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Nicolas Duvernois

Chronique d'un entrepreneur

Nicolas Duvernois

Expert(e) invité(e)

Tourisme Québec: tous à vélo!

Nicolas Duvernois|Publié le 13 septembre 2022

Tourisme Québec: tous à vélo!

Le Tour de France, avec plus de 3000 km, est disputé sur 21 étapes et diffusé dans plus de 190 pays. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Il y a plusieurs années, mon père m’a soulevé lors d’une discussion qu’il ne comprenait pas pourquoi le Québec, via ses initiatives touristiques, n’était pas encore commanditaire d’une équipe évoluant dans le World Tour, le plus haut niveau du cyclisme sur route.

Véritable maniaque du vélo, mon père m’amenait dès mon plus jeune âge supporter les athlètes aux Mardis cyclistes de Lachine ainsi qu’à différentes éditions du Grand prix des Amériques, disputé à Montréal à la fin des années 80.

Je garde de superbes souvenirs des jours précédant les courses, où, avec mon père, nous nous rendions dans le lobby des hôtels du centre-ville de Montréal pour compiler les autographes de nos idoles dans un petit cahier. Steve Bauer, Greg LeMond, Charly Mottet, Laurent Jalabert et j’en passe. Pour tout vous dire, bien que c’était moi qui demandais les autographes, je vous confirme que c’était mon père le plus excité de les avoir!

Au fil des années, j’ai également eu le bonheur de vivre avec lui quelques étapes du mythique Tour de France et de réaliser à quel point ce sport avait une portée mondiale. Au Québec, certainement à cause de mère Nature, le cyclisme sur route n’a pas toujours été le sport de prédilection. Cependant, grâce à d’irréductibles Gaulois bien souvent fraîchement débarqués de France ou d’Italie, il a graduellement fait sa place.

Vers la fin du 19e siècle, le célèbre commerçant et conseiller municipal de Québec Cyrille Duquet devint le tout premier champion de vélocipède de Québec.

Presque un siècle plus tard, soit en 1978, c’était au tour de Louis Garneau de marquer l’histoire du cyclisme québécois en décrochant le titre de champion canadien.

C’est au tournant de l’an 2000 qu’un virage s’effectue, culminant avec la toute première participation d’un natif du Québec, David Veilleux, au Tour de France de 2013.

Pour mettre en contexte l’immensité de cette course légendaire, qui vient de célébrer sa 119e édition, voici quelques chiffres qui vous surprendront très certainement.

Savez-vous que la course de plus de 3000 km, disputée sur 21 étapes, est diffusée dans plus de 190 pays, et que près de 150 millions de téléspectateurs ont passé 715 millions d’heures à la regarder en Europe?

Que plus de 10 millions de spectateurs (presque 600 fois la capacité du Centre Bell) assistent, chaque année, au bord des routes aux exploits et que le cumul des audiences des trois semaines de course totalise, selon les organisateurs, plus de 3,5 milliards de téléspectateurs… soit l’équivalent de 30 Superbowl?

J’ai repensé à la discussion que j’avais eue avec mon père lorsqu’en mars dernier, lors du dévoilement du budget provincial, une enveloppe de plus d’un demi-milliard a été réservée à la relance du tourisme et de la culture.

Dimanche, en encourageant les cyclistes qui grimpaient la voie Camillien-Houde presque aussi facilement que moi en voiture, j’ai repensé à cette idée. Qu’attendons-nous pour avoir une équipe faisant la promotion du Québec sur le World Tour?

Parmi les 18 équipes évoluant à ce niveau, plusieurs ont déjà flairé la bonne affaire. Astana Qazaqstan, Bahreïn Victorious, UAE Team Emirates et Israel — Premier Tech, pour ne nommer que celles-ci, sont toutes des équipes ayant comme partenaires des villes ou pays du monde. De plus, je me permets de souligner que Premier Tech est un fleuron de… Rivière-du-Loup!

Maintenant que nous connaissons les faits et comprenons le potentiel de partenariat exceptionnel que représente une collaboration avec l’une de ces équipes, la question monétaire se pose.

Combien devrions-nous débourser pour avoir le mot Québec bien visible sur le maillot jaune du prochain vainqueur de la Grande Boucle, défilant devant des centaines de millions d’amateurs de vélo avenue des Champs-Élysées? Les amis… à peine quelques dollars de plus que le salaire annuel de Carey Price!

Oui, vous m’avez bien compris. Maintenant que vous êtes tous tombés en bas de votre chaise, je vous annonce que nous sommes à des années-lumière du budget de commandites de plusieurs autres équipes sportives. Cette année, c’est l’équipe Ineos qui dispose du plus important budget, soit environ 50 millions d’euros, l’équivalent du salaire annuel du joueur de la NBA, Lebron James.

Pour les autres, les budgets tournent en moyenne entre 10 et 20 millions d’euros. En sachant que plusieurs entreprises commanditent une seule équipe, le Québec pourrait très (très) facilement se permettre d’être le commanditaire principal (pourquoi pas en collaboration avec des entreprises d’ici tels Bombardier, Premier-Tech, Circle K… et même Pur Vodka!) d’une équipe du World Tour.

Avec les récents succès de plusieurs cyclistes québécois sur les circuits professionnels, l’engouement pour le sport sur les routes de la province, les milliards d’audiences cumulées lors de la diffusion du Tour de France, mais aussi de plusieurs autres courses, la promotion du sport et de l’activité physique par le gouvernement, l’adoption du vélo comme moyen de transport écologique, combinés au retour sur investissement exceptionnel pour l’image du Québec à travers la planète: il est plus que temps pour Tourisme Québec de se mettre à vélo!