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Dominique Beauchamp

La Sentinelle de la Bourse

Dominique Beauchamp

Analyse de la rédaction

Trois secteurs à contre-courant à explorer pour 2023

Dominique Beauchamp|Édition de la mi‑Décembre 2022

Trois secteurs à contre-courant à explorer pour 2023

(Photo: 123RF)

ANALYSE. Si l’on se fie aux perspectives de placements pour 2023 diffusées ces jours-ci, tous les scénarios sont sur la table l’an prochain, car la trajectoire de l’économie, de l’inflation et des taux ne s’est pas tant éclaircie.

Résultat, les cibles des stratèges pour les Bourses divergent énormément et plusieurs présentent même des bornes minimales et maximales pour les indices afin de parer à toute éventualité.

 

Des secteurs malaimés à considérer

Depuis 2012, Martin Roberge, stratège quantitatif à Canaccord Genuity, propose trois thèmes d’investissements à contre-courant en complément à sa stratégie principale de portefeuille.

Les trois thèmes visent à faire profiter ses clients du système d’analyse quantitative d’indicateurs financiers, économiques et sectoriels et à procurer un rendement additionnel à un portefeuille déjà bien diversifié.

«Ces recommandations s’adressent aux gestion-naires de type valeur qui recherchent constamment les aubaines et de nouvelles idées. Souvent, ces gestionnaires connaissent bien les sociétés, mais ils ne sont pas nécessairement à jour en ce qui concerne les variables fondamentales de chaque industrie», explique le stratège.

La cuvée de 2022 a donné des résultats partagés:le secteur américain de la santé s’est apprécié de 9 % et celui des fabricants de produits de consommation personnels a gagné 3,7 %. Celui des fabricants d’automobiles et de pièces a toutefois flanché de 23,4 %. Voici les trois thèmes proposés pour 2023 et les fonds négociés en Bourse correspondants.

 

1. Les transporteurs aériens américains (JETS, 18,70 $US)

L’industrie aérienne s’est relevée en Bourse depuis la pandémie, mais son recul de 16 % depuis trois ans reste décevant.

Les compagnies aériennes pourraient toutefois surprendre en 2023 parce que la demande refoulée reste forte au moment où la capacité de vol est encore 15% inférieure à celle de 2019.

Cette rare combinaison place les transporteurs dans une bonne posture pour maintenir ou augmenter le prix des sièges, en même temps que les coûts de main-d’oeuvre se stabilisent. Le cours du carburant aérien a aussi baissé de 46% depuis son plus récent sommet.

«Si nous avons raison de croire que la fatigue pandémique favorise encore les voyages, l’industrie pourrait traverser la récession de 2023 sans trop de heurts», fait-il valoir. Les projets de voyage à l’étranger cet été par les ménages américains fracassent des records, en partie en raison de la dépréciation de l’euro par rapport au dollar américain.

De plus, «l’évaluation actuelle des transporteurs aériens est encore inférieure à la moyenne historique, ce qui procure aussi une certaine marge de sécurité aux investisseurs», renchérit le stratège quantitatif.

 

2. Les équipementiers médicaux (IHI, 51,85$US)

Contrairement aux attentes, le rétablissement des procédures médicales après la pandémie n’a pas soulevé le secteur des fabricants de lits d’hôpi-taux, de dispositifs médicaux ou d’implants orthopédiques.

L’industrie a perdu 21,6 % en 2022, plus que la baisse de 14,5 % du S&P 500, en raison de l’appréciation du dollar américain, des confinements chinois et des problèmes d’approvisionnement et de main-d’oeuvre. Martin Roberge croit que l’industrie prendra du mieux à mesure que les hôpitaux rattraperont les procédures retardées, après la vague saisonnière des virus respiratoires.

«Les nouvelles commandes mondiales de la part des hôpitaux et des cliniques s’améliorent au moment où le dollar américain se stabilise, ce qui améliore le pouvoir d’achat des clients à l’étranger et les exportations d’équipements américains», explique le stratège.

En plus du rattrapage pandémique, Martin Roberge entrevoit aussi un nouveau cycle de remplacement d’équipements médicaux après des années de retenue. «Le ratio qui compare les dépenses mondiales des fournisseurs de soins de santé à leurs revenus est au plus bas depuis la crise financière de 2008», observe-t-il. Puisque la demande dépasse encore l’offre, les équipementiers médicaux peuvent aussi relever leurs prix tandis que certaines mesures réduisent les coûts.

L’industrie est rarement bon marché, mais en période de récession, elle peut s’apprécier parce que les bénéfices des équipementiers médicaux baissent moins que ceux d’autres secteurs.

 

3. Les ressources naturelles de base canadiennes (XMA, 18,56 $)

Martin Roberge admet qu’il est audacieux de recommander le secteur canadien des ressources naturelles à l’aube d’une récession, mais il entrevoit une année en deux temps.

Initialement, la récession affaiblirait les secteurs les plus cycliques et ferait tomber le S&P/TSX au creux du marché baissier, pendant l’été. Ce jalon mettrait ensuite le couvert pour un rebond mené par les secteurs les plus tributaires de l’économie lors de la deuxième moitié de l’année, scénarise-t-il. Historiquement, les métaux précieux et les engrais performent mieux dans les mois précédant le plancher boursier. Ensuite, les métaux industriels et le bois prennent le relais.

De plus, cette fois-ci, diverses contraintes freinent la production mondiale, ce qui pourrait limiter la chute des cours des matières premières pendant la récession et accélérer la reprise lorsque la demande se rétablira.

L’évaluation des divers segments du secteur est déjà au niveau observé lors des récessions, signale aussi le financier.

Les investisseurs professionnels pourraient aussi revenir aux ressources naturelles, comme ils l’avaient fait après l’implosion de la bulle Internet de 2000 à 2002. «Les secteurs boudés de la valeur avaient alors surpassé les industries en croissance jusqu’à ce que l’écart d’évaluation entre les deux groupes se ferme», rappelle le stratège.

21,6 % L’industrie des équipementiers médicaux a chuté de 21,6% en 2022, soit plus que la baisse de 14,5 % du S&P 500, et ce, en raison de l’appréciation du dollar américain, des confinemens chinois et des problèmes d’approvisionnement et de main-d’oeuvre.