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Nicolas Duvernois

Chronique d'un entrepreneur

Nicolas Duvernois

Expert(e) invité(e)

Un échec… et alors? (prise 2)

Nicolas Duvernois|Publié le 29 janvier 2019

Un échec… et alors? (prise 2)

Caroline Néron. (Photo: courtoisie)

L’échec est depuis le début de l’année sur toutes les tribunes. Radio, télé, journaux… c’est le cas de le dire, tout le monde en parle. De la saga Caroline Néron aux déboires de Téo Taxi, l’échec est devenu l’ennemi public numéro 1. 

Exacerbé par l’omniprésence des réseaux sociaux et d’une armée de gérants d’estrades, les commentaires désobligeants, déplacés et disons-le, franchement méchants, inondent malheureusement la discussion.

Voici une chronique que j’ai écrite pour le journal en novembre 2015. Tristement, elle est toujours d’actualité. 

Je vais vous le dire franchement: ma vie est parsemée d’échecs. Je n’ai pas été accepté à l’université à ma sortie du Cégep car mes notes n’étaient pas assez bonnes. J’ai dû suivre des cours de rattrapage pour y accéder l’année suivante. Une fois gradué, j’ai été refusé au diplôme d’études supérieures des HEC, car ma moyenne au baccalauréat n’était pas suffisante.

Quelques années plus tard, quand Pur Vodka avait le vent dans les voiles, trois universités, en trois ans, m’ont refusé l’accès à la maîtrise en administration des affaires (MBA), car mon dossier scolaire n’était pas assez reluisant pour leurs critères. 

Que dire de mon expérience sur le marché du travail. Je me suis fait renvoyer de mon premier emploi lorsque j’avais 14 ans. Je devais surveiller que personne ne sorte par la porte de secours lors d’un salon professionnel, mais j’avais préféré m’absenter pour ramasser des cannettes afin de me faire un peu plus d’argent. Même sort avec mon deuxième emploi. Je devais être gardien de sécurité lors de la Coupe Rogers mais, j’étais plutôt allé voir André Agassi jouer sur le court central.

Mon troisième renvoi fut le plus mémorable. Je travaillais pour une entreprise de fournitures de bureau quand mon supérieur m’a renvoyé avec une phrase dont je me rappellerai toute ma vie: «Nicolas, lorsque je t’ai engagé je croyais que tu étais une Porsche, mais finalement tu roules comme une Toyota!» 

Mon entrée dans le monde des affaires fut tout aussi pénible. J’avais décidé d’ouvrir un restaurant avec trois de mes meilleurs amis, une expérience qui s’est avérée catastrophique très rapidement! C’est après plus de 17 refus lors de ma recherche de financement pour développer PUR vodka que j’ai décidé, ou plutôt été obligé de financer moi-même l’entreprise. Bref, je pourrais continuer comme ça pendant trois pages, mais je vais vous épargner cette litanie. 

Pourquoi je vous parle d’échec? Car dans toute vie d’entrepreneur, l’échec est normal. Peu importe l’étape dans laquelle l’entreprise se trouve, que ce soit au démarrage, lors de financements, ou au moment de vendre le produit… l’échec est omniprésent. Loin de moi l’idée de vous démotiver ou de vous enlever le goût de vous lancer en affaires, mais c’est important pour moi d’en parler. 

J’ai eu la chance de participer en fin de semaine dernière au Colloque de l’Association des clubs d’entrepreneurs étudiants du Québec à titre de conférencier. Plus de 700 jeunes aspirants entrepreneurs des quatre coins de la province et de l’extérieur s’étaient réunis pour parler d’entrepreneuriat. L’un des constats qui m’a sauté aux yeux lors de cet événement est leur peur de l’échec.

Qui peut dire qu’il a tout réussi dans sa vie, ses études ou sa carrière? Personne. L’échec fait partie de chacun de nos parcours. En discutant avec ces jeunes, j’ai constaté qu’ils craignaient davantage le jugement des autres que l’échec lui-même. Cessons de voir l’échec négativement et commençons à le voir comme un apprentissage.

Je ne suis pas le type d’entrepreneur qui croit que l’échec est le passage obligé de la réussite. J’espère toujours que l’on puisse réussir en affaires sans nécessairement mordre la poussière, mais les chances sont minces. Je suis plutôt du genre à croire que lorsque l’on a connu l’échec, on veut surtout tout faire pour ne pas le revivre une seconde fois. 

L’échec est un filtre. Il élimine ceux qui ne l’acceptent pas, ne le combattent pas, ou abdiquent. Il nous permet de nous améliorer, de devenir plus forts. Il sélectionne les individus afin de ne garder que ceux qui n’abandonneront pas devant le premier refus, ceux qui décideront d’accepter que les obstacles fassent partie intégrante du chemin vers le succès.

À mes yeux, l’échec est une virgule, pas un point final. Oui, il nous ralentit, mais il ne devrait jamais nous arrêter. Comme disait Churchill, le succès est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme!