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Tout baigne pour le Groupe Océan

Maxime Bilodeau|Édition de la mi‑mars 2024

Tout baigne pour le Groupe Océan

Le parc industriel Ludger-Simard de Sorel-Tracy cochait toutes les cases pour Groupe Océan. (Photo: courtoisie)

PARCS INDUSTRIELS. L’entreprise maritime, qui emploie 1100 personnes au Québec, au Canada et dans les Caraïbes, a trouvé chaussure à son pied dans un parc industriel de Sorel-Tracy.

Possibilité de traiter des matières résiduelles dangereuses. Proximité du réseau ferroviaire du CN et de l’autoroute 30. Et, surtout, accès à des quais en eaux peu profondes à un jet de pierre du fleuve Saint-Laurent. Le parc industriel Ludger-Simard de Sorel-Tracy cochait toutes les cases pour Groupe Océan. L’entreprise maritime cherchait en effet depuis quelques années à centraliser ses activités d’entretien, de réparation, de déconstruction, d’entreposage et de répartition de barges pour le Québec.

C’est désormais chose faite. À la fin 2023, le fleuron de l’entrepreneuriat québécois a déménagé sa filiale spécialisée en travaux maritimes là où, autrefois, se trouvait le chantier naval de Marine Industries. Une décision mûrement réfléchie, raconte Philippe Filion, directeur des affaires publiques et corporatives de Groupe Océan. « Nous discutions du projet avec la Société des parcs industriels Sorel-Tracy (SPIST) depuis deux ans, révèle-t-il. Être éparpillé aux quatre coins de la province devenait problématique. »

 

Site stratégique

Il faut dire que les sites industriels en bordure d’eau sont de plus en plus rares. Avec l’inclusion de la Davie dans la Stratégie nationale de construction navale et Avantage Saint-Laurent, la stratégie maritime du gouvernement du Québec, ils sont pourtant recherchés. « Le plus important pour nous a été la présence d’une rampe de mise à l’eau [qui donne sur la rivière Richelieu], indique Philippe Filion. C’est crucial pour ce volet de nos activités. »

L’absence de contraintes en matière environnementale a aussi pesé dans la balance. « Dans le passé, nous avons eu des soucis par rapport à la protection de certaines espèces menacées à notre site de L’Ange-Gardien, près de Québec », illustre-t-il. La population de bar rayé du Saint-Laurent préoccupe par exemple le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, qui le considère en voie de disparition. « Morone saxatilis » avait été réintroduit dans le fleuve en 2002 après en être disparu dans les années 1960.

« On le voit avec Northvolt : le public réclame une évaluation environnementale du mégaprojet, ce qui traduit une faible acceptabilité sociale. Chez nous, les installations existent déjà et, mieux encore, la population adhère à la relance de l’industrie navale », affirme David Plasse, directeur général de Développement économique Pierre-De Saurel. Marine Industries a fait la fierté des Sorelois pendant longtemps, employant jusqu’à 10 000 personnes, avant de fermer ses portes en 1991.

Nancy Annie Léveillée, directrice de la SPIST, a vu l’entreprise péricliter au fil des années précédentes. L’arrivée de Groupe Océan à Sorel-Tracy signifie donc beaucoup pour elle. « La compatibilité est parfaite, car l’entreprise disposait déjà d’installations de remorquage portuaire dans la région, se réjouit-elle. De plus, l’édifice de 55 000 pieds carrés où elle emménage est assez neuf (il avait été rénové en 2013 pour y accueillir un atelier de la multinationale française Alstom, qui a depuis fermé ses portes). »

 

Secteur en croissance

Pour Groupe Océan, cette décision d’affaires cristallise un désir de développer son offre de travaux maritimes et de dragages. Dans la dernière décennie, l’entreprise maritime a participé au chantier du nouveau pont Champlain, notamment en ce qui a trait à la livraison de pièces surdimensionnées requises pour sa construction. Plus récemment, elle a aussi contribué au démantèlement de l’ancienne structure, une tâche qui a nécessité d’opérer des barges sur la voie maritime.

La proximité avec la métropole est aussi intéressante pour l’accès à un plus grand bassin de main-d’œuvre, car « comme partout ailleurs, nous avons des postes à pourvoir », souligne Philippe Filion. La restructuration d’une partie des activités de Groupe Océan à Sorel-Tracy créera une vingtaine de nouveaux emplois d’ici les deux prochaines années. L’entreprise pourrait y développer de nouveaux créneaux « selon les futurs avis d’appel d’offres du gouvernement du Canada ».

Le projet de zone industrialo-portuaire de Sorel-Tracy, un site de plus de six millions de pieds carrés situé en bordure du fleuve Saint-Laurent, facilitera vraisemblablement l’établissement d’autres joueurs de l’industrie navale au pays du Survenant dans les prochaines années. D’autant plus que c’est là que se concentrent les rares terrains industriels encore disponibles sur la Rive-Sud de Montréal. –