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Vent d’optimisme pour les start-ups

Emmanuel Martinez|Publié le 03 mai 2021

Vent d’optimisme pour les start-ups

La cofondatrice et PDG de Bonjour Startup Montréal, Liette Lamonde (Photo: courtoisie)

DÉFI START-UP. Les multiples vagues de COVID-19 n’ont pas noyé les start-ups montréalaises. Ces dernières semblent au contraire surfer sur cette déferlante, selon des experts du domaine interrogés par Les Affaires.

«Il y a beaucoup d’investissements et d’excitation dans le marché», a affirmé Katy Yam, directrice générale de FounderFuel, l’accélérateur de la firme Real Ventures.

Même constat pour la cofondatrice et PDG de Bonjour Startup Montréal, Liette Lamonde. «Au début de la pandémie, on était vraiment inquiets, mais cela se passe bien. Donc on ne voit pas une hécatombe», a-t-elle dit.

Selon elle, de par son essence, l’entreprise en démarrage est capable de s’adapter et de pivoter pour se réorganiser ou changer son modèle d’affaires. Et cela l’a bien servi durant la crise sanitaire.

«La COVID, c’est une crise, mais l’innovation et les opportunités viennent de grands changements. Nombreuses sont les start-ups qui en ont profité», a souligné de son côté le cofondateur et directeur de l’incubateur District 3, Xavier-Henri Hervé.

«Avant la pandémie, on a eu la pandémie de Trump qui attaquait la science. La COVID a permis de revaloriser la science en montrant sa contribution positive pour la société», a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, pas étonnant que de jeunes pousses liées au domaine de la santé comme Molecular Forecaster, Affinité Instruments et Haleo aient pu jouir de ce mouvement.

Katy Yam souligne également que les secteurs du commerce électronique, des services de paiement, des technologies financières («fintech»), des livraisons et de la robotique ont pris de l’essor avec le confinement.

 

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Accès au marché

Paradoxalement, les interdictions de voyage et la généralisation des rencontres par ordinateur provoquées par les restrictions sanitaires ont eu comme effet de favoriser la prospection de capital et de clients.

«Avant, il fallait absolument se déplacer, comme à New York ou Berlin. Aujourd’hui, c’est par zoom. Cela change la dynamique commerciale. Le simple fait que la start-up ait un meilleur accès aux investisseurs, c’est majeur», a déclaré Xavier-Henri Hervé.

«C’est plus facile d’accéder à du capital, confirme Katy Yam, de Real Ventures. Peu importe l’endroit, on peut faire plusieurs rencontres dans la même journée. Il y a beaucoup d’intérêts de la part des Américains, des Européens et même des Asiatiques pour les start-ups d’ici.»

Elle donne l’exemple de QuoteMachine qui a réussi à attirer des investisseurs espagnols.

Et ces rencontres virtuelles permettent non seulement de trouver plus facilement de l’argent, mais aussi de solliciter davantage de clients hors Québec.

 

Incertitudes

Évidemment, tout n’est pas rose. Des entreprises en démarrage dans le domaine du tourisme, de la culture ou des secteurs favorisant les interactions physiques entre les gens ont souffert.

«Il y a un point d’interrogation concernant les programmes de subventions salariales qui soutiennent artificiellement certaines entreprises. Quand ils se termineront, j’ai hâte de voir celles qui vont survivre», a mentionné Liette Lamonde.

«J’ai toutefois une inquiétude par rapport aux entrepreneures. On a vu un ralentissement et une baisse de candidatures provenant de femmes. Elles ont été plus accaparées par le télétravail et les enfants à la maison. On voit beaucoup de femmes qui reportent leur projet d’affaires. J’ai l’impression qu’on va le payer plus longtemps dans leur cas.»

De son côté, Xavier-Henri Hervé ne constate pas davantage de faillites de start-ups durant la pandémie et il croit que celles qui ont plié bagage auraient disparu quand même. «La COVID n’a fait qu’accélérer leur échec», a-t-il précisé.

Il s’inquiète surtout de voir que les autres entreprises québécoises ne profitent pas assez du potentiel des start-ups d’ici «Ce qui me préoccupe, c’est que les entreprises québécoises n’innovent pas davantage. La tendance, c’est qu’elles sont bien moins susceptibles de vouloir innover par rapport à des entreprises de New York, Berlin ou même Shanghai. Pour une start-up, il est malheureusement plus facile de trouver un client dans un autre pays qu’au Québec.»

«Si on n’achète pas Québécois, la start-up est perdante et les entreprises d’ici sont perdantes. Et cela va profiter à quelqu’un ailleurs. L’innovation d’ici s’en va à l’étranger.»

Il estime néanmoins que l’écosystème des start-ups est plus vigoureux qu’il y a cinq ans à Montréal.

Katy Yam partage cette opinion. «On voit des plus en plus d’entrepreneurs lancer d’autres entreprises ou devenir des anges en investissant dans de nouvelles start-ups avec l’argent gagné dans leurs premiers projets. Cela montre la maturité du marché», a-t-elle soutenu.

«Il y a une roue qui commence à vraiment prendre de la vitesse au Québec. Il n’y pas de meilleur temps pour être un entrepreneur qui offre une solution technique pour le marché.»