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BLOGUE INVITÉ. Vous avez probablement déjà vu un tableau qui montre la différence entre un individu qui commence tôt, dans sa vie, à économiser pour sa retraite, et un autre qui commence plus tard. Mais attention à ces tableaux car ils peuvent receler un petit mensonge…
Ce genre de tableaux ressemble à ce qui suit :
La morale qui suit nous dit qu’il vaut mieux économiser pendant les 10 premières années de sa vie active que pendant les 38 dernières!
Bien que le principe fondamental de l’effet de l’intérêt composé favorise une épargne au début de la vie, il faut quand même « prendre son gaz égal »…
En quoi le tableau précédent est-il erroné ?
Premièrement, il illustre un taux de rendement de 7 % par année. Même si ce n’est pas impossible, si on veut être réaliste, dans le contexte actuel, c’est un peu audacieux. Les normes de l’Institut québécois de planification financière (IQPF) situent, selon certaines hypothèses -notamment de frais-, le rendement espéré d’un investisseur « moyen » autour de 4 % par année.
En corrigeant le tableau précédent, notre jeune prévoyant se fait rattraper, non pas à 77 ans (si vous aviez vu la suite du tableau) mais à 44 ans! On passe donc de 10 années de dépôt « prévoyants » à 17 années de dépôts « tardifs ».
Deuxièmement, on ne parle pas du sacrifice que l’épargne en bas âge nécessite. Quelqu’un qui commence à travailler sérieusement à l’âge de 25 ans parce qu’il a fait une maîtrise ou je ne sais quoi, aura beaucoup plus de difficulté à épargner un certain montant fixe au début qu’à la fin. Afin d’illustrer ce point, prenons l’exemple extrême où un individu a les mêmes capacités financières de l’âge de 18 ans à 65 ans.
Dans ce cas, il faudrait illustrer une épargne qui suit son augmentation de revenu au fil des années. L’IQPF préconise l’utilisation d’un taux de 1% supérieur à celui de l’inflation.
Prenons l’exemple d’une augmentation de salaire de 3 % par année. La première année, un dépôt de 1 000 $ serait fait. La deuxième année, ce serait 1 030 $ qui seraient déposés dans le compte. La troisième année, 1 061 $ et ainsi de suite.
À quel âge notre jeune prévoyant se fait-il rattraper ?
38 ans! … Surprise!
Les 10 dépôts ne prennent que 11 années à se faire rattraper. Autrement dit, c’est presque pareil…
À 38 ans!
Imaginez à 65 ans. Notre jeune prévoyant a 3 fois moins d’argent que l’autre (61 000 $ vs 183 000 $).
Imaginons, finalement que l’augmentation de revenu de notre jeune prévoyant est de 10 % par année pendant 10 ans et 3 % par la suite.
Le tableau devient une catastrophe pour notre prévoyant qui n’épargne plus après 10 ans. En effet, non seulement, l’économe tardif le rejoint en moins de 8 ans mais il accumule plus de 4 fois plus d’argent à 65 ans (354 000 $ vs 82 000 $).
Suis-je en train de dire qu’il faut attendre pour épargner ?
Pas du tout. Je dis qu’il est facile de vous faire peur avec des chiffres que vous ne contrôlez pas. Ne vous laissez pas endormir. Essayez de faire vos tableaux vous-même (sur Excel ou autre). Vous aurez ainsi l’heure juste et paniquerez peut-être un peu moins lorsqu’on vous dira que vous êtes « en retard » pour votre retraite.
En fait, un plan intelligent est un plan qui vous fait accumuler suffisamment d’argent pour votre retraite SELON VOTRE CAPACITÉ D’ÉPARGNE au fil des ans. Point.
Vive les tableaux!