Donald Trump a été banni de Twitter le 8 janvier 2021 en raison du risque d'incitation à la violence après l'attaque violente du Capitole. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. L’acquisition récente de Twitter par le sulfureux et richissime Elon Musk suscite des réactions fortes dans le milieu médiatique et politique, et surtout auprès des utilisateurs du réseau social en question.
En un mot, plusieurs craignent que le PDG de SpaceX transforme Twitter en plateforme penchant fortement «à droite». Mais comment juger si Twitter ou tout autre réseau social est de gauche ou de droite?
La droite accueille Musk à bras ouverts
Pour plusieurs, que Twitter et les autres réseaux sociaux penchent d’un côté ou de l’autre de l’échiquier politique semble une évidence. À preuve, les conservateurs se plaignent fréquemment d’être la cible de censure par Twitter ou Facebook, surtout alors que l’équipe de gestion précédente de Twitter avait banni le président américain Donald Trump, très populaire au sein de certains cercles à droite. Cette situation pourrait nous mener à déduire que ces deux médias sociaux sont «de gauche».
Ces mêmes conservateurs ont d’ailleurs accueilli Elon Musk, généralement considéré au centre droit, en sauveur après son acquisition du média social alors qu’une certaine gauche a réagi en accusant Musk de vouloir transformer la plateforme en «fosse septique» ou en «véhicule de propagande» de droite.
Étant donné les commentaires de gauche et de droite qui ont suivi l’acquisition de la plateforme par le directeur général de Tesla, la crainte d’une politisation exacerbée de Twitter semble fondée.
Après tout, sur Twitter, le 7 novembre dernier, Elon Musk encourageait les électeurs américains à voter pour le parti républicain lors des élections de mi-mandat, rien de moins, en prêchant pour un «équilibre des pouvoirs» entre une présidence démocrate et une chambre législative qui tomberait aux mains des républicains.
On pourrait donc croire que depuis son acquisition par Elon Musk, Twitter pencherait davantage vers la droite. Toutefois, les apparences sont trompeuses.
Qui politise réellement les médias sociaux?
L’attention portée à Elon Musk comme élément déterminant la ligne idéologique de Twitter démontre que nous avons tendance à juger l’inclinaison idéologique potentielle d’une plateforme par l’influence de ses dirigeants, ce qui est peut-être une erreur.
Dans les faits, si une plateforme comme Twitter est de gauche ou de droite, cela n’est que partiellement dû aux dirigeants. C’est plutôt la base d’utilisateurs d’un réseau social qui créent et partagent un contenu, souvent de nature politique, qui détermine l’axe idéologique dominant d’une plateforme.
Si un média social comme Twitter doit verser vers la droite ou la gauche, cela sera donc largement déterminé par le rapport entre le nombre d’utilisateurs qui penchent d’un côté ou de l’autre et la popularité des commentaires et du contenu partagés — sans nier l’influence des modérateurs ou même de l’algorithme.
La question est ailleurs
La question la plus pertinente au débat entourant la nature idéologique de Twitter et des différents médias sociaux dépasse cependant celle à savoir si Twitter est de gauche ou de droite grâce à l’influence de ses dirigeants ou de ses utilisateurs.
Il faut peut-être se demander si les moyens de communication incroyables que l’internet nous offre mènent réellement à la création d’une sorte de place publique virtuelle partagée sans frontières et sans limites, au sein d’une sorte de démocratie globale qui échapperait à toutes formes de contrôle, surtout celui des médias traditionnels, comme les futuristes les plus optimistes l’annonçaient jadis.
À l’inverse, ces espaces de communications semblent plutôt donner lieu à un dialogue de sourds entre chambres d’échos qui amplifient une ferveur idéologique malsaine à gauche comme à droite, et ce, tout en contribuant à l’atomisation croissante de notre société.
Voilà peut-être pourquoi le débat fait rage avec autant d’intensité.
Malgré leurs discours vertueux pour réduire la «désinformation», la dissémination de contenu «offensant» ou même la «liberté d’expression», aussi valides ces concepts peuvent-ils être théoriquement, le but des différents camps, de la gauche et de la droite, n’est pas d’assurer la neutralité des médias sociaux et encore moins de créer un espace où les différentes idées politiques sont présentes de façon juste et équilibrée.
L’objectif véritable est et a toujours été de maîtriser les moyens de communication et les Twitter de ce monde pour assurer une domination idéologique et politique.
Au-delà du discours qui entoure la prise de Twitter par Elon Musk, on retrouve l’instinct le plus primal de l’homme: sa volonté de conquête et de contrôle.
Il a toujours été naïf de croire le contraire.