Un nouvel écoparc industriel attendu dans l’Est de Montréal
Simon Lord|Édition de la mi‑octobre 2019Le Port de Montréal s’attend à continuer de croître au cours des prochaines années. (Photo: 123RF)
TRANSPORT ET LOGISTIQUE. Le développement du futur Écoparc industriel de la Grande Prairie, situé dans l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM), pourrait bien être un nouvel atout dans la chaîne logistique montréalaise. Le Port de Montréal et les autorités de l’arrondissement ont toutefois plusieurs défis devant eux.
Les créneaux envisagés par la Ville de Montréal pour l’Écoparc industriel de la Grande Prairie sont notamment ceux des technologies propres, de la logistique intelligente, du manufacturier léger et des services à valeur ajoutée liés à l’exportation, peut-on lire dans le document d’information sur le développement économique et urbain préparé dans le cadre de la consultation sur le projet menée par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).
«Malgré cela, nous ne sommes pas particulièrement restrictifs sur le type d’entreprise qui s’établira dans l’Écoparc. C’est plus dans le « comment » celles-ci vont s’intégrer dans le secteur», souligne Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondissement MHM. Il concède que de répondre aux besoins des citoyens autant qu’à ceux des entreprises est un vrai défi. Selon lui, le potentiel de développement économique de l’Écoparc est très important. «Mais nous voulons des projets structurants qui limiteront les nuisances pour les citoyens, dit-il. Nous ne voulons pas de parking à conteneurs.»
Au cours des dernières années, les autorités de l’arrondissement ont agi en conséquence. En 2016, «activité de transbordement de conteneurs» a été retiré des usages autorisés dans le secteur pour la catégorie «commerce de gros et entreposage». MHM souhaitait ainsi attirer des entreprises qui stimuleront la création d’emplois, plutôt que d’autres à faible valeur ajoutée. L’an dernier, le conseil d’arrondissement adoptait par ailleurs un nouveau règlement imposant une hauteur maximale – et limitant le nombre de conteneurs pouvant être empilés – dans les secteurs où l’entreposage extérieur est autorisé. L’objectif était de réduire les désagréments visuels pour le voisinage.
Dans son rapport remis le 3 septembre, la commission de l’OCPM responsable de la consultation sur ce projet conseille justement de poursuivre dans la même lignée. Sa première recommandation est d’«agir dès maintenant pour réduire les nuisances actuelles, avant même la mise en place du projet d’Écoparc industriel», de sorte à «améliorer la qualité de vie des résidents et des riverains du secteur et de regagner leur confiance».
La commission recommande également d’aller de l’avant avec l’implantation de l’Écoparc et ses quatre créneaux industriels, en prenant appui sur la présence du Port de Montréal comme moteur de développement économique local et métropolitain.
Améliorer l’accès au Port
Entre autres à cause de la signature de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, le Port de Montréal est en croissance continue depuis cinq ans. Sa vice-présidente aux affaires publiques, Sophie Roux, fait valoir que le Port navigue de record en record depuis des années, et que la croissance dépasse les attentes.
«Le Port de Montréal arrive presque au maximum de sa capacité [de manutention], dit-elle. Nous avons une capacité pouvant aller jusqu’à 2,1 millions de conteneurs par année ; l’an dernier, nous avons atteint le nombre de 1,7 million.»
Cependant, comme les activités croissent dans un espace qui demeure identique, l’augmentation du nombre de conteneurs a un impact sur la fluidité du transport de marchandises. L’arrondissement MHM prévoit certaines mesures pour améliorer la situation, notamment le prolongement du boulevard de l’Assomption et de l’avenue Souligny. Celui-ci permettra à terme une connexion directe du Port de Montréal au réseau autoroutier. Un grand avantage pour le camionnage.
Sauf que pour le Port, le prolongement de l’avenue Souligny tarde depuis déjà trop longtemps. «Ça fait une décennie qu’on en parle, dit Mme Roux. Nous voulons que ça se fasse. C’est une priorité pour nous.» En plus de rendre plus fluide le transport de marchandises, ce prolongement aiderait effectivement la collectivité en désengorgeant le réseau routier local, affirme-t-elle. «C’est gagnant-gagnant.»
Croissance continue
Le Port de Montréal s’attend à continuer de croître au cours des prochaines années. L’organisation voit d’un très bon oeil le développement de l’Écoparc industriel de la Grande Prairie, n’estimant pas pour le moment que le projet exercera une pression supplémentaire sur ses installations.
«Nous sommes soutenus par un écosystème de 6 300 entreprises en logistique de transport, dit Mme Roux. Alors un écoparc industriel avec des terrains libres et disponibles à proximité du Port, nous savons que ça va répondre à un besoin.» Selon elle, le type d’entreprise qui sera tenté de s’y installer sera justement le type que désirerait y voir l’arrondissement, soit les entreprises innovantes à forte valeur ajoutée qui ont un souci de développement durable.
Reste que, dans le contexte où l’arrondissement a déjà restreint en partie l’activité liée au transbordement et à l’empilage de conteneurs, le Port de Montréal aimerait quand même éviter que l’activité liée au transport de conteneurs soit trop restreinte. «La grande majorité des marchandises voyage par conteneur, souligne la vice-présidente aux affaires publiques. C’est un mode de transport important. Penser que toute entreprise qui fait de la conteneurisation sera exclue de l’coparc nous laisse perplexes. Il faut viser la mixité et trouver un équilibre.»