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Les Fermes Lufa inaugurent une nouvelle serre à Montréal

AFP|Publié le 26 août 2020

Grande comme trois terrains de football, cette serre couvre plus de 15 000 mètres carrés.

Une ferme au-dessus de la ville, sur le toit d’un bâtiment situé dans une zone commerciale et industrielle : aubergines et tomates bio prennent de la hauteur à Montréal dans la « plus grande serre sur toit au monde ».

Un cadre peu propice a priori à la culture de légumes, mais où une entreprise locale, les Fermes Lufa, vient d’implanter une serre de culture biologique, selon elle sans égale dans le monde. 

Grande comme trois terrains de football, cette serre, officiellement inaugurée mercredi, couvre plus de 15 000 mètres carrés. 

« La mission de l’entreprise, c’est vraiment de cultiver de la nourriture là où les gens vivent, et de façon durable », explique à l’AFP Thibault Sorret, un porte-parole, devant des plants d’aubergines géants.

La nouvelle serre est la quatrième du groupe sur les toits de Montréal. Celle construite en 2011, qui avait coûté plus de 2 millions de dollars canadiens (1,3 million d’euros), était alors la toute première du genre au monde.

Depuis, des concurrents essaiment dans le monde, comme l’américain Gotham Greens, avec huit serres sur toit à New York, Chicago ou Denver, ou le français Nature urbaine, qui en prévoit une à Paris en 2022.

À Montréal, un supermarché offre également depuis 2017 des légumes bio poussant directement sur son toit, totalement verdi pour lutter contre les gaz à effet de serre.

 

« Réinventer le système alimentaire »

Un Libanais d’origine, Mohamed Hage, et son épouse Lauren Rathmell, une Américaine originaire du Vermont voisin, ont fondé en 2009 les Fermes Lufa, avec l’ambition de « réinventer le système alimentaire ».

Chez Lufa, une centaine de légumes sont cultivés toute l’année en hydroponie, en bac sur un substrat de fibre de noix de coco, irrigué par un liquide nutritif : salades, concombres, courgettes, choux chinois, céleris, germes, mais aussi fines herbes.

Dans toute la serre, des bourdons pollinisent les plantes, pendant que des guêpes parasitoïdes ou des coccinelles — des insectes utiles — s’attaquent aux pucerons, évitant le recours aux pesticides.

Les récoltes permettent de remplir 20 000 paniers familiaux par semaine, tous personnalisables et vendus en ligne à un prix de base de 30 dollars.

Ce « marché en ligne » regroupe aussi les produits d’à peu près 200 fermes partenaires que Lufa ne produit pas : pain, pâtes, riz…

Au rez-de-chaussée de la nouvelle serre, un immense centre de distribution rassemble près de 2 000 produits offerts aux « Lufavores », les clients, dont des restaurateurs.

L’offre reste toutefois insuffisante pour certains légumes, déplore une cliente, Catherine Bonin. « Des poivrons, je n’en ai jamais », dit cette quinquagénaire, qui « adore » cependant la qualité et la fraîcheur des produits en général.

 

Pandémie bénéfique

« On est rendu à nourrir presque 2 % de Montréal avec nos serres et nos fermes partenaires », affirme le porte-parole de l’entreprise. 

« L’avantage d’être sur un toit, c’est qu’on récupère énormément d’énergie du bas du bâtiment », permettant des économies de chauffage considérables, un atout pendant le rude hiver québécois, souligne Thibault Sorret.

« On arrive aussi à récupérer des espaces qui étaient jusqu’ici complètement inutilisés », ajoute ce Français d’origine.

Entièrement automatisée, la nouvelle serre dispose aussi d’un « système d’eau en circuit fermé », assurant des économies allant « jusqu’à 90 % » par rapport à une ferme traditionnelle, d’autant que l’eau de pluie est aussi recueillie.

L’entreprise « a plus que doublé » ses ventes pendant la pandémie de coronavirus, un bond attribuable « à la livraison sans contact à partir d’un site en ligne », dit M. Sorret.

« Rentable depuis 2016 », Lufa emploie aujourd’hui 500 salariés, environ 200 de plus qu’avant la pandémie, selon lui.

L’entreprise travaille actuellement à l’électrification de sa flotte de camions de livraison et caresse le projet d’exporter son modèle « dans différentes villes dans le monde », à commencer par le Canada et les États-Unis, explique le porte-parole.

« Ce qui est un peu fou », rappelle-t-il, c’est qu’aucun des fondateurs « n’avait fait pousser une tomate de sa vie » avant de se lancer en affaires.