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ANALYSE. Les chocs provoquent souvent un changement des meneurs en Bourse. Le tour des manufacturiers et des industriels est peut-être venu, croient plusieurs stratèges. Le redémarrage de la consommation, pour sa part, risque de prendre du temps, en particulier si le chômage aigu persiste.
Pour combattre cette récession hors du commun, les gouvernements devront sans doute investir dans les infrastructures et les immobilisations. Ces interventions pourraient être favorables au secteur industriel.
«Je doute que les consommateurs reviennent en force au magasinage tant qu’un vaccin n’aura pas été mis au point, soutient Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity. Les prochains plans de relance miseront probablement sur les infrastructures, car leur effet multiplicateur sur l’économie est optimal.»
Les fournisseurs de machinerie lourde doivent, eux aussi, composer avec le déclin de la demande de la part de leurs clients, mais ils sont bien moins endettés que d’autres secteurs. Les équipementiers sont donc plus aptes à émerger de la récession sans trop de heurts, fait-il valoir.
«Le rendement que procure les flux de trésorerie résilients des équipementiers est aussi attrayant que lors de la crise de 2008. Le seul bémol concerne leur évaluation, qui n’a pas touché le niveau d’aubaine d’alors, si l’on se fie à la mesure qui compare le cours à la valeur comptable», indique le stratège pour justifier qu’il recommande donc à ses clients de conserver ces titres au lieu d’ajouter à leurs placements.
Les transporteurs ferroviaires ne sont pas à l’abri de la chute du commerce mondial et de la demande pour les biens de consommation non plus, mais ils ont l’habitude de réduire leurs coûts variables et leurs dépenses en capital en temps de récession, ajoute Martin Roberge.
Le stratège montréalais préfère les deux transporteurs ferroviaires canadiens Canadien Pacifique (CP, 313,68 $) et Canadien National (CNR, 113,24 $) à leurs cousins américains parce que la concurrence est moins vive au nord de la frontière. De plus, leur dividende est plus soutenable. Au cours actuel, les titres reflètent tous ces attributs, mais les deux transporteurs ferroviaires restent tout de même deux bons titres à conserver.
Des titres cycliques de grande qualité
Hugo Ste-Marie, de Banque Scotia, accorde aussi une place de choix au secteur industriel dans son portefeuille modèle. «Le secteur des services risque de se remettre plus lentement cette fois à cause des mesures de distanciation sociale. En revanche, les indices de l’activité manufacturière ont déjà touché le fond du baril et devraient s’améliorer à partir de juin. Les profits du secteur industriel baisseront aussi, mais moins que ceux de l’indice S&P/TSX en 2020.»
Le secteur industriel équilibre bien le portefeuille entre les secteurs prudents et cycliques, sans rogner sur la qualité, soutient aussi l’analyste.
Le portefeuille modèle contient les meilleures idées des analystes du secteur. Le chemin de fer Canadian Pacifique, l’ingénieur-conseil WSP Global (WSP, 89,73 $), le distributeur de machinerie lourde Finning (FTT, 17,58 $) et le spécialiste des enchères d’équipements industriels Ritchie Brothers (RBA, 61,43 $) s’y retrouvent.
Toromont Industries (TIH, 65,65 $) est un autre titre de haute qualité qui devrait profiter de la reprise industrielle, mais l’évaluation élevée de 20 fois les bénéfices prévus refroidit certains analystes.
Ce n’est pas le cas de Cherilyn Radbourne, de Valeurs mobilières TD, qui en recommande l’achat en vue d’une cible de 73 $. «Ce multiple est supérieur à la moyenne historique, mais le titre devrait soutenir sa plus-value parce qu’il est bien positionné au pays pour les éventuels investissements en infrastructures. Sa filiale d’équipements industriels de réfrigération bénéficie aussi d’un carnet de commandes record», fait valoir l’analyste.
Toromont verse un dividende depuis 1969 et l’a augmenté tous les ans depuis 31 ans, incluant la hausse de 15 % en février.