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Verra-t-on naître une filière du magnésium au Québec ?

Événements Les Affaires|Publié le 01 mars 2019

Verra-t-on naître une filière du magnésium au Québec ?

Et si le Québec devenait le producteur de magnésium le plus vert de la planète ? C’est ce que souhaite l’entreprise Alliance Magnésium qui démarrera cet été des travaux de construction de 105 M$ pour réaliser son projet de production de magnésium, à Asbestos. Joël Fournier, président d’Alliance Magnésium viendra justement parler de ce projet lors de la conférence Objectif Nord, présentée par les Événements Les Affaires, à Québec, le 9 avril prochain.

Quel est ce projet de production de magnésium ?

Joël Fournier : Pendant des années, les exploitants des mines d’amiante à Thetford Mines et Asbestos ont accumulé des millions de tonnes de résidus. Plus de 800 millions de tonnes pour être exact. Ces montagnes de sable gris -sans plus aucune trace d’amiante- sont composées de roche serpentine qui contiennent du magnésium. Selon des analyses, ces résidus, qui sont déjà extraits et broyés, contiennent plus de 25% de magnésium. Ce qui en fait un gisement exceptionnel accessible sans avoir à composer avec les risques liés aux opérations d’extractions minières souterraines.

Combien de tonnes pourrez-vous produire par année ?

J.F. : La phase 1, qui sera en service dès 2021, produira 12 000 tonnes de magnésium. Notez que le magnésium est si en demande que notre production des cinq premières années est déjà vendue. Raison pour laquelle nous aimerions entreprendre les travaux de la phase 2, estimés à 500 M$, dès 2022. Cette 2e phase permettra de produire plus de 50 000 tonnes par année. Nos installations auront la particularité de produire du magnésium primaire et secondaire. Le magnésium primaire proviendra des résidus de serpentine et le magnésium secondaire sera issu du recyclage de matières qui sont déjà composées de magnésium.

Bannière présentant la conférence Objectif nord

À quoi sert le magnésium ? Dans quels objets en trouve-t-on ?

J.F. : Le principal marché du magnésium demeure celui de la production d’alliage en aluminium. Plus il y a du magnésium dans l’alliage, plus la solidité de l’aluminium augmente. Prenez par exemple les composantes d’une cannette de boisson gazeuse. La cannette elle-même contient environ 1% de magnésium, le dessus, lui, en contient près de 4%. Par contre, la goupille, plus rigide, en contient 12%. L’autre marché majeur qui utilise le magnésium demeure l’industrie automobile.

Avez-vous des exemples ?

J.F. : Le magnésium a la particularité de réduire les vibrations. Ce qui explique pourquoi on le retrouve dans une teneur de 90% à 95% dans plusieurs pièces automobiles. C’est notamment le cas des volants et des colonnes de direction.

Vous soutenez que cette production sera l’une, sinon la plus verte de la planète, pourquoi ?

J.F. : Actuellement, ce sont les Chinois qui détiennent 85% des parts de la production de magnésium. Leurs procédés d’extraction sont très polluants. Pour chaque tonne de magnésium produite, ces producteurs rejettent au moins 20 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Chez nous, grâce à un procédé plus propre et tout aussi efficace, la production de chaque tonne de magnésium équivaudra à 2,5 tonnes de CO2.