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Nicolas Duvernois

Chronique d'un entrepreneur

Nicolas Duvernois

Expert(e) invité(e)

Vos données personnelles ne vous appartiennent déjà plus!

Nicolas Duvernois|Publié le 16 juillet 2019

Vos données personnelles ne vous appartiennent déjà plus!

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Depuis quelques semaines, la confidentialité et la protection des données personnelles sont sur toutes les lèvres. Sujet tendance, il est facile de croire que c’est la révolution et surtout la démocratisation technologique qui a mis de l’avant ce phénomène.

Pourtant, comme le prouve Georges Orwell dans son roman «1984» publié en 1949, la crainte de se faire surveiller par «big brother» est présente depuis des décennies, voir mêmes depuis des centaines d’années.

Le vol d’informations ou de données existe depuis la nuit des temps. Antiquité, Révolution Française, Nazisme, Gestapo, Guerre froide, les exemples ne manquent pas.

Aujourd’hui, bien que le vol de données existe encore à des fins politico-économiques, il est la nouvelle manne des groupes criminels qui rêvent de voler votre identité pour vous frauder. 

L’humain est une «bibitte» que je comprends mal parfois. Autant il s’insurge lorsqu’il est à risque de fraude, autant il accepte, avec le plus grand des plaisirs, que certaines entreprises l’épient comme un poisson rouge dans un bocal. 

Savez-vous que les photos et textes que vous mettez sur les différents réseaux sociaux ne vous appartiennent plus dès la seconde où vous les partagez? Les photos de vos enfants à la piscine, de votre party de famille au chalet ou de votre plat de spaghetti au restaurant appartiennent à Facebook, Instagram et les autres.

Savez-vous que le cellulaire que vous avez dans vos mains à longueur de journée, que la radio satellite que vous écoutez, que le moteur de recherche qui vous aide tant dans vos recherches, que le système de divertissement qui meuble vos temps libres savent déjà absolument tout sur vous? Ce que vous aimez, ce que vous regardez, où vous allez, à qui vous parlez…

Le plus ironique dans l’histoire est que nous sommes en majorité tous prêts à payer afin de nous faire espionner. Des milliards de membres que comptent les différentes plateformes sociales, l’écrasante majorité accepterait de payer une mensualité afin de garder leur compte ouvert. J’en suis absolument convaincu. 

Pensez-vous que vous recevez par hasard cette publicité du zoo de Granby sur votre fil d’actualité quelques minutes après avoir fait une recherche d’activités à faire en famille en Estrie sur Google?

J’ai déjà eu l’idée de fonder une entreprise afin de vendre vos données personnelles. Le plan d’affaires était simple. Mon entreprise (qui n’a jamais vu le jour) allait vous payer afin de vendre vos informations personnelles. Fini le don de soi, j’allais vous rémunérer afin de partager votre vie. Après tout, vous donnez déjà ses mêmes données entièrement gratuitement! Pourquoi laisser de l’argent sur la table? Pourquoi enrichir une multinationale que vous ne connaissez pas au lieu de vous enrichir vous-mêmes?

La véritable valeur de Facebook et compagnie ne réside pas la vente de vos photos de chats ou des «posts» avec plus de fautes d’ortographes que de mots, mais dans les revenus provenant de la vente de vos informations personnelles, point final. La confidentialité n’existe plus. 

Maintenant, que faire? Accepter et aller de l’avant en acceptant que notre vie n’a plus de secret, ou se battre afin que notre activité en ligne soit protégée et notre historique technologique détruite au fur et à mesure de notre utilisation? La question est facile à poser, la réalité est bien plus complexe.

À mes yeux, une immense réflexion doit se faire. Les gouvernements, seules autorités pouvant légiférer, doivent agir. 

L’accumulation des données personnelles, utilisées avec la plus grande précaution, peut cependant s’avérer pratique. Wal-Mart traite plus d’un million de transactions par heure. Ce «big data» accumulé permet, par exemple, d’affiner l’offre à sa clientèle afin qu’elle trouve ce qu’elle veut vraiment. Faciliter d’achat, facilité d’inventaire, meilleure offre.

L’exemple semble anodin, mais multiplié par toutes les entités qui accumulent les données, notre monde devient bien différent. Personnellement, je n’ai rien contre le fait que l’on analyse mes habitudes de consommation en toute confidentialité afin de faciliter mon quotidien. Cependant, une grande question persiste. Pouvons-nous avoir confiance envers ces entreprises qui accumulent nos données pendant que les gouvernements se tournent les pouces?