Alors que le Québec retourne en confinement généralisé, je ne peux m’empêcher de penser à l’impact encore plus grand que cela pourrait avoir sur la situation professionnelle de groupes sous-représentés. (Photo: RF._.studio pour Pexels)
BLOGUE INVITÉ. Commencer une nouvelle année est généralement synonyme de bonheur, de motivation et d’ouverture face à l’inconnu. Les plus optimistes se fixent des objectifs et espèrent ces changements souhaités. Parfois, certains changements nous sont imposés ; en temps de pandémie, nous sommes collectivement servis en ce sens depuis 10 mois.
Les entreprises se fixent elles aussi des objectifs en préparant le retour au bureau du début d’année. Mais, avec la situation actuelle, cette planification vole en éclats. Janvier signe la prolongation du télétravail pour plusieurs professionnel(le)s qui avaient pourtant hâte de revoir leurs collègues, clients, et même bureaux.
Même si, pour la plupart, nous nous sommes habitués à ce « nouveau normal » qu’est le cocktail COVID-19 + confinement + couvre-feu, l’hiver s’annonce tout de même amer. C’est qu’au cours des derniers mois, nous en avons déjà eu un avant-goût et que le constat est sans équivoque : la pandémie affecte plus durement les femmes, les minorités et les jeunes.
D’une part, ces groupes contractent (ceteris paribus) le virus en plus grand nombre. D’autre part, les impacts du confinement ont été plus durs pour eux. Les femmes, par exemple, ont été plus nombreuses à perdre leur emploi et à devoir faire du télétravail, donc à être à la maison pour accomplir les tâches domestiques et familiales. La difficulté de tout concilier a même poussé certaines à quitter leur emploi.
La situation des minorités visibles s’est également détériorée, la précarité sociale et économique de certains s’étant considérablement accentuée. D’ailleurs, 49 % des Montréalais racisés avancent que la pandémie a causé une perte d’emploi au sein de leur foyer (contre 31 % des Montréalais blancs).
Chez les jeunes, les pertes d’emploi – surtout à temps partiel – sont aussi plus importantes que chez d’autres groupes sociaux. Rien qu’en décembre 2020, il y a eu une détérioration de la situation de l’emploi au pays, avec un recul trois fois plus important que les prévisions des économistes.
Alors que le Québec retourne en confinement généralisé, je ne peux m’empêcher de penser à l’impact encore plus grand que cela pourrait avoir sur la situation professionnelle de groupes sous-représentés.
Cependant, il faut se rappeler que tout recommencer ne veut pas dire tout oublier. En ce sens, je trouve important de poursuivre les réflexions et efforts entourant la relance économique, surtout après les constats et apprentissages des derniers mois. D’ailleurs, l’automne dernier, sur plusieurs tribunes d’affaires, on osait parler de « relance inclusive ». Une notion essentielle, selon moi, pour améliorer la culture au sein de nos entreprises, et qu’il faut porter au-delà de vœux pieux.
Même si plusieurs résolutions sont déjà révolues, n’oublions pas celle-là.
J’interpelle donc les employeurs et les gestionnaires, mais également les professionnel(le)s, à faire plus de place à ces groupes que l’on voit encore moins dans un contexte de télétravail.
Je termine en soulignant que le titre de cet article est inspiré par ma chanson du moment, « Tout recommencer », dévoilée début décembre par l’organisme Hoodstock, de Montréal-Nord, qui met en vedette plusieurs artistes de renom. Le vidéoclip, coréalisé par Will Prosper et Carlos Guerra, vaut certainement un coup d’œil.