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Elle ne manque pas d’aplomb, Johanne. La manière avec laquelle elle s’est dite «prudente» avec ses placements m’a charmé.
«J’ai eu beaucoup de conseils quand je contribuais à mon REER, mais j’ai finalement choisi des placements «pépères »! Je suis en paix à 100% avec mon choix, et j’en assume les conséquences. Je considère avoir été bien conseillée, car on a respecté mes choix.»
Elle donnait suite à une invitation lancée à nos lecteurs pour participer à la «Clinique Retraite» de Les Affaires. Il s’agit d’une rubrique publiée dans le journal dans laquelle on tente de répondre aux préoccupations de nos fidèles au sujet de leur retraite. Avec l’aide de professionnels, on offre ce qui serait convenu d’appeler des «planifications financières sommaires».
«Johanne» est un pseudonyme, notre lectrice ne s’attend pas à ce que je parle ici de sa situation (je l’aborderai plus en détail dans un futur article dans notre journal). Je voudrais seulement souligner à son sujet qu’elle est arrivée à amasser un coussin enviable malgré ses placements «pépères».
Elle a épargné plus de 800 000$, j’en connais qui baisseraient les bras devant un objectif d’épargne moins ambitieux bien qu’ils en soient plus que capables avec leur paie. Outre la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV) et les prestations du Régime de rente du Québec (RRQ), notre lectrice n’a rien d’autre pour financer ses «vieux jours», elle ne profite pas d’un régime de pension d’employeur.
Johannne vient justement de commencer sa retraite. J’ignore ce qu’ont pu être ses revenus durant sa vie active, mais avec ce qu’elle dit avoir besoin pour vivre au cours des prochaines années, on comprend qu’elle ne s’est pas habituée à une vie de Kardashian. On a affaire à une vraie épargnante, sa situation financière actuelle ne paraît pas découler d’un salaire antérieur mirobolant, on devine le résultat d’une existence relativement simple et d’une discipline soutenue.
On serait tenté de croire que la dame ne connaît pas grand-chose à la finance, qu’elle ne comprend rien à la Bourse, c’est ainsi qu’on imagine ceux qui se réfugient dans les CPG et les obligations d’Épargne Placements Québec. Ce n’est pas le cas de Johanne qui nous pose des questions qui démontrent une excellente «culture financière». Elle se dit pleinement consciente de ce qu’elle a pu manquer en se contentant de placements prudents. Ses faibles rendements constituent pour elle un prix juste pour la tranquillité d’esprit.
C’est probablement ce qu’il lui a permis, durant toutes ses années d’accumulation, d’assumer pleinement son profil d’investisseur. C’est qu’en plus d’être prudent on peut être mou. Voilà la véritable tare. Sans un minimum de fermeté, on peut facilement succomber à un peu plus de risque et le regretter au premier soubresaut.
Je ne suis pas un amateur de placements garantis. Les produits à faibles rendements ne sont pas les meilleurs amis de l’épargnant, mais ils n’en sont pas davantage les pires ennemis. En fait, ils ont plutôt l’air bénins en comparaison du manque de conviction dont font preuve bien des gens qui se disent «investisseurs». Ils se lancent sans véritable stratégie, ils choisissent leurs placements sans s’appuyer sur des critères solides pour s’en remettre finalement à ce que leur dictent leurs émotions, leur entourage ou de lointains amis Facebook.
Ils investissent finalement comme des pieds.
Voilà toutes des erreurs que n’a pas commises Johanne, ce qui lui a permis d’entrer dans la retraite, ma foi, avec un joli magot.
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Depuis quelques mois, une partie de mon temps est consacrée à quelques tâches d’édition pour le cahier Investir de notre journal. D’ordinaire, je suis comme vous, je ne lis pas tout, je feuillette pour m’arrêter sur les articles dont les titres m’interpellent ou pour admirer la nouvelle photo du collègue Stéphane Rolland. Vous avez constaté la maturité et l’assurance qui s’en dégagent?
Bon, bref, je dois maintenant tout lire et tout comprendre. J’en avais vaguement conscience, mais là, ça m’a sauté aux yeux. À une époque où on s’entre-déchire autour du dernier hashtag à la mode et du moindre bout de tissus qui dépasse, notre cahier boursier se pose en exemple d’ouverture et de tolérance. Il accueille en effet dans ses pages les investisseurs de toutes les confessions, ceux qui préconisent la concentration de portefeuille, la sélection de titres (stock pickers) aussi bien que les tenants de l’investissement indiciel et de la diversification à tous crins.
Les divers camps proposent des visions de l’investissement à bien des égards opposées, leurs représentants en viennent à dire exactement le contraire. Dans le journal, il ne règne pas moins un respect mutuel, mais je ne peux pas vous garantir qu’en coulisse ils ne se traitent pas de «nonos».
Je ne vous parle pas des analystes financiers dont les savantes études émaillent une grande partie de nos articles. Eh bien, ceux-là non plus, ils ne s’entendent pas. Ils attribuent des valeurs différentes aux entreprises cotées en bourse, leurs recommandations sur les titres (vendre, conserver, acheter) divergent bien qu’ils analysent les mêmes réalités à l’aide des mêmes outils sophistiqués et des mêmes connaissances fines des sociétés et de leurs secteurs. Ça fait de bons papiers!
Ça reste néanmoins tranquille dans nos pages malgré des écarts d’opinion. Vous devriez jeter un oeil sur la chaîne boursière spécialisée CNBC. On va bientôt y programmer des combats de lutte.
Tout ça pour dire que Johanne trouverait ça bien violent.
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