(Photo: 123RF)
À VOS AFFAIRES. Lorsqu’on fait des projections pour savoir quel genre de portrait financier nous attend, on doit poser une foule d’hypothèses. Parmi celles-ci, on retrouve le taux d’inflation, le taux d’augmentation de votre revenu de travail et le taux de rendement de votre portefeuille. Je l’ai déjà écrit et je le réitère, rien n’est plus important que le taux de rendement de votre portefeuille.
Or, il existe des normes de projections que l’Institut québécois de planification financière publie chaque année. Ces normes, qui ont notamment trait aux taux de rendement à utiliser pour différentes catégories d’actifs, devraient être respectées si on veut travailler dans les règles de l’art. Ces règles font en sorte que les projections sont censées être «réalistes». On fait cependant face à un problème dans l’utilisation de ces normes: les frais applicables. Alors que les frais de placement facturés par les gestionnaires peuvent venir directement réduire le rendement brut estimé de votre portefeuille, les honoraires de votre conseiller devraient bénéficier d’un traitement spécial, et ce, pour deux raisons.
La première est que ces frais sont déductibles pour les comptes non enregistrés (hors REER, hors CELI…). En tenant compte de l’économie d’impôt, ces frais ne devraient donc pas réduire directement le rendement de votre portefeuille.
La deuxième raison pour accorder un traitement particulier aux honoraires que vous payez à votre conseiller est qu’ils devraient être inversement proportionnels à la taille de votre portefeuille. Alors qu’il peut être très justifié de facturer 1,25% sur un portefeuille de 100 000 $ (1250 $), je vois mal comment un conseiller pourrait justifier ce même pourcentage sur un portefeuille de 20 millions de dollars (250 000 $). À ce niveau de portefeuille, 0,2 % ou moins pourrait être considéré comme «raisonnable». Par conséquent, si on veut être le plus réaliste possible dans les projections, il faut être en mesure d’illustrer ces variations de frais dans le temps ainsi que l’impact fiscal.
Par exemple, Jo est un informaticien de 40 ans qui gagne 150 000$ par année, dépense annuellement 65 000$ et possède un REER d’une valeur de 300 000 $. Il a un profil modéré dont le rendement brut projeté est de 5,40 %. En tenant compte des frais de placement de 0,82 % auxquels on ajoute des honoraires du conseiller de 1,25 %, on obtient un rendement net de 3,33 % par année en projetant de façon standard sans autre ajustement (dont les taxes).
À 95 ans, la projection de Jo — avec une série d’hypothèses dont je vous fais grâce — nous donne une valeur, après impôts, de 1 139 000 $. En illustrant les honoraires de 1,25 % déductibles dans son compte non enregistré, son solde grimpe à 1 158 000 $. Mais là où ça paraît vraiment, c’est lorsqu’on y ajoute le fait que ses frais pourront varier selon une grille raisonnable de rémunération de son conseiller. Ainsi, sa valeur liquidative finale passe à EXPERT INVITÉ 1 953 000 $. C’est un rendement net additionnel pas si élevé, en apparence, mais qui donne des résultats très différents.
Ayez cet élément à l’esprit lorsque vous regarderez vos prochaines colonnes de chiffres, vous êtes peut-être plus riche que ces colonnes vous indiquent…