Les personnes atteintes de TDAH sont trois fois plus susceptibles de posséder leur propre entreprise. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Qu’ont en commun le magnat des affaires Sir Richard Branson, le fondateur d’Ikea Ingvar Kamprad ou encore Bill Gates de Microsoft? Eh bien, en plus d’avoir créé des entreprises hors du commun, ils ont tous un TDAH (trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention), et, comme beaucoup d’autres entrepreneurs, ils vous diront même qu’ils réussissent en grande partie grâce à leurs symptômes de TDAH.
Qu’est-ce que le TDAH?
«Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental, présentant ses propres forces et défis. En termes simples, les cerveaux du TDAH fonctionnent différemment des cerveaux neurotypiques, plutôt que nécessairement ‘mieux’ ou ‘pire’. Le TDAH se caractérise par des symptômes d’inattention, d’impulsivité et d’hyperactivité affichés dans plusieurs environnements tels que le travail, l’école ou la vie à la maison, et ces traits peuvent causer des problèmes aux personnes présentant des symptômes de TDAH dans ces environnements.»
– Tiré du livre JM les TDAH 1
À une époque où les professionnel(le)s de la santé prescrivent de manière excessive des stimulants comme le Ritalin, éliminant ainsi les soi-disant «symptômes» du TDAH, il convient de noter que certaines des caractéristiques les plus courantes de ce trait: créativité, multitâches, prise de risque, haute énergie et même résilience – sont, en fait, des atouts lorsqu’ils sont mis à profit de la bonne manière et dans la bonne carrière.
C’est pourquoi tant de performants de haut niveau commencent à adopter publiquement leur diagnostic de TDAH. Plus près de nous, qu’on pense à Étienne Crevier, ancien PDG de Biogeniq qui a partagé son histoire dans mon livre «JM les TDAH» ou encore François Lambert qui en a parlé ouvertement lors de l’émission Big Brothers Célébrités.
Malheureusement, dans notre culture surdiagnostiquée et sur-médicamentée, nous choisissons de nous concentrer uniquement sur les aspects négatifs du TDAH, qui incluent la procrastination, l’incapacité de se concentrer, l’oubli, la désorganisation et la distraction facile.
Il faut toutefois voir l’envers du décor: les TDAH sont souvent à leur meilleur en mode crise, multitâches, et s’associent librement pour parvenir intuitivement à une solution. De plus, bien qu’il soit difficile pour eux de maintenir leur attention et de persévérer dans des tâches qui ne les intéressent pas, les personnes avec un TDAH possèdent la capacité de s’engager dans un état connu sous le nom de l’hyperfocalisation, qui se définit comme étant la capacité de maintenir des niveaux d’intensité rares et de se concentrer sur des activités et des projets qui captent leur intérêt.
Comme l’hyperfocus se présente lorsqu’une personne est passionnée ou intéressée par un sujet particulier, son enthousiasme contagieux peut aider les entrepreneurs atteints de TDAH à susciter l’intérêt et le buzz à propos de leur entreprise – ce qui est utile lors d’une présentation aux investisseurs ou de la commercialisation de leurs produits.
Pour ma part, si on m’offrait d’être «normal» plutôt que de continuer à avoir mon TDAH, mon choix serait clair: je reste avec le TDAH! Cela me permet de mener simultanément plusieurs projets de front en plus d’utiliser le pouvoir de l’hyperfocus lorsque je dois accomplir des tâches complexes à forte valeur ajoutée. Pour être franc, je ne pense pas que je serais où j’en suis aujourd’hui sans ce trait de caractère.
C’est probablement pour cette raison que plusieurs recherches suggèrent que la tendance à devenir un travailleur autonome ou un entrepreneur prédomine chez les personnes qui ont un TDAH. Une étude de l’Université de Chypre a révélé un lien génétique entre une variation du gène du récepteur de la dopamine associée au TDAH et la tendance à être un entrepreneur.
Goût du risque
La recherche de sensations fortes, courante dans le TDAH, est plus fréquente chez les entrepreneurs que dans la population en général et différents rapports renforcent ce point, affirmant que les personnes atteintes de TDAH sont trois fois plus susceptibles de posséder leur propre entreprise.
L’entrepreneuriat correspond parfaitement au besoin de stimulation du TDAH et à une volonté de prendre des risques. En effet, l’impulsivité, l’urgence et la recherche de sensations sont tous des traits compatibles avec le TDAH et l’esprit entrepreneurial. Les personnes atteintes de TDAH sont motivées par un sentiment d’urgence et fonctionnent souvent très bien lorsqu’elles sont engagées en mode «crise» , ce qui leur donne la capacité d’évaluer et d’agir rapidement dans des situations où les individus neurotypiques peuvent souvent paniquer et «geler».
L’impulsivité, quant à elle, peut également être un avantage distinct dans l’entrepreneuriat, car elle indique une tendance à prendre des risques élevés face à l’incertitude, ce qui entraîne des taux de croissance plus élevés et des réalisations innovantes au sein d’une entreprise.
Les entrepreneur(e)s TDAH sont également créatifs, avec une grande énergie et une capacité à se concentrer sur quelque chose qu’ils trouvent naturellement intéressant. Cela leur donne la possibilité de passer un temps illimité à accomplir toute tâche nécessaire pour faire passer leur entreprise au prochain niveau. Ils et elles prospèrent sous la pression!
En bref, le TDAH (qu’il soit soupçonné ou diagnostiqué) n’est pas du tout un obstacle à la réussite en tant qu’entrepreneur(e), nous devons simplement apprendre à négocier avec lui et en tirer le meilleur.
Considérez ceci comme une invitation officielle à faire savoir au monde comment il peut bénéficier d’un cerveau TDAH comme le vôtre et à encourager la prochaine génération, trop souvent découragée par le système scolaire et les préjugés. Faites-leur savoir qu’eux et elles aussi ont quelque chose de formidable à offrir à la société et que le diagnostic de TDAH n’est pas du tout une malédiction, c’est même souvent une bénédiction.