«C’est ainsi qu’on transforme une erreur en apprentissage.» (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Dites-moi comment vous gérez vraiment les erreurs dans votre équipe et je vous dirai comment vous apprenez!
Par le passé, on croyait que les gagnants dans le monde des affaires étaient «les gros poissons [qui] mangent les petits». Maintenant, on entend que ce sont les poissons les plus rapides qui s’en sortent le mieux.
Y a-t-il une meilleure façon de faire cela que d’apprendre dans l’action; se tromper souvent et apprendre rapidement?
Aussi controversé cela puisse semblé, je suis d’avis qu’il n’existe pas vraiment d’erreur ni d’échec. Il n’y a que des expériences. Et toute expérience enrichit nos apprentissages. Voici pourquoi :
Qu’est-ce qu’une erreur?
On entend souvent : «j’ai commis une erreur, je n’ai pas pris la bonne décision».
Déjà, je vous invite à faire preuve d’induglence envers vous-même quelques instants:
1. Nous avons une décision à prendre. À l’instant T, nous le faisons au meilleur de nos connaissances. Toujours !
2. Le temps passe et de nouvelles informations font surface.
3. On se rend compte, quelques fois, que la décision que nous avons prise à l’instant T n’est plus la meilleure.
4. C’est ce qu’on qualifie alors d’erreur.
Si on s’arrête là, c’en est effectivement une.
Or, une cinquième étape permet d’aller au-delà de cette impression désagréable de ne pas avoir pris la bonne décision pour grandir, et en prendre de meilleures par la suite. On doit se demander:
5. Qu’a-t-on appris? Qu’est-ce qu’on va faire différemment la prochaine fois ?
C’est ainsi qu’on transforme une erreur en apprentissage.
Comment se servir des erreurs individuelles au sein d’une équipe ?
Dans l’absolu, toutes les équipes aiment bien croire qu’elles gèrent les erreurs avec grâce, dans l’ouverture et l’acceptation.
Dans les faits… hum! Si le pointage de doigts et la course au coupable étaient des sports, plusieurs arboreraient des médailles.
Apprentissage en continu et gestion des erreurs sont les deux côtés d’une même médaille. Pour bien apprendre ensemble, c’est important de pouvoir nous parler de nos erreurs.
Les bottines suivent-elles les babines ?
Dans une équipe apprenante, l’humain et ses apprentissages sont imbriqués dans les objectifs d’affaires.
Pour ceux qui se disent: «ouin, c’est bien beau tout ça. Mais dans la vraie vie, ça ressemble à quoi ?»
Prenons le cas de mon entreprise Réseau Annie RH:
• Je l’ai fondée il y a plus de 15 années.
• Notre équipe ne cesse de croitre.
• À ce jour, j’ai desservi plus de 500 entreprises.
• Mon entreprise est en pleine croissance : notre chiffre d’affaires a doublé en trois ans.
Donc, dans mon entreprise, je répète régulièrement:
Je crois fermement que si on ne fait jamais d’erreurs, c’est qu’on ne va pas assez vite!
Si on ne se trompe pas, c’est que:
• nous sommes restés dans notre zone de confort
• nous avons reproduit (bêtement) ce que nous savions déjà
• nous n’avons pas pris de risque.
Or ça, à mes yeux, c’est la description d’une équipe éteinte, plate, emmerdante.
Je ne voudrais pas travailler là… et mes collaborateurs non plus!
Comment aborde-t-on les erreurs dans mon entreprise?
On les célèbre: on les dit fièrement (il y a même parfois qui en cherche pour se vanter).
Derrière chaque erreur, il y a quelqu’un qui a:
• Étiré son élastique
• Pris un risque
• Essayé quelque chose pour une première fois
• Avancé dans l’incertitude
• S’est fait confiance
• A osé en prenant une décision qui sortait du cadre
Que de raisons de célébrer!
Il n’y a pas juste nous! Il y en a d’autres des entreprises pro-apprentissages rapides. Je pense notamment à Emplois Spécialisés, une dynamique entreprise québécoise qui se démarque dans le monde du recrutement web par sa proactivité.
Comment avons-nous créé une culture d’apprentissage?
Vous voulez implanter ça dans votre équipe… mais vous ne savez pas comment y parvenir?
Ça commence par le haut: par le gestionnaire de l’équipe.
Je plains les gens qui nourrissent l’idée que le succès est une belle ligne droite.
Au contraire, c’est plein d’essais, d’erreurs et d’apprentissages.
Ce sont des flèches qui partent dans tous les sens. Quelques-unes aboutissent à des réussites, la majorité arrête en cours de route.
Je partage fièrement avec mon équipe mes gaffes. Je choisis de donner le ton et l’exemple. J’ouvre la porte aux autres.
Vous vous dites peut-être : «moi aussi je fais ça! Dans mon équipe, on accepte les erreurs».
Comparons-nous. À quelle fréquence le leader de l’équipe et les équipiers partagent-ils ouvertement et fièrement leurs erreurs et leurs apprentissages au sein de votre organisation?
Chez nous, c’est tous les mois. On se trompe souvent et on apprend super vite!
Et si mon boss n’embarque pas là-dedans
Malheureusement, ce sera difficile de créer une telle culture dans votre équipe.
Les personnes qui vont faire les premiers pas prennent de gros risques. Elles s’exposent aux jugements.
Cela dit, rien n’est impossible.
Dans un environnement où l’erreur est condamnée et qu’il est difficile d’en faire la promotion, vous pouvez au moins prendre conscience de vos comportements et réflexes lorsqu’arrive une bavure (la vôtre ou celle de quelqu’un d’autre).
Je me demande lequel des deux comportements suivants me correspond le plus:
• Est-ce que je tente de remporter l’épreuve du «pointage de doigt» et la «course à trouver à qui la faute»?
• Est-ce que je souligne le positif derrière le comportement (la prise de risque)?
Je vous lance donc la question : qu’avez-vous appris à la suite votre dernière erreur ?
