«C’est comme si la science-fiction devenait réalité», assure Scott Crowder, vice-président adoption et développement des affaires d’IBM Quantum. (Photo: Carson Masterson pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Le déploiement de la technologie quantique, sur laquelle planchent des chercheurs depuis quelques décennies déjà, pourrait arriver plus rapidement que vous ne le pensez, et IBM Quantum veut mener la parade.
Même s’il reste encore du travail à faire, cette technologie émergente se rapproche progressivement de la transformation radicale du monde des affaires.
«C’est comme si la science-fiction devenait réalité», assure Scott Crowder, vice-président adoption et développement des affaires d’IBM Quantum.
Celui-ci s’est intéressé à l’informatique quantique pour la première fois lorsqu’il est devenu directeur technique d’IBM Systems en 2015. À l’époque, il n’existait pas de codeur ou de développeur quantique, et l’une de ses tâches consistait à rester à l’affût des technologies émergentes.
«Si vous vouliez utiliser un ordinateur quantique, vous deviez le construire vous-même», se souvient-il.
Avec 35,5 milliards de dollars américains d’investissements gouvernementaux et commerciaux dans le monde, la technologie est en plein essor et son potentiel dans tous les secteurs est sans précédent.
Puissance exponentielle
Alors, en quoi l’informatique quantique diffère-t-elle des ordinateurs classiques ?
«Un ordinateur quantique utilise une science de l’information complètement différente de celle d’un ordinateur classique, explique Scott Crowder. Il n’est pas seulement plus rapide, il utilise la mécanique quantique pour effectuer des calculs.»
Alors que les bits des ordinateurs classiques stockent l’information sous la forme de 0 ou de 1, les ordinateurs quantiques utilisent des qubits, des particules subatomiques qui peuvent exister dans plusieurs états distincts à la fois. Ainsi, la puissance quantique augmente de façon exponentielle, alors que la puissance des ordinateurs classiques ne peut augmenter que de façon linéaire.
Cela signifie que les ordinateurs quantiques peuvent explorer un très grand nombre de possibilités pour trouver des solutions potentielles à un problème de manière beaucoup plus efficace que leurs homologues traditionnels.
«L’ordinateur quantique comportant de 260 à 270 qubits aurait le même nombre d’états distincts que le nombre d’atomes de l’univers connu», souligne le vice-président.
En 2020, IBM a présenté pour la première fois sa feuille de route pour parvenir à une informatique quantique pratique à grande échelle et a atteint chacun de ses objectifs dans les délais prévus. La société exploite actuellement plus de 20 ordinateurs quantiques, son plus grand système comptant 127 qubits. Selon Scott Crowder, cela représente plus que la capacité maximale du plus gros supercalculateur au monde.
Plus tôt cette année, l’entreprise a dévoilé une stratégie actualisée qui présente des plans pour de nouvelles architectures modulaires et de nouveaux réseaux, permettant à ses systèmes quantiques de compter jusqu’à des centaines de milliers de qubits.
Préparer le terrain
L’un de ses principaux objectifs est de simplifier la technologie et de guider les chefs d’entreprise dans la compréhension de l’informatique quantique, afin qu’ils puissent se positionner efficacement pour tirer parti de son potentiel industriel une fois la technologie arrivée à maturité.
«Nos partenaires de l’industrie comprennent l’importance des pratiques liées à cette technologie et développent leurs compétences pour les maîtriser», dit Scott Crowder.
Toutefois, les problèmes de diversité persistent dans ce domaine et la pénurie de talents pourrait constituer un obstacle à une percée quantique.
Le récent rapport Bâtir une économie quantique du Forum économique mondial sur l’état de l’informatique quantique révèle un besoin crucial de compétences dans le domaine quantique, malgré l’engouement mondial pour les possibilités offertes par cette technologie.
L’étude a également révélé que plus de la moitié des entreprises quantiques recrutent actuellement et peinent à trouver des personnes possédant les compétences nécessaires pour occuper de nouveaux postes dans un marché émergent.
Les promesses du quantique
Selon Scott Crowder, cela représente une belle occasion d’encourager une plus grande diversité et une meilleure inclusion dans le domaine.
«Nous avons ici une possibilité vraiment intéressante de tirer parti de la nouveauté des quanta pour attirer dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques une nouvelle main-d’œuvre qui représente davantage la diversité mondiale», dit-il.
Selon lui, cette nouvelle technologie pourrait également permettre de tracer la voie vers la lutte contre la crise climatique.
«Par exemple, les entreprises Mercedes-Benz et Mitsubishi Chemical se sont associées chacune de leur côté à IBM pour explorer l’informatique quantique en ce qui a trait à la composition chimique des batteries, tandis que Boeing cherche à optimiser les matériaux composites grâce à l’informatique quantique», dit-il.
«L’industrie s’engage avec nous aujourd’hui parce que ses dirigeants réalisent que cette méthode de calcul pourrait avoir des incidences massives sur le développement de nouveaux matériaux tout en réduisant les coûts et les délais. Tout bien considéré, cela aurait une répercussion directe sur le changement climatique», conclut-il.
Karl Moore et Stéphanie Ricci. Karl est professeur associé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Stéphanie est diplômée en journalisme et en sociologie de l’Université Concordia.