(Photo: Clark Young pour Unsplash)
LES FNB DÉMYSTIFIÉS. En raison de l’intervention des gouvernements et des banques centrales, plusieurs investisseurs se demandent si l’inflation pourrait revenir aux seuils enregistrés dans les années 1980 et, le cas échéant, comment protéger leur portefeuille. Voici quelques considérations.
Au Canada, l’inflation est mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC). Selon toute vraisemblance, l’IPC devrait baisser à court terme. Bien qu’une augmentation soit inévitable dans le coût de la nourriture, elle sera compensée en bonne partie par les dépenses inférieures dans les restaurants. La baisse des taux d’intérêt réduira les coûts liés au logement. Enfin, la baisse du prix du pétrole diminuera substantiellement l’inflation dans la composante transport de l’indice qui inclut l’essence, mais aussi le coût du transport aérien.
À plus long terme, les perspectives sont toutefois différentes et doivent tenir compte des nouvelles mesures gouvernementales de soutien à l’économie. En remettant de l’argent dans les poches des contribuables, le gouvernement contribue massivement à soutenir le pouvoir d’achat des contribuables.
Le coût de ces mesures d’aide est encore incertain, mais leur coût réel ne sera pas ingérable fiscalement, le déficit supplémentaire étant financé à un taux à long terme d’environ 1 %.
Il faudrait toutefois aborder en toute lumière le soutien de la Banque du Canada aux marchés financiers depuis le début de la crise. Elle crée de l’argent, tout simplement. Lorsqu’elle contrôle sa monnaie, une banque centrale a ce pouvoir. Depuis la mi-mars, la Banque du Canada a acheté, sur les marchés financiers, plus de 275 milliards de dollars (G$) en actifs, dont 100 G$ de titres de dettes du gouvernement. Le bilan de la Banque du Canada a explosé de près de 250 % en neuf semai-nes, passant de 120 G$ à 416 G$, en date du 13 mai. Du jamais vu ! Par comparaison, durant la crise de 2008, le bilan de la Banque a augmenté de moins de 65 % (de 50 G$ à 81 G$) échelonnée sur une période beaucoup plus longue.
Aux États-Unis, c’est plus de 2 500 G$ US que la Réserve fédérale (Fed) a injectés sur la même période. De telles interventions risquent d’avoir des conséquences à long terme. Historiquement, lorsqu’un pays crée massivement de l’argent, il y a un risque d’inflation élevée, voire d’hyperinflation.
Même si l’inflation n’a pas été affectée de façon significative par des mesures similaires aux États-Unis lors de la crise de 2008, l’effet se fera sentir un moment donné. La création d’argent a ses limites. Un jour, on ne sait pas quand, il y aura des conséquences.
Comment adapter son portefeuille à l’inflation ?
Votre portefeuille devrait déjà comporter des éléments de protection afin de mitiger les effets de l’inflation, car c’est un risque important qui se doit d’être pris en compte à long terme. Si ce n’est pas encore le cas, il n’est peut-être pas trop tard pour le faire.
Le choix des actifs à intégrer à son portefeuille afin de se protéger de l’inflation n’est pas simple. En période d’inflation élevée, les obligations gouvernementales à long terme pourraient perdre beaucoup de valeur. Toutefois, les obligations liées à l’inflation sont à considérer.
L’or est un cas intéressant. Historiquement, il a servi de protection en temps de crise, mais c’est un actif qui ne rapporte aucun intérêt ou dividende. À long terme, il peut suivre l’inflation selon l’offre et la demande, mais ce n’est pas une garantie. Ce n’est probablement pas le meilleur choix.
À long terme, les actions sont une bonne protection, car les entreprises auront la possibilité d’augmenter le prix des biens vendus et ainsi protéger leur marge de profit. Toutefois, à court terme, une hausse des taux d’intérêt due à une augmentation de l’inflation est rarement positive pour les actions.
Les actifs immobiliers sont une autre option intéressante à long terme, mais, encore là, une hausse des taux d’intérêt pourrait entraîner une réévaluation importante des prix à la baisse.
Bref, la meilleure approche est encore probablement de maintenir un portefeuille diversifié dans plusieurs catégories d’actifs tout en limitant l’exposition aux obligations à long terme qui ne sont pas liées à l’inflation. Rien de bien nouveau dans le contexte économique qui perdure depuis plus de 10 ans.
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Qu’est-ce que l’indice des prix à la consommation (IPC)?
L’IPC mesure les variations des prix d’un panier fixe de biens et de services. Il est composé de huit composantes principales, dont les aliments, le logement, les dépenses courantes, les vêtements, le transport, les soins de santé, les loisirs et l’alcool. Il faut toutefois faire une distinction entre le produit intérieur brut (PIB) qui est une mesure de l’activité économique et l’IPC. Ainsi, une baisse importante du PIB ne se traduit pas nécessairement par une baisse des prix