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SIGNAUX FORTS. L’année 2019 s’est terminée sur une note positive. Une diminution des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis et certaines données économiques encourageantes ont contribué à faire fortement diminuer les craintes d’une récession. La plupart des économies devraient ainsi enregistrer une progression économique relativement modeste, mais positive, en 2020. Il faudra toutefois surveiller de près certains éléments qui pourraient faire dévier l’économie mondiale de ce scénario relativement bénin. La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis a clairement contribué au ralentissement de l’économie mondiale. L’entente de décembre dernier a permis d’éviter une nouvelle flambée des hostilités, mais des tarifs importants demeurent en place sur la majorité des biens chinois exportés vers les États-Unis. La suite des négociations s’annonce très complexe. L’augmentation très ambitieuse des achats de biens américains promis par les autorités chinoises pourrait être une source de discorde. Les questions géopolitiques, liées entre autres aux tensions à Hong Kong et à la réélection d’un gouvernement autonomiste à Taïwan, pourraient aussi nuire aux relations entre les deux superpuissances. À l’inverse, la conclusion d’un accord commercial complet entre la Chine et les États-Unis ouvrirait la porte à un rebond du commerce mondial.
Destitution en vue ?
Au-delà des négociations commerciales, il faudra surveiller la situation politique américaine. La procédure visant à destituer Donald Trump semble vouée à l’échec, mais les élections de novembre 2020 s’annoncent très serrées. Les conséquences économiques et financières d’un affrontement Trump-Biden seraient probablement limitées. Les choses pourraient toutefois être différentes si un candidat de l’aile progressiste du Parti démocrate réussissait à gagner l’investiture, voire la présidence. Déjà échaudés par la guerre commerciale, les entrepreneurs américains jugeraient probablement ce développement comme une nouvelle source d’incertitude justifiant une prudence encore plus grande dans leurs investissements. Le style imprévisible du président Trump risque aussi de nous réserver encore plusieurs surprises, particulièrement s’il est réélu en novembre.
Un retour inattendu de l’inflation ?
Les dernières années ont été caractérisées par une inflation faible dans la plupart des pays avancés et peu d’observateurs prévoient une accélération significative en 2020. Dans un contexte où les taux de chômage sont très faibles, on commence toutefois à observer une croissance plus robuste des salaires dans certains pays, dont le Canada. Un regain de vigueur plus marqué que prévu de la croissance économique pourrait ainsi amener l’inflation en Amérique du Nord à s’établir au-dessus des cibles de 2 %, surtout si les tensions au Moyen-Orient continuent d’exercer des pressions haussières sur les cours pétroliers. On observerait alors une augmentation notable des taux d’intérêt qui pourrait mettre en difficulté certains agents économiques fortement endettés. Ce retour de l’inflation limiterait aussi considérablement la capacité des banques centrales à intervenir pour soutenir l’économie et les marchés financiers, ce qui pourrait ébranler la confiance des investisseurs.
EXPERT INVITÉ
Mathieu D’Anjou, CFA, est économiste en chef adjoint aux Études économiques du Mouvement Desjardins.