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Dominique Beauchamp

La Sentinelle de la Bourse

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Analyse de la rédaction

Trois placements à contre-courant pour 2020

Dominique Beauchamp|Publié le 14 Décembre 2019

Trois placements à contre-courant pour 2020

Photo: 123RF

Comme il le fait depuis sept ans, Martin Roberge de Canaccord Genuity revient à la charge avec ses trois suggestions de placements à contre-courant pour 2020.

Depuis 2012, le stratège quantitatif propose trois thèmes à contresens qu’il greffe à sa stratégie de base qui consiste à se déplacer tactiquement d’un secteur à l’autre en fonction d’indicateurs quantitatifs. 

Ces idées anti-conformistes visent la périphérie des portefeuilles déjà bien diversifiés que gèrent les investisseurs institutionnels. Elles visent à mettre à profit son approche quantitative.

Les choix se font le plus souvent dans les secteurs boudés ou sous-évalués susceptibles de s’apprécier plus que la Bourse. Cette combinaison offre un bon rapport risque-rendement.

Depuis 2012, ces propositions à contrepoil ont procuré un rendement moyen de 14,2%.

En 2019, deux des choix ont donné des rendements positifs, mais le troisième a été déficitaire. 

Les titres américains de biotechnologie ont gagné 9,9% et les constructeurs américains de maisons ont rebondi de 37,1%. Cela se compare au gain de 26,3% du S&P 500.

Par contre, les producteurs canadiens de métaux de base n’ont pas donné la performance qu’on attend d’eux lorsque le cycle économique est avancé. Ils ont décliné de 20,8% malgré leur évaluation d’aubaine en janvier 2019. Le S&P/TSX a avancé de 18,7% à ce jour en 2019.

Le contexte

Dans l’environnement actuel, le stratège quantitatif et son équipe ont sélectionné trois industries peu tributaires de la conjoncture, car l’économie et les bénéfices seront moins reluisants en 2020 que ne croit le consensus.

Les trois secteurs proposés s’échangent à une évaluation inférieure à celle du marché alors que les perspectives de croissance des bénéfices sont meilleures que celles des indices boursiers.

«Si notre scénario de profits stables ou légèrement à la baisse pour 2020 s’avère juste, il est préférable de détenir des placements offrant un certaine marge de sécurité», explique-t-il.

1 – Le secteur américain de la santé

Ce secteur performe bien habituellement en fin de cycle de économique, mais les pressions politiques sur cette industrie ont tempéré ce phénomène en 2019.

Bien que le secteur ait gagné 15% en 2019, il est en retard de 11% par rapport au S&P 500.. 

Pourtant, la croissance prévue de 9% des bénéfices en 2020 coiffe celle des dix autres secteurs de cet indice. 

Qui plus est, les flux de trésorerie disponibles de l’industrie ont crû de 11% alors que ceux du S&P 500 ont décliné de 4%, en 2019, précise le stratège.

Ce décalage accroît les chances de voir les fusions et les acquisitions se poursuivre et les rachats d’actions se multiplier, en 2020.

Le secteur a pris du poil de la bête au quatrième trimestre de 2019 et ce rattrapage devrait se poursuivre particulièrement en début d’année parce que l’économie mondiale et les profits seront encore au ralenti, dit-il.

Plus fondamentalement, l’industrie a devancé les pressions gouvernementales qui visent à réduire les dépenses en santé en réduisant ses coûts. 

Les dépenses salariales du secteur baissent plus vite (3,2%) que la hausse globale des prix (1,6%) ce qui est de bon augure pour les marges futures de cette industrie intensive en main-d’oeuvre. 

En même temps, divers indicateurs montrent que la demande augmente pour les produits de santé tant aux États-Unis qu’à l’étranger. «Il semble que les médicaments soient à l’abri des tensions commerciales», note aussi M. Roberge.

Le secteur de la santé se négocie rarement à prix d’aubaine, mais son évaluation de 15,9 fois les bénéfices attendus dans 12 mois est tout de même de 12% inférieure au multiple de 18 fois du S&P 500. 

En bref, les attributs prudents de l’industrie et la croissance supérieure des bénéfices sur une base comparative devraient contrer le risque politique.

M. Roberge suggère le fonds négocié en Bourse Health Care Select Sector SPDR Fund (XLV, 100,88$US) et liste aussi les cinq poids lourds de l’industrie dans le S&P 500, Johnson& Johnson (JNJ, 141,22$US), UnitedHealth Group (UNH, 285,12$US), Merck & Co. (MRK, 89,05$US), Pfizer (PFE, 38,15$US) et Abbott (ABT, 86,58$US)

2 – Le secteur américain de l’aérospatiale

Ce choix repose sur trois piliers: des perspectives bien visibles pour la croissance des bénéfices, le rebond des dépenses en capital des compagnies aériennes et une évaluation jugée raisonnable.

La remontée des devises des pays émergents facilite les commandes des compagnies aériennes de ces régions, mais ce n’est pas suffisant en soit pour relever les prix de vente des fabricants.

Le pari n’est pas sans risques néanmoins étant donné les déboires de l’appareil 737 MAX de Boeing (BA, 341,67$US) dont la sécurité ne satisfait pas encore les autorités.

«Une fois que le 737 MAX pourra voler à nouveau, les carnets de commandes devraient se regarnir et déclencher un nouveau cycle d’expéditions», évoque M. Roberge. 

Le secteur a historiquement surpassé le marché par 12% en moyenne lors des douze mois après le plancher des expéditions aérospatiales (60% du temps).

L’industrie a aussi tendance à être l’une des premières à s’apprécier (de 12% en moyenne) après la contraction de l’indice manufacturier ISM.

Bien que les stocks élevés d’appareils soient un facteur à surveillerde près, la croissance prévue de presque 10% des bénéfices reste supérieure à la stabilité que prévoit M. Roberge pour les profits du S&P 500 tandis que le secteur aérospatial est 10% moins chèrement évalué que l’indice.  

M. Roberge suggère le fonds négocié en Bourse iShares Dow Jones U.S. Aerospace & Defense Fund (ITA, 227,29$US) et énumère les cinq plus gros acteurs de l’industrie Boeing, United Technologies (UTX, 148,90$US), Lockheed Martin (LMT, 385,77$US), Raytheon (RTN, 217,66$US) et Northrop Grumman (NOC, 344,56$US).

3 – Les pipelines canadiens

La sélection de ce secteur est vraiment à contresens puisque nombreux sont ceux qui jugent que ces titres sont trop chers ou que les entreprises sont trop endettées.

Un peu de recul suggère pourtant que l’opposition à la construction de nouveaux oléoducs et gazoducs donne plus de valeur et de pouvoir de négociation aux opérateurs existants, à court terme.

En même temps, l’appétit des raffineries américaines pour le pétrole canadien bon marché devrait croître, car une part croissance de la production américaine du bassin Permien est expédiée sur les marchés d’exportation où les cours sont plus élevés.

Pour le gaz naturel, une autre dynamique entre en jeu. Lorsque les cours de ce carburant baissent, les producteurs américains réduisent leur production, ce qui augmente les importations de gaz canadien.

L’endettement élevé des exploitants de pipelines n’est plus un souci parce qu’ils ont nettement réduit le niveau de leur dette depuis 2016. Le ratio qui compare la dette au bénéfice d’exploitation a fondu de 10 fois à moins de 5 fois, depuis trois ans.

Les attributs «défensifs» des pipelines et leurs bénéfices solides seront attrayants si la trajectoire de l’économie et des profits déçoive en 2020, comme le stratège l’appréhende. 

Si son scénario s’avère juste, les taux modérés continueront aussi à soutenir les titres appréciés pour leurs dividendes.

À cet égard, les pipelines sont aussi moins chèrement évalués en Bourse que tous les autres industries achetées pour leurs dividendes élevés, soit les fournisseurs d’électricité, les fonds immobiliers à capital fermé (FPI ou REITs) et les fournisseurs de télécommunications.

Dans l’ordre, les cinq acteurs principaux sont Enbridge (ENB, 50,51$), TC Pipelines (TC, 67,42$), Pembina Pipeline (PPL, 47,12$), Inter Pipeline (IPL, 22,42$) et Keyera (KEY, 33,60$).