Très populaire, Trump reçoit un appui favorable de plus de 40 % dans la population et de 65 % chez les républicains. (Photo: 123RF)
CHRONIQUE. Il est très largement admis que la dégelée subie par le Parti républicain (PR) aux élections de mi-mandat est due à l’ex-président Donald Trump. Ne s’avouant jamais vaincu, ce dernier a néanmoins prétendu avoir fait élire plus de 200 candidats, ce qui est faux. La plupart des candidats qu’il a fait choisir pour les primaires ont échoué. Ceux-ci avaient pour qualités principales d’être loyaux envers lui et, même, de nier la victoire de Joe Biden à l’élection de 2020.
Cette déconfiture a sans doute secoué l’ex-président, ce qui explique peut-être le discours monotone et sans passion qu’il a livré pour annoncer sa candidature à l’élection de 2024. C’est une annonce précipitée, faite avant de connaître le résultat de l’élection du 8 décembre qui déterminera le sénateur qui représentera la Géorgie au Congrès. Le candidat démocrate mène sur le républicain, mais il n’a pas obtenu les 50 % des votes plus un nécessaires pour éviter un deuxième tour, une particularité propre à cet État.
Selon Trump, la perte du Sénat par le PR (50 démocrates et 49 républicains élus à ce jour) est imputable à Mitch McConnell, leader du groupe républicain, dont il a demandé le congédiement. Trump a oublié que McConnell a été son plus grand défenseur lors des tentatives de sa destitution par les démocrates et qu’il a réussi à faire confirmer la nomination à la Cour suprême des trois juges conservateurs choisis par l’ex-président. Trump est un revanchard qui, sans être loyal lui-même, n’accepte pas que quelqu’un puisse lui manquer de respect.
Leadership affaibli
« Trump est le plus grand perdant du Parti républicain », a écrit en éditorial « The Wall Street Journal », l’influent quotidien de Rupert Murdoch, aussi propriétaire de Fox News et du « New York Post », un tabloïd populaire. Après avoir appuyé l’ex-président, Murdoch aurait décidé de le laisser tomber.
De plus en plus d’élus de l’élite républicaine estiment que Trump aurait dû se retirer. Il se pourrait toutefois qu’une forte majorité des congressistes lui maintiennent leur loyauté, comme ils l’ont fait après le saccage du Capitole, le 6 janvier 2021, l’intérêt partisan l’emportant sur la moralité et le respect des institutions. Ces divergences pourraient créer une crise au sein du parti.
Très populaire, Trump reçoit un appui favorable de plus de 40 % dans la population et de 65 % chez les républicains. Parmi ces derniers, 30 % le préfèreraient au parti. Ce sera une grosse côte à remonter pour les aspirants à l’investiture républicaine à l’élection de 2024.
Trump aurait déjà recueilli plus de 130 M$ depuis le début de 2021. L’annonce rapide de sa candidature l’aidera à continuer de ramasser de l’argent et elle l’assurera d’une visibilité quasi quotidienne dans la plupart des grands médias. Trump espère aussi que sa candidature contribuera peut-être à faire reporter les nombreuses enquêtes et les accusations dont il fait l’objet, telles que son ingérence dans l’élection de 2020 en Géorgie, l’entreposage illégal de documents classés secrets à Mar-a-Lago, des fraudes fiscales et financières présumées et d’autres.
Psychopathe
Pour comprendre Trump, il faut aussi savoir qu’il est un sociopathe, selon sa nièce Mary, psychologue clinicienne, qui a écrit deux livres sur ce personnage complexe, formé à la dure par son père, qui lui a montré à tricher pour gravir l’échelle sociale. Menteur et narcissique, Trump n’a aucune empathie, ne s’excuse jamais et n’assume aucune responsabilité pour ses erreurs. Il prend le crédit pour ce qui réussit autour de lui, mais il blâme les autres pour tout ce qui va mal. À ses yeux, il n’y a que des gagnants et des perdants, aucune transaction ne pouvant être bénéfique à deux parties. Comme il ne peut être qu’un gagnant lui-même et qu’il n’a aucune valeur morale, tous les moyens sont bons pour satisfaire son ego démesuré et son besoin de réussite, qui se mesure par l’argent et le pouvoir.
Après avoir eu recours à toutes sortes de tricheries et d’alliances (notamment avec des milices armées) pour conserver la présidence et avoir convaincu maints collaborateurs, y compris des avocats, de poser des gestes illégaux pour l’aider, Trump continuera d’utiliser son charisme et de multiplier les stratagèmes pour gagner à la fois les primaires républicaines et la présidence.
Des dizaines de personnes ont déjà été condamnées pour avoir aidé Trump illégalement et pour avoir saccagé le Capitole. L’avocat Michael Cohen a écopé de trois ans de prison pour lui et Rudy Giuliani a perdu son droit de pratiquer le droit. D’autres avocats ont aussi compromis leur carrière.
Parce que sa personne est au centre de tout, Trump pourrait à nouveau appeler sa base d’illuminés à sa rescousse. Après la tentative de coup d’état raté du 6 janvier 2021, rien ne dit qu’il ne fera pas de nouveau appel aux cerveaux brûlés qui l’appuient pour tenter un vrai coup d’État.
Les menaces à la démocratie ne sont pas disparues. Le PR, que Trump a fait sien, est corrompu par l’argent de grands lobbies et de groupes d’intérêt dépourvus de sens moral. La Cour suprême a perdu sa crédibilité. Le système électoral est vicié et dysfonctionnel. La population est profondément divisée. Bref, la démocratie reste réellement menacée.
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J’aime
Selon Radio-Canada, le gouvernement Legault songe à donner un certificat de résidence permanente à des diplômés francophones des universités et des cégeps. Ce serait une façon de dépasser le plafond de 50 000 immigrants permanents si cher au premier ministre tout en favorisant l’immigration francophone. Ce chiffre, qui ne repose sur aucune étude, a été imaginé pour rassurer les milieux nationalistes, qui forment la base de la Coalition avenir Québec. Le gouvernement doit déposer à la mi-décembre son objectif d’immigration pour 2023. Il déposera ultérieurement son plan d’immigration pour la période 2024-2026.
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Le gouvernement du Québec s’oppose toujours à partager avec le fédéral des données en matière de santé qui permettraient des comparaisons interprovinciales sur une foule de domaines, tels que les incidences de maladies, les coûts des soins, la productivité des établissements, etc. Ce manque de transparence existe aussi à la Régie de l’assurance maladie du Québec, qui refuse de mettre à la disposition des chercheurs quantité de données anonymisées qui permettraient d’analyser les traitements, les coûts et les performances du système de santé et, ainsi, de trouver des pistes d’amélioration de son efficacité.