En aucun temps, le revenu d’activités ne dicte à lui seul l’obligation de s’incorporer ou non. C’est un ensemble de facteurs qui déterminent s’il faut s’incorporer ou non.. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Au fil des dernières années, j’ai eu la chance d’évoluer dans un cabinet comptable et par la suite dans un cabinet de gestion de patrimoine. N’importe quelle personne qui travaille dans le domaine financier va être heurtée à la question suivante : à quel moment dois-je incorporer mes activités d’exploitation?
J’ai entendu des milliers de réponses champ gauche et champ droit. Une des pires réponses que j’ai entendues est : tu dois t’incorporer lorsque tu fais 80 000$ de revenus par année. Je vous explique pourquoi dans les lignes qui suivent.
Avantages de l’incorporation
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de comprendre les avantages de l’incorporation.
- Il y a possibilité de reporter l’imposition. C’est important de comprendre que le fait d’avoir une entreprise ne permet pas d’éliminer l’imposition;
- Le particulier et l’entreprise ont des personnalités juridiques distinctes. Cela permet d’éviter des poursuites personnelles. En revanche, dans certaines situations vous pouvez tout de même être tenu responsable à titre personnel (fraude, etc.);
- L’incorporation permet la modulation des revenus. Lorsque vous avez une entreprise, vous avez une déclaration de revenus de la société et une déclaration de revenus du particulier. Vous pouvez donc décider de vous verser le salaire et/ou dividende qui vous convient en fin d’année. À titre de travailleur autonome, vos revenus doivent être reportés en totalité dans votre déclaration de revenus personnelle.
Une question de coût de vie
En aucun temps, le revenu d’activités ne dicte à lui seul l’obligation de s’incorporer ou non. C’est un ensemble de facteurs qui déterminent s’il faut s’incorporer ou non. Ce qui est important de savoir, c’est de déterminer le revenu net (revenus moins les dépenses) de vos activités et de le comparer avec votre coût de vie.
Si vous êtes en mesure de laisser beaucoup d’argent dans votre entreprise, vous devriez penser à vous incorporer. Un médecin qui fait 500 000 $ de revenus et qui a besoin de 500 000 $ pour vivre n’est pas obligé de s’incorporer. Si vous siphonnez la totalité de l’argent de l’entreprise chaque année, l’incorporation n’est pas probablement pas faite pour vous.
Je l’ai dit plus tôt, un des principaux avantages de l’incorporation est le report d’impôts, lorsqu’on vide l’entreprise chaque année, on ne laisse pas opérer la magie du report d’impôts.
Questions à poser
Avant de s’incorporer, il y a plusieurs questions à se poser.
- Êtes-vous en mesure d’épargner beaucoup par année? Si oui, vous pourriez laisser l’argent dormir et faire des petits dans la société;
- Avez-vous accès à des crédits d’impôts pour l’entreprise ou à des avantages fiscaux à titre personnel si vous gagnez un plus faible revenu? Au lieu de déclarer 200 000 $ par année, vous avez la possibilité de vous verser 60 000 $ de votre entreprise ainsi que de collecter des allocations familiales et d’autres bonbons fiscaux;
- Les biens ou services que vous offrez peuvent-ils faire l’objet d’une poursuite? Si vous pouvez vous faire poursuivre, vous devriez vous incorporer pour dissocier vos activités professionnelles de votre situation personnelle;
- Vous voulez exercer vos activités pendant combien de temps? À quoi bon s’incorporer, si l’on veut exercer ses activités pendant cinq ans? Les frais d’incorporation (notaires, comptables) vont venir gruger votre avantage fiscal à court terme;
- Avez-vous besoin de financement pour vos activités? Si oui, l’obtention de financement est plus facile pour une entreprise que pour un particulier;
- Avez-vous besoin de vous incorporer pour offrir vos services? Dans certains cas, les fournisseurs ou les clients requièrent que leurs partenaires d’affaires soient incorporés.
À la lumière de tout ce qui précède, allez-vous vous incorporer finalement? L’important c’est d’arrêter de faire des raccourcis intellectuels et des analyses de coin de table. L’accompagnement professionnel a un coût, mais ce n’est jamais plus élevé qu’un mauvais conseil.