Vérification: un revenu de base garanti est-il «possible»?
La Presse Canadienne|Publié le 09 septembre 2021La cheffe Annamie Paul utilise des chiffres qui peuvent être confirmés. Cependant, elle applique sa propre interprétation. (Photo: 123RF)
Si une personne dit qu’il pleut et une autre dit qu’il fait beau, le travail journalistique ne consiste pas à citer l’une et l’autre, mais bien à regarder par la fenêtre.
Dans cette rubrique, La Presse Canadienne examine des déclarations de partis politiques en campagne électorale et regarde par la fenêtre pour vous.
La citation
«On sait que le Bureau du directeur parlementaire du budget a déjà dit que oui, en fait c’est possible, et oui, en fait avec un revenu minimum garanti on sortirait presque 50% des personnes de la pauvreté et on sait aussi qu’on peut payer pour ça.» ― la cheffe du Parti vert, Annamie Paul, 8 septembre 2021, débat des chefs.
Les faits
Le directeur parlementaire du budget (DPB) a bel et bien publié trois rapports, en 2018, en 2020, et en 2021, sur les coûts et les conséquences d’un revenu de base garanti.
Toutefois, le DPB n’a pas comme mandat de décider si une mesure est faisable ou pas ; il doit seulement en estimer le prix.
Dans son rapport de 2021, il a déterminé qu’un revenu de base garanti coûterait environ 87 milliards $ en un an, sur la période 2022-2023. Mais il ne s’agit là que du montant brut, qui ne tient pas compte du fait que certains crédits d’impôt pour personnes en situation de pauvreté seraient annulés. Le DPB indique que les coûts de base «pourraient être entièrement compensés par les crédits d’impôts fédéraux et provinciaux existants», qui, une fois coupés, augmenteraient les revenus «d’environ 25%» par année. Tout cela n’est cependant qu’hypothétique, et ne prend pas en compte les possibles changements de comportement des bénéficiaires quant à leur emploi.
De plus, le DPB a en effet jugé qu’un revenu de base réduirait de 49% le taux de pauvreté au Canada. Au Québec, on parle même de 60% de réduction.
Tous les calculs ont été faits en se basant sur un projet pilote ontarien de 2017, qui «garantissait un revenu minimal de 16 989 $» par année pour les personnes célibataires et «24 027 $» pour les couples.
Ce qu’on a vu par la fenêtre
La cheffe Annamie Paul utilise des chiffres qui peuvent être confirmés. Cependant, elle applique sa propre interprétation («c’est possible», «on peut payer pour ça») qui ne doit pas être prise pour une recommandation du DPB.