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Pierre Graff

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Expert(e) invité(e)

Vous n’êtes pas indispensables!

Pierre Graff|Publié le 06 mars 2023

Vous n’êtes pas indispensables!

Aujourd’hui, seulement 2 200 employés sont encore à l'emploi de Twitter. C’est à peine le tiers des effectifs avant qu’Elon Musk n’achète le réseau social. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Se sentir valorisé au travail est important. Peu importe son poste ou son expérience, il est normal que chaque professionnel sente qu’il contribue à l’effort collectif pour atteindre les objectifs du groupe. Mais attention à l’excès de confiance, car personne n’est indispensable.

La saga de la réorganisation chez Twitter à la suite de l’achat de l’entreprise par Elon Musk est d’ailleurs riche en apprentissages. Avant de s’y pencher, nous avons beaucoup à apprendre du phénomène qui nous touche de front au Québec.

Aujourd’hui, bien des propriétaires d’entreprises se plient en quatre pour attirer et retenir leurs employés. Le grand responsable est l’écart important et inédit entre l’offre d’emplois et la demande.

Les employés, notamment les plus jeunes, découvrent à quel point le marché du travail actuel leur tend les bras. Et il est évident que le poids d’un employé dans une entreprise en sous-effectif est relativement plus élevé.

C’est dans ce contexte très favorable aux demandeurs d’emploi que la surenchère quant aux salaires promis ou à certaines pratiques pour le moins agressives (comme le débauchage) se sont normalisées.

Forcément, cela met en confiance!

Les jeunes qui entrent sur le marché de l’emploi ont assurément raison de croire en leurs aptitudes.

Toutefois, certaines demandes de personnes inexpérimentées semblent frôler l’indécence, à entendre bien des employeurs avec qui j’échange régulièrement.

Pis encore, des attitudes de plus en plus nonchalantes ont vu le jour.

À ces personnes inexpérimentées, j’aurais le goût de vous dire de ne pas pousser le bouchon trop loin.

Non seulement par bienveillance envers nos entrepreneurs, mais aussi parce qu’il y a quelqu’un qui prend continuellement des risques financiers pour offrir le meilleur salaire possible!

 

Décision d’affaires et talents

En novembre 2022, Twitter comptait pas moins de 7 500 employés.

Un nombre important et en apparence logique pour une entreprises payée 44 milliards de dollars américains (59 G $ CA).

Toutefois, Elon Musk estimait que la société fonctionnait de manière sous-optimale et pouvait être rentable immédiatement en remerciant la moitié des employés.

Pire, en janvier, il a décidé à nouveau de licencier une grande partie des employés. Aujourd’hui, seulement 2 200 personnes sont encore à l’emploi de Twitter.

C’est à peine le tiers des effectifs avant qu’Elon Musk n’achète le réseau social!

Celles et ceux à l’interne qui étaient dans leurs pantoufles ont dû malheureusement faire le saut.

Un enseignement de cette saga est que bien des entreprises peuvent fonctionner avec moins d’employés qu’on le pense.

Peu importe votre bagage technique et votre talent.

 

Obsession pour la croissance et dérives

Cette saga pour le moins rocambolesque met cependant en lumière certaines dérives.

En effet, cette course pour une croissance exponentielle a montré ses limites.

Les montants amassés en capital de risque pour justifier une telle ascension soulèvent clairement des enjeux de gestion et d’investissements dans les ressources.

Mais comment a-t-on pu normaliser une croissance à perte avec autant de talents?

La réponse se trouve très probablement quelque part entre une mauvaise allocation des ressources humaines et la folie des grandeurs liée à l’obsession de devenir une licorne.

 

Pensez à long terme!

Aussi, avec un indice de taux de remplacement de la main-d’œuvre (les personnes qui entrent et sortent du marché du travail) qui sera de nouveau à l’équilibre vers 2035, la situation ne durera pas éternellement.

À long terme, les partisans du moindre effort se rendront compte trop tard du fossé qui les sépare de ceux qui ne se sont pas laissé envoûter par le déséquilibre entre l’offre et la demande d’emplois.

C’est là qu’ils découvriront que la compétence a une valeur réelle bien plus élevée que le prix relatif offert pour celle-ci par un marché en déséquilibre pendant des années.

C’est peut-être là qu’ils se rendront compte que personne n’est indispensable.