(Photo: Getty)
D’une année à l’autre, les éditions du Mobile World Congress de Barcelone se suivent, mais ne se ressemblent pas tant que ça. Signe d’une effervescence dans le sans-fil, qui se transforme si rapidement que, d’une année à l’autre, les thèmes forts de l’industrie changent du tout au tout.
Ça risque d’être un peu plus simple pour les quelques années à venir, puisque tous les esprits sont tournés vers un seul et même thème, qui domine tous les autres : l’arrivée des réseaux sans fil de cinquième génération, ou 5G. C’est une évolution si importante face aux réseaux actuels (4G, ou LTE) que ça a davantage des allures de révolution.
Imaginez, on promet que la 5G libérera enfin les premières vraies applications d’intelligence artificielle, qu’elle mettra au monde les premiers réseaux de voitures connectées et autonomes, et qu’elles permettront de connecter à un réseau Internet sûr et rapide même les gens les plus éloignés des grands centres.
La seule chose que promet la 5G pour le consommateur canadien moyen, à court terme, c’est qu’elle pourrait rendre caduques les sans-fils achetés ces jours-ci, aussi tôt que dans 2 ans. Pas qu’ils cesseront de fonctionner, ça non, mais ils seront automatiquement relégués dans l’ombre d’une nouvelle technologie qui aura coûté la peau des fesses aux fournisseurs. Ils voudront donc insister un peu plus qu’à la normale sur leurs plus récents jouets…
Attention! Un réseau 5G peut en cacher un autre
À ce propos d’ailleurs, préparez-vous à devoir faire la nuance entre (au moins) deux technologies de réseaux 5G. Car les équipementiers comme Ericsson et Huawei comptent d’abord proposer des antennes hybrides transmettant à la fois les signaux numériques 3G, 4G et 5G. Éventuellement, de véritables antennes 5G seront progressivement activées.
À la fin de l’an dernier, le fournisseur américain AT&T a pour sa part commencé à utiliser l’appellation «5G E» sur certains appareils, pour identifier une version améliorée de sa technologie… 4G (LTE).
Ça rappelle que dans les mois précédant l’avènement de la technologie 4G, justement, AT&T a fait la même chose en qualifiant certaines technologies 3G de 4G. Des fournisseurs canadiens ont fait de même.
Inutile de dire que ça a créé une tonne de confusion, sur laquelle plus d’un vendeur a certainement joué pour liquider des appareils en fin de vie en les faisant passer pour le nec plus ultra de la connectivité sans fil.
La question qui tue
La question qui tue, donc, celle que vous devrez poser à tout prix, est la suivante : le sans-fil que vous comptez acheter d’ici deux ans, pourra-t-il être compatible avec les premiers réseaux 5G? Ou, inversement, ce sans-fil 5G que vous serez parmi les premiers à acheter, comment se comportera-t-il une fois loin de la région couverte par les premières antennes 5G?
Car déjà, au MWC de Barcelone cette semaine, on a pu voir quelques nouveaux appareils 5G être dévoilés. Un de ceux-là est le Mate X de Huawei, qui a retenu l’attention par son format pliable inédit. Mais sous le capot aussi, le Mate X a une caractéristique intéressante : il a été conçu pour se connecter au meilleur réseau disponible, qu’il soit 3G, 4G ou 5G. Chez Huawei, on explique que cette même capacité, unique au monde, sera introduite sur tous les nouveaux mobiles 5G qui seront vendus au Canada cette année.
D’autres fabricants arriveront au même résultat en recourant plutôt à deux processeurs de signal séparés. D’autres encore, et ils sont plus nombreux, vont plutôt offrir une variante 4G-LTE de leurs mobiles, et une variante 5G. C’est ce qu’on a vu du côté de Samsung et du tout nouveau Galaxy S10.
En d’autres mots, tous les appareils n’interagiront pas de la même façon avec les réseaux LTE actuels, et les réseaux 5G à venir. Un détail sur lequel il faudra vous pencher dès votre prochain magasinage, semble-t-il.
De la 5G dès 2019… mais pas partout
De la 5G dès cette année? C’est ce que promettent Nokia, Ericsson et Huawei, trois des plus importants équipementiers du secteur, qui se chamaillent évidemment pour profiter des juteux investissements que devront faire les fournisseurs de services sans fil de par le monde pour donner vie à toutes ces promesses.
D’ailleurs, les premiers réseaux 5G voient tranquillement le jour en ce moment. Aux États-Unis, la plupart des grandes villes auront une forme ou une autre de 5G en place avant la fin de l’année. En Asie, quelques marchés ont déjà accès à la technologie, quoique de façon très limitée. En Europe, on se chamaille actuellement à savoir s’il faut écouter les États-Unis devant le rouleau compresseur technologique qu’est Huawei, avant d’investir.
Les réseaux canadiens aussi, sont prudemment attentistes. Des tests sont faits dans les principaux centres urbains, mais rien ne presse. Huawei, Ericsson et les autres sont déjà présents, et conjointement avec Bell, Rogers et Telus, à tout le moins, ils ont mis en place pour plus d’un milliard de dollars de matériel afin de préparer la venue de la 5G au pays.
Le cas Huawei
Dans les télécoms comme ailleurs, le Canada est pris dans la conjoncture politico-économique opposant les États-Unis et la Chine. Huawei a été ciblée comme incarnant le «malaise chinois», pour ainsi dire, par l’Oncle Sam, qui craint qu’une présence écrasante de l’équipementier chinois dans des réseaux qui pourraient jouer un rôle crucial dans la croissance économique de la décennie à venir lui cause préjudice.
Notez bien que Washington n’est pas seule à critiquer l’approche plutôt cavalière des sociétés chinoises à l’égard de la propriété intellectuelle produite par des entreprises nord-américaines. Des gens d’affaires du Canada et du Québec en ont fait les frais par le passé.
C’est d’ailleurs un des dossiers les plus épineux des négociations entre la Chine et les États-Unis, à l’heure actuelle, pour tenter de faire tomber les fameuses barrières tarifaires du président Trump. Sans doute que dès l’instant où ces négociations déboucheront, Huawei retombera dans les bonnes grâces de tout le monde.
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