser l’impact du départ d’une collègue de travail. Or, un employé sera reconnaissant d’avoir un gestionnaire qui a su le guider dans un moment difficile.

Et vous, qu’est-ce qui vous a aidé à faire le deuil d’une collègue de travail ?