À distance, on peut aisément se sentir seul et déconnecté des autres. Pour y remédier, es entreprises offrent des espace de mentorat à la fois virtuel et gratuit. (Photo: Getty Images)
S’ADAPTER À LA CRISE. «On va avoir de nouvelles façons de travailler. Le monde du travail ne sera plus pareil après la pandémie du nouveau coronavirus», a prédit Horacio Arruda, le directeur national de santé publique, lors d’un point de presse de la fin d’avril. À tort ou à raison ?
Il est vrai que, du jour au lendemain, il nous a fallu apprendre à travailler autrement. Par exemple, 66 % des Canadiens se sont mis au télétravail – pour la première fois de leur vie pour la plupart d’entre eux -, selon un sondage de la firme de recrutement Robert Half. Ce qui ne s’est pas fait sans heurts, comme en atteste un sondage nord-américain mené par le cabinet-conseil en management Gallup:
- 55 % des employés à temps plein se sentent efficaces dans leur travail à distance.
- 54 % d’entre eux se sentent bien connectés avec leur patron immédiat, même si c’est à distance.
- 49 % d’entre eux pensent que leur patron immédiat se soucie vraiment de leur efficacité et de leur bien-être dans ces conditions de travail inédites.
«Les employeurs et les gestionnaires jouent un rôle déterminant dans l’adaptation des employés à l’événement extraordinaire que nous subissons tous. Mais il se trouve que seulement un employé sur deux estime que ceux-ci sont à la hauteur de la situation. Ce qui est largement insuffisant…», dit Jim Harter, scientifique en chef au lieu de travail et au bien-être de Gallup.
Autrement dit, nos organisations peinent à changer leurs façons traditionnelles de travailler. Certaines s’en sortent bien, d’autres pas du tout. Cela semble reposer en grande partie sur la capacité des gestionnaires d’embarquer tout le monde dans le changement.
Comment y parvenir mieux dans les semaines et les mois à venir, vu que le nouveau coronavirus est là pour sévir parmi nous «pendant encore un bon bout de temps», comme le martèle M. Arruda lui-même ? Peut-être bien en nous inspirant de deux tendances émergentes.
Le mentorat à distance
À distance, on peut aisément se sentir déconnecté des autres. Pour y remédier, la start-up montréalaise Élo a créé la «Zone de soutien aux entrepreneurs et gestionnaires – COVID-19», un espace de mentorat à la fois virtuel et gratuit. Il y est possible de lancer et de participer à des discussions, de recueillir l’avis de ses pairs, ou encore de partager ses bons et moins bons coups.
«Chacun de nous a besoin d’entraide et de soutien, surtout en période difficile. Voilà pourquoi nous avons créé cet espace inspirant destiné à ceux qui se doivent de mener la parade du changement», dit Catherine Légaré, cofondatrice d’Élo.
Le «coaching» à distance
Marc Dumaine, président d’Asana Coaching, a vu toutes ses conférences annulées et a dû fermer son entreprise montréalaise. Cela lui a donné l’idée de travailler autrement, en mettant l’accent sur les médias sociaux.
Dans ces séances, il s’adresse à ceux qui visent l’excellence dans leur vie personnelle et professionnelle, peu importe qu’ils soient – comme c’est le cas pour sa clientèle régulière – champion olympique, vedette du cinéma, courtier immobilier, entrepreneur, ou encore gestionnaire.
«Nous vivons une toute nouvelle solitude, une solitude qu’il nous faut apprivoiser afin d’apprendre à nous traiter comme la personne la plus importante du monde, dit-il dans ces séances, avec un sourire contagieux. D’autant plus que nous avons du temps à nous, du temps pour être avec nos proches, pour nous entraîner, pour établir un plan alimentaire.»
Le fil conducteur de ces deux tendances ? La bienveillance, envers soi comme envers autrui. Voilà, donc, la clé permettant de mieux travailler autrement dès demain matin, de nous adapter avec succès aux temps nouveaux qui se profilent à l’horizon.