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Sylvie Cloutier

La face cachée de votre assiette

Sylvie Cloutier

Expert(e) invité(e)

5 octobre 2022 | 9:22 am

Verdict électoral : des implications pour l’alimentation?

Sylvie Cloutier|05 octobre 2022

Verdict électoral : des implications pour l’alimentation?

Le premier ministre François Legault et sa conjointe Isabelle Brais au terme lors de la soirée électorale du 3 octobre. (La Presse Canadienne)

BLOGUE INVITÉ. Les jeux sont faits. La démocratie a parlé. Le nouveau gouvernement est élu et nous attendons maintenant les nominations du prochain cabinet.

Je tiens d’abord à féliciter le gouvernement ainsi que tous les nouveaux élus qui dirigeront le Québec pour les quatre prochaines années. Je lève aussi mon chapeau à toutes celles et ceux qui auront eu le courage, l’audace et la conviction de se présenter aux élections du 3 octobre, tous partis confondus.

Il n’est pas évident, avec tous les outils de communication, les médias et notamment les médias sociaux, de prendre des positions publiques sans se faire rabrouer, critiquer ou décrédibiliser et ça prend des nerfs d’acier pour passer à travers cela.

Tant pour les candidats et les candidates que pour leur famille et leur entourage.

Le Conseil de la transformation alimentaire du Québec a pris part, à sa manière, au débat électoral. Mes chroniques précédentes vous ont révélé les principaux enjeux de l’industrie alimentaire, variés, insistants et qui ne doivent pas être pris à la légère.

 

La campagne a peu abordé les enjeux de l’industrie

Mais malheureusement, le secteur alimentaire n’a pas fait partie des discussions ou des enjeux de campagne, autre que de le lier à la flambée des prix pour les consommateurs.

Ce qui me choque le plus, c’est que cette industrie a été au premier plan pendant la pandémie, mais relégué aux oubliettes dans les derniers mois.

Reconnues comme service essentiel dès avril 2020, les entreprises alimentaires du Québec ont démontré leur résilience et leur capacité à affronter l’inconnu.

Tout cela avec des moyens plus que limités compte tenu des retraits préventifs du personnel, de la pénurie de la main-d’oeuvre et des ruptures des chaînes d’approvisionnement.

Malgré tout, les entreprises alimentaires ont réussi à livrer la marchandise et à garnir les tablettes des supermarchés!

Le secteur alimentaire est un service essentiel – nous devons tous manger! – et a été au centre des préoccupations gouvernementales pendant deux ans et demi.

Nous avons eu la chance d’avoir des partenaires gouvernementaux qui ont énormément travaillé pour appuyer les transformateurs et les producteurs afin de garantir un approvisionnement stable et de qualité en toute circonstance.

Maintenant, il faut que cet appui soit soutenu dans le temps.

 

L’inflation au coeur du développement

L’inflation, qui est au cœur de nos vies depuis des mois, est particulièrement élevée dans le coût de fabrication des aliments et des boissons.

C’est ce que ressentent les consommateurs qui s’approvisionnent au quotidien.

Avec un pouvoir d’achat qui diminue, les consommateurs doivent choisir ce qu’ils peuvent manger en fonction de leur portefeuille.

Les partis politiques en campagne ont raté l’occasion de prendre le taureau par les cornes et d’énoncer des mesures concrètes, à long terme, pour supporter notre économie en temps d’inflation galopante et de risque de récession.

Un chèque est éphémère, et il n’aidera pas les citoyens à passer au travers de cette période plus difficile.

Les enjeux du secteur alimentaire et ceux de l’ensemble des entreprises au Québec – la pénurie de la main-d’œuvre, les seuils d’immigration, l’inflation, le pouvoir d’achat des consommateurs, l’achat local, les difficultés rencontrées dans la chaîne d’approvisionnement, les coûts exorbitants des transports, etc. – devront être au cœur des priorités de nos élus dans les prochaines années.

C’est pourquoi je crois qu’il est important que l’industrie alimentaire soit désignée officiellement comme un service essentiel, comme les services de santé par exemple.

Ce n’est pas un caprice.

Et il y aura un bénéfice notable pour la population : assurer une stabilité de l’approvisionnement de nos épiceries, des prix et de la protection des travailleurs.

Cette désignation permettrait aussi une planification solide des opérations d’une industrie qui pèse 34 G$ dans l’économie du Québec, tout en évitant les zones grises, comme nous l’avons vécu pendant la pandémie.

Le prochain mandat du gouvernement amorce une période postpandémique, même si celle-ci menace toujours, avec la difficulté de prioriser les projets de développement du Québec.

C’est la raison pour laquelle j’encourage le gouvernement Legault à prioriser les enjeux qui ont des impacts notables sur les services directs aux citoyens, avec la stabilité d’un approvisionnement alimentaire local et abordable en tête de liste.