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John Plassard

Préparé pour le futur

John Plassard

Expert(e) invité(e)

Vendre en mai?

John Plassard|Mis à jour le 18 juin 2024

Vendre en mai?

(Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Le mois d’avril 2024 va marquer les esprits puisque c’est le premier mois depuis novembre dernier où le S&P 500 connaîtra une performance négative (à moins d’un violent rebond aujourd’hui et demain !).

Si les institutions financières s’écharpent sur la future évolution des marchés financiers se posent naturellement la question de savoir s’il faut se fier à un des plus anciens adages du marché, le fameux « sell in May and go away » (vendre au mois de mai et sortir du marché). 

Intensification des risques géopolitiques, interrogations sur le nombre de baisse (s) de taux de la Fed en 2024, arrivée potentielle de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, spectre de la stagflation ou autre, les doutes quant à la pérennité de la résistance du marché se sont accrus après une hausse sans accroc depuis novembre dernier.

Le mouvement de marché semble donc contre-intuitif et à l’encontre d’une certaine logique de marché, les mauvaises nouvelles s’accumulant depuis le début de l’année.

Se pose alors la question de savoir s’il faut « quitter » le marché.

 

Ce que nous dit l’histoire

« Sell in May and go away » est un adage boursier basé sur ce que le Stock Trader’s Almanac appelle les « 6 meilleurs mois de l’année ». Les données historiques révèlent que la période mobile de six mois la plus performante, en moyenne, s’étend de novembre à avril. D’où le dicton selon lequel les investisseurs devraient «vendre en mai et s’en aller» – et revenir en novembre.

Le graphique ci-dessous montre la trajectoire quotidienne moyenne de l’indice S&P 500 à partir de données remontant à 1928. Il montre que, sur la base de 94 ans de données, l’année « moyenne » connaît sa première correction notable à la mi-mai, l’indice ne dépassant à nouveau ces niveaux que début juillet. Toutefois, début août, la tendance à la hausse observée entre janvier et avril semble s’être rétablie.

Cette tendance se poursuit jusqu’à la mi-septembre, lorsque la deuxième correction annuelle notable se produit. Cette « pause » semble durer plus longtemps, le marché ne franchissant pas ces niveaux pour la dernière fois avant la mi-décembre.

Le rallye de Noël s’installe alors et nous revenons près de la ligne de tendance de janvier à mi-septembre jusqu’à la fin de l’année.

En termes de volatilité, il ne fait aucun doute que l’année « moyenne » voit la volatilité augmenter le plus entre la mi-septembre et la mi-novembre, le mois d’octobre étant historiquement assez extrême.

Il y a donc une part de vérité dans l’adage selon lequel le mois de mai voit en moyenne la première correction de l’année, mais le mois de juillet est historiquement l’un des meilleurs de l’année.

Ce que nous dit l’histoire récente

Depuis 1990, le S&P 500 a gagné en moyenne environ 2 % de mai à octobre. À titre de comparaison, le gain moyen a été d’environ 7 % de novembre à avril. Cette surperformance est observée non seulement pour les grandes capitalisations, mais aussi pour les petites capitalisations et les actions mondiales (telles que mesurées par les indices S&P respectifs). En outre, les stratégies de rotation entre les différentes capitalisations boursières ont historiquement affiché des performances moyennes encore meilleures.

 

 

Bref, au cours des dix dernières années, les « six mois les plus difficiles » de l’année dont vous allez entendre parler ces prochains jours ont été plus élevés huit fois.

 

 

Quelles sont les raisons à cette « théorie »?

Il y a plusieurs raisons à la théorie du «sell in May and go away». Parmi celles-ci :

• Les investisseurs sont convaincus qu’au début de l’été, l’absence de participants au marché en

raison des vacances peut créer un environnement de faible volume et de faible rendement.

• La saisonnalité des flux d’investissement peut persister en raison des primes de fin d’année des

industries financières et des entreprises, la date limite de dépôt des déclarations de revenus

aux États-Unis à la mi-avril pouvant y contribuer.

 

 

• Sur le marché de Singapour, la plupart des entreprises versent des dividendes en mai et juin de chaque année. Les investisseurs à la recherche de dividendes peuvent donc chercher à ne pas acheter d’actions après ces mois jusqu’à ce que des opportunités de baisse se présentent.

 

• Le gain moyen du Dow Jones au cours des 10 dernières années pour la période de novembre à avril a été de 27,5 %, contre une moyenne de 2,9 % pour les périodes de mai à octobre qui ont suivi.

 

 

À SUIVRE: Vendre en mai durant les années d’élection américaine

 

Vendre en mai durant les années d’élection américaine

On ne va pas le rappeler, mais nous sommes dans une année électoral américaine. Et si l’on observe la période de mai à octobre durant ce rendez-vous avec le peuple, le S&P 500 a tendance à bien se comporter.

En fait, l’indice préféré des Américains progresse dans 78 % du temps durant cette période depuis 1950.

Après un début d’année électorale en fanfare, le marché boursier américain a tendance à retrouver son élan vers la fin du deuxième trimestre et continue généralement d’afficher de bonnes performances jusqu’à la fin de l’année.

Pourquoi y a-t-il des failles à la théorie ?

Cette théorie a cependant des failles. Le plus souvent, les actions ont tendance à enregistrer des gains tout au long de l’année, en moyenne, et donc vendre en mai ne fait généralement pas beaucoup de sens.

L’histoire montre que le coût d’opportunité lié à la sortie et à la rentrée périodique sur le marché peut être important.

De plus, la facilité de suivi de vos investissements (par rapport à il y a des décennies, lorsque cette théorie du calendrier a été créée) signifie qu’il est possible de surveiller plus facilement le marché et d’apporter des modifications à vos investissements si nécessaire à tout moment de l’année.

Enfin, il faut aussi rappeler que les rendements ont beaucoup varié, non seulement entre les périodes de novembre à avril et de mai à octobre, mais aussi à l’intérieur de ces périodes.

 

Plutôt songer à la rotation ?

Comme noté préalablement, depuis 1990, le S&P 500 a gagné en moyenne environ 2 % entre mai et octobre. En comparaison, le gain moyen est d’environ 7 % de novembre à avril.

En affinant la théorie, on peut cependant trouver des éléments intéressants.

Cette surperformance a été observée non seulement pour les actions à grande capitalisation, mais aussi pour les actions à petite capitalisation et les actions « mondiales ».

Selon le CFRA, depuis 1990, on observe une nette divergence de performance entre les secteurs entre les deux périodes – les secteurs cycliques dépassant aisément les secteurs défensifs, en moyenne, pendant les « six meilleurs mois » de l’année.

Les secteurs de la consommation discrétionnaire, de l’industrie, des matériaux et de la technologie ont notamment surperformé le reste du marché de novembre à avril. En revanche, les secteurs défensifs ont surpassé le marché de mai à octobre au cours de cette période.

À partir de ces observations, CFRA a créé un indice de rotation saisonnière à pondération égale en avril 2018.

 

 

 

De plus il est important de reconnaître que les tendances boursières calendaires telles que « vendre en mai » ne tiennent pas compte du caractère unique de chaque période : l’environnement économique, le cycle économique et le marché qui différencient le présent du passé.

 

 

Synthèse

Les adages boursiers pullulent dans les salles de marché et sont souvent exagérés. Cependant en allant un peu plus loin on peut constater qu’il y a de nombreux enseignements à en tirer. Ces enseignements pourraient nous aider à mieux interpréter cette deuxième partie de l’année et dissiper quelques nuages de début d’année. Enfin, nous répétons une nouvelle fois ici qu’il convient d’observer l’évolution du marché à moyen / long terme ce qui permettra d’enlever un certain stress.

 

Ce texte est tiré de l’infolettre quotidienne de John Plassard, gracieuseté de Mirabaud

 

** Veuillez prendre note que les visuels de notre expert sont présentés en anglais à titre informatif et ne peuvent être traduits par notre équipe. Merci de votre compréhension.