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Dominic Gagnon

Innovation entrepreneuriale

Dominic Gagnon

Expert(e) invité(e)

Toutes les idées sont mauvaises!

Dominic Gagnon|Publié le 26 octobre 2023

Toutes les idées sont mauvaises!

(Photo: Frederick Medina pour Unsplash.com)

EXPERT INVITÉ. Savez-vous quel conseil souvent véhiculé est complètement faux selon moi? Le fait qu’il «n’y a pas de mauvaises idées». En réalité, je propose une perspective complètement différente: toutes les idées sont mauvaises à leur commencement. Cela peut sembler contre-intuitif, voire décourageant, mais cette compréhension peut en fait être la clé de l’innovation et du succès.

Penser qu’il n’y a pas de mauvaises idées est non seulement incorrect, mais aussi dangereux… Parce qu’en supposant que toutes les idées sont bonnes, cela encourage des centaines d’heures d’efforts inutiles à étudier le problème, à rédiger des plans, à constituer des groupes de travail, etc. – le tout sans aucun retour du monde réel quant à savoir si c’est réellement une bonne idée ou non.

 

Tout le monde déteste les mauvaises idées

Les peintres grincent des dents devant leur toile lorsqu’ils sont confrontés à la preuve que ce qui semblait être une idée brillante était en fait une mauvaise idée. Les écrivains jettent leur brouillon l’un après l’autre dans le bac de recyclage (virtuel), soupirant, frustrés, se demandant si leurs mots les mèneront un jour à cette bonne idée qu’ils pensaient avoir. Les investisseurs trient les nombreuses présentations de start-ups qui remplissent leur boîte de réception et examinent argumentaire après argumentaire, constatant les défauts de la 10e itération d’une start-up qui essaie de devenir l’Uber de quelque chose!

En fait, nous devrions partir avec le postulat que toutes les idées sont mauvaises, car les mauvaises idées sont essentielles pour développer de bonnes idées. Si vous pensez que votre idée est bonne, vous ne mettrez pas les efforts nécessaires à la questionner et l’amener plus loin. 

 

Les mauvaises idées sont essentielles pour développer les bonnes

L’histoire est remplie d’exemples où ce qui a commencé comme une «mauvaise» idée est devenu quelque chose d’extraordinaire grâce à l’itération et l’amélioration.

Prenons l’exemple de Picasso. Au départ, ses peintures n’étaient pas reconnaissables comme étant des Picasso. On pourrait même dire que ce n’était pas du grand art. En revanche, son «mauvais» travail l’a aidé à développer les compétences et la maîtrise qui l’ont conduit à son succès, y compris le style personnel dont nous nous souvenons aujourd’hui et qui en fait l’un des artistes les plus reconnus mondialement. C’est le même scénario pour James Dyson qui a créé 5 127 prototypes sur 15 ans avant de perfectionner son aspirateur révolutionnaire ou les fondateurs de Twitter qui ont commencé avec une plateforme de podcasting médiocre avant de pivoter pour devenir un géant des médias sociaux.

Les mauvaises idées constituent une partie essentielle du processus de développement des bonnes idées. Notre travail en tant qu’entrepreneurs consiste à prendre ces (mauvaises) idées et à trouver un moyen rapide et facile de découvrir pourquoi elles sont mauvaises. C’est la seule façon de commencer le processus de tests et d’itérations qui, si nous avons de la chance, nous mèneront finalement à quelque chose qui fonctionne.

C’est aussi ce que pense Paul Graham, fondateur et investisseur de l’accélérateur Y Combinator: «les meilleures idées de start-ups semblent au premier abord comme de mauvaises idées. Nous sommes tous d’accord sur le fait que nous ne voulons pas finir par investir toutes nos économies dans une idée qui semblait mauvaise depuis le début et qui finit par se révéler mauvaise comme prévu. Mais la réalité est que les bonnes idées qui semblent mauvaises au début, mais qui finissent par être bonnes sont des mines d’or».

Pour ma part, je ne peux pas penser à une seule entreprise prospère qui a réussi du premier coup avec son idée originale. À chaque reprise, cette idée n’était qu’un point de départ, une étincelle. Ils ont pris cette première idée, ont trouvé un moyen peu coûteux et efficace de la tester, ont observé les résultats puis ont ajusté leur approche. Et souvent ce processus s’étend sur des années.

 

Quelqu’un l’aurait déjà fait!

Comme le mentionne Paul Graham, «si une bonne idée était réellement si bonne quelqu’un d’autre l’aurait déjà fait». C’est probablement pour cette raison que les fondateurs les plus performants ont tendance à travailler sur des idées dont peu d’entre eux réalisent qu’elles sont bonnes.

De plus, entreprendre est déjà assez difficile, cela pourrait donc être un réel avantage de se lancer dans un environnement où il y a moins de concurrence. Les entreprises basées sur des idées manifestement bonnes (ou logique) attireront beaucoup de talents et de capitaux. Le seul problème est que toutes les autres personnes intelligentes ont reçu le même mémo. Et elles sont toutes ensemble dans la même ruée vers l’or.

Le résultat? Les bonnes idées créent un environnement qui devient rapidement surpeuplé (compétitif), ce qu’on appelle aussi l’océan rouge. Bref, ce qui était initialement une superbe idée va rapidement se transformer en une compétition pour savoir qui a les poches les plus profondes et peut-être même les meilleurs avocats.

 

Redéfinir le concept de mauvaise idée

Accepter que toutes les idées soient initialement mauvaises (ou incomplètes) favorise, selon moi, une culture d’innovation et de résilience. Cela encourage la prise de risques, l’expérimentation et l’apprentissage continu. Dans notre monde hyperconnecté, obtenir des retours du monde réel est plus facile que jamais permettant une itération rapide cruciale pour le succès.

La plupart des entrepreneurs ne changent pas d’idées chaque fois qu’ils reçoivent un refus ou un commentaire négatif, au contraire, cela les pousse à aller plus loin. Vous devez simplement faire attention: certaines mauvaises idées sont réellement mauvaises et ne vont pas se transformer en or malgré votre acharnement. En revanche, cette mauvaise idée de départ restera évidemment mauvaise si vous ne poussez pas plus loin la réflexion et l’investigation.

En fin de compte, la clé est de reconsidérer notre définition d’une «mauvaise» idée. Plutôt que de la voir comme un échec, nous devrions la voir comme une étape nécessaire sur le chemin du succès. Comme Thomas Edison l’a dit: «je n’ai pas échoué. J’ai juste trouvé 10 000 façons qui ne fonctionnent pas.» Et c’est cette persévérance qui mène à la véritable innovation.