INDUSTRIE MINIÈRE. L’industrie minière pourrait bientôt compter sur un nouveau corridor ferroviaire. La région de la Côte-Nord souhaite en effet la construction d’une voie ferrée de 370 km entre les villes de Baie-Comeau et de Dolbeau- Mistassini, située au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Ce projet de chemin de fer, appelé QcRail, permettrait même de relier le terminal maritime en eau profonde de Baie-Comeau à Winnipeg, en passant par les réseaux nationaux de chemins de fer exploités par le Canadien National et le Canadien Pacific, et devenir ainsi une nouvelle porte continentale sur I’Atlantique Nord.
«Le réseau ferroviaire canadien sera de plus en plus sollicité, en raison notamment de la croissance de la demande pour les ressources canadiennes. Ce nouveau tronçon permettra de créer un nouveau corridor pour les exportations», indique Guy Simard, directeur du développement industriel de l’organisme Innovation et développement Manicouagan (ID Manicouagan), qui est l’instigateur de ce projet évalué à 1,6 milliard de dollars.
Un des trajets à l’étude permettrait de rejoindre l’Ouest canadien en passant par La Tuque, Senneterre, puis le nord de l’Ontario. L’autre tracé passerait par Chibougamau, ce qui favoriserait également le transport de produits miniers et forestiers. «On a eu des discussions avec des sociétés minières québécoises, mais aussi du nord de l’Ontario, qui sont intéressées par ce projet», souligne M. Simard.
D’autres entreprises déjà présentes à Baie-Comeau ont aussi apporté leur soutien à ce projet qui, selon ID Manicouagan, s’intègre parfaitement dans les visées du Plan Nord et de la Stratégie maritime du gouvernement du Québec. Il s’agit notamment de la céréalière Cargill, qui y exploite le deuxième plus important terminal de grain d’Amérique du Nord, de même que l’aluminerie Alcoa.
L’autoroute 30 du réseau ferroviaire
Le QCRail aura l’avantage de désengorger les réseaux de chemin de fer situés au sud et rendre ainsi le transport de marchandises en vrac plus fluide et rapide, estime ID Manicouagan. «Ça permettrait de contourner les zones urbanisées que les convois doivent partager avec les trains de passagers et traverser à vitesses réduites. Ce serait comme l’autoroute 30 du réseau ferroviaire», fait valoir M. Simard.
Une étude préliminaire portant sur le potentiel de développement de ce nouveau lien ferroviaire, réalisée par la firme Deloitte, indique que le temps de transport entre les prairies canadiennes et l’Europe prendrait six jours de moins si les marchandises étaient transbordées à Baie-Comeau plutôt qu’à Montréal.
Ce projet de transport ferroviaire de marchandises en vrac ne vise toutefois pas à entrer en concurrence avec les autres terminaux de l’est du Canada, mais plutôt à saisir des parts de l’accroissement des exportations en vrac vers les ports de l’est, assure ID Manicouagan. En vertu notamment des nouveaux accords de commerce conclus récemment avec l’Europe et l’Asie-Pacifique, le Canada verrait ses exportations de diverses marchandises croître de 14 à 32 millions de tonnes métriques d’ici 2024, alors qu’elles totalisaient 27 millions de tonnes en 2016, souligne l’étude de Deloitte.
ID Manicouagan mise sur les secteurs public et privé pour financer le QCRail. L’organisme compte entre autres sur les intentions du gouvernement fédéral d’investir 10 G $ sur 11 ans dans des projets liés au commerce et au transport, notamment pour mettre en place des corridors de transport plus sûrs et efficaces vers les marchés internationaux.