Pour la santé mentale de vos employés, il est important de renforcer la sécurité sur les lieux de travail en fournissant du gel désinfectant, des masques, etc. (Photo: Getty Images)
SANTÉ DES EMPLOYÉS. Au Québec, 1 employeur sur 2 (48 %) se dit aujourd’hui sensibilisé aux questions de santé mentale, selon un récent sondage Léger mené pour le compte de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. «Il est encourageant de constater que la pandémie du nouveau coronavirus a eu cet effet positif de lever partiellement le tabou de la santé mentale en entreprise, commente Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre. Mais il est clair qu’il y a maintenant du pain sur la planche à ce sujet, vu que notre sondage montre également que un employé sur trois souffre d’anxiété par rapport à son travail, une proportion qui grimpe à 43 % chez les 18-34 ans.» Et d’ajouter : «Afin d’éviter une prochaine crise sociale, les employeurs ont tout intérêt à mettre rapidement en place des conditions de travail saines et sécuritaires, propices au bien-être des employés.»
C’est ce qu’a intuitivement saisi la haute direction de Farinex, un distributeur et importateur de matières premières pour les boulangers, dès la mise sur pause de l’économie québécoise décrétée par le premier ministre François Legault. «En tant que service essentiel, nous avons tenu à réconforter tout le monde, raconte Sandra Drouin, directrice générale de Farinex. Nous avons installé une affiche géante «Ça va bien aller» à l’extérieur de nos locaux de Boisbriand, visible de l’autoroute 15. Et d’autres plus petites, à l’intérieur, pour les employés. Par ailleurs, nous avons offert à tout le monde, y compris ceux qui étaient en télétravail, une boîte à lunch hebdomadaire concoctée avec amour par notre chef, ce qui a été très apprécié.»
Après le réconfort, le confort. «Tout aussi important, dit-elle, nous avons renforcé la sécurité : gel désinfectant, gants, masques, installations en plexiglas, adaptation des procédures, etc. Nous avons abondamment communiqué, à l’aide de rencontres virtuelles et physiques (à deux mètres de distance), dans le but d’éclairer et de rassurer. Enfin, nous avons fait preuve de plus de souplesse qu’auparavant sur des points pour lesquels nous étions inflexibles, comme la conciliation travail-famille.»
Réconforter, sécuriser, communiquer et s’adapter. Telles sont, en résum é, les mesures adoptées par Farinex. Une démarche clairement gagnante, aux yeux de la coach Ilham Maadini…
«Les employeurs doivent saisir que la pandémie de COVID-19 a un impact considérable sur la santé mentale de leurs employés, explique-t-elle, car le cerveau reptilien de chacun d’eux s’est mis en mode survie, ce qui est source de stress, d’anxiété et de déséquilibre psychologique. Et de graves séquelles psychiques, à la longue.»
D’où la nécessité pour un employeur d’y remédier sans tarder, en faisant siennes les trois lignes directrices suivantes, d’après Ilham Maadini :
1. Apaiser
Il faut rasséréner tous les employés, en tenant compte de la réalité personnelle et professionnelle de chacun d’eux. «La clé, c’est de créer un sentiment de sécurité, tant physique que psychique», indique-t-elle.
2. Connecter
«Chaque employé doit se sentir connecté en permanence à l’ensemble des autres, même s’il fait du télétravail, ajoute-t-elle. Ce qu’il faut, c’est créer une sensation de proximité.»
3. Renforcer
«L’employeur doit également en profiter pour renforcer le lien qu’il a avec ses employés, dit-elle. Ce qui peut se faire en parlant de temps en temps aux uns et aux autres pour prendre des nouvelles, pour donner une tape symbolique sur l’épaule, ou encore juste pour dire merci.»
Un mot résume tout cela, ou plutôt une vertu dont doivent faire preuve les employeurs qui entendent dynamiser leurs activités au mieux, en cette période de fortes turbulences : l’empathie. «Oui, l’empathie, dit Martine Lacharité, directrice générale et secrétaire de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec. Pour être en mesure de surmonter ensemble les difficultés actuelles, et surtout éviter de les accentuer (ex. : mettre davantage de pression sur les membres de l’équipe…), les gestionnaires et la haute direction doivent faire preuve d’écoute, de flexibilité, autant envers les autres qu’envers… eux-mêmes.»
Autrement dit, il leur faut vraiment se mettre à la place des employés, et agir comme eux-mêmes aimeraient qu’on agisse à leur égard. C’est aussi simple que ça.