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À partir de quand est-on trop endetté?

Morningstar|Publié le 03 février 2022

À partir de quand est-on trop endetté?

Une dette persistante sur carte de crédit est un bon exemple de ce qu’on appelle souvent «une mauvaise dette». (Photo: 123RF)

On s’endette pour toutes sortes de raisons, que ce soit parce qu’on a perdu son emploi, qu’on est dans l’incapacité de travailler, des dépenses imprévues, voire l’inflation nous a fait utiliser nos cartes de crédit davantage que nous aurions souhaité. Certains peuvent avoir simplement décidé de profiter des faibles taux d’intérêt pour investir avec de l’argent emprunté.

Quelle que soit votre situation, si vous avez accumulé des dettes, vous devez désormais les gérer, et savoir quand vous arrêter. Un planificateur financier peut vous aider à regarder le tableau d’ensemble: combien vous devez, ce que vous gagnez et possédez, et ce qui doit changer, mais vous pouvez dès maintenant agir pour évaluer la situation et prendre de bonnes décisions.

«Quand on se penche sur des dettes, il y a certains facteurs qui méritent une réflexion sérieuse», dit Jackie Porter, planificatrice financière à Carte Wealth Management. «Avant tout, quel est le montant de la dette? Songez à la dette de consommation en termes de ce que cela vous coûte de financer des biens de consommation comme des vêtements, de l’électronique, une voiture et d’autres actifs qui se déprécient. Habituellement, la dette d’un consommateur est contractée sur des cartes de crédit avec des taux d’intérêt à deux chiffres. »

 

Mauvaise dette et bonne dette

«La dette du consommateur qui a emprunté de l’argent pour s’acheter des choses est peut-être la pire de toutes», convient Jason Heath, planificateur financier à Objective Financial Partners, qui ajoute : «Les dettes sur cartes de crédit et celles aux taux d’intérêt élevés peuvent être vraiment débilitantes.»

Si vous avez des dettes sur votre carte de crédit, ce doit être votre cible prioritaire, remboursez-la aussitôt que vous le pouvez. «Ma philosophie est que, quel que soit le montant, une dette sur carte de crédit, c’est déjà trop, dit Jackie Porter. Des taux de financement à deux chiffres, ça veut dire qu’il va falloir pas mal de temps pour posséder quelque chose qui ne fera que perdre de la valeur. Cette stratégie est le meilleur moyen de ne jamais avoir l’occasion de se créer une valeur nette. »

Une dette persistante sur carte de crédit est un bon exemple de ce qu’on appelle souvent «une mauvaise dette». Et même si elle est utilisée pour acheter de «bonnes» choses, c’est un des moyens les plus chers de le faire. Pas bon du tout. Et la dette bon marché? Ça dépend, ce qui nous amène à la «bonne dette».

La dette est-elle contrebalancée?

Une «bonne dette» est un investissement qui prend de la valeur. C’est souvent selon ce principe que l’on finance l’achat d’un logement», dit Jackie Porter.

En évaluant une bonne dette, il ne faut pas oublier qu’il y a des facteurs qui peuvent changer le calcul de ce qu’on peut, ou devrait se permettre d’emprunter. L’appréciation du capital, les flux de revenus et même les impôts peuvent faire une différence. Jason Heath évoque le fait que les intérêts sur de nombreuses «bonnes dettes» peuvent être déductibles d’impôts : «Il peut s’agir par exemple d’une dette pour acheter un bien locatif, d’une somme contractée à des fins professionnelles, ou d’un emprunt destiné à acheter des placements non enregistrés éligibles. »

Toutefois, certaines bonnes dettes et certains bons investissements pour lesquels il faut emprunter peuvent avoir des rendements difficiles à mesurer et à prédire, l’éducation, par exemple. «Mais en dernier lieu, même une bonne dette peut être mauvaise si l’on ne peut pas se permettre son remboursement ou si l’utilisation des fonds n’est pas bonne à long terme.

Reconnaissez les signes avant-coureurs

Pour résumer, quel que soit le montant d’une mauvaise dette, c’est déjà trop, et le montant d’une bonne dette doit être gérable. Alors, comment savoir ce qui est gérable?

Une bonne dette devrait être calculée selon ses besoins et les occasions à saisir. Mais comment évaluer un achat impulsif? «La pire raison d’emprunter est pour financer ses désirs, dit Jackie Porter. Cette dette peut créer un cercle vicieux qui vous endettera pour de nombreuses années.» Voilà comment une bonne dette peut devenir mauvaise.

Commencez par diminuer autant que possible le fardeau d’une dette que vous avez contractée ou que vous comptez contracter, et cela vous brossera un tableau plus fidèle. Après tout, les taux d’intérêt entrent pour beaucoup dans le calcul.

«Si vous devez emprunter, comparez les prix pour obtenir le taux le plus bas possible, dit Jackie Porter. N’oubliez pas que vous n’êtes pas encore propriétaire de ce que vous financez par un emprunt. Plus vous payez d’intérêts, plus il vous faudra longtemps pour en prendre possession, et plus ça va vous coûter cher. Avec des taux d’intérêt qui n’ont jamais été si bas, c’est le bon moment pour consolider vos dettes avec un emprunt à faible taux d’intérêt ou une ligne de crédit. C’est aussi le moment de refinancer votre hypothèque. »

Des chiffres magiques

En parlant d’hypothèques, celles-ci comportent certains signes vous indiquant le montant que vous pouvez vous permettre. L’achat d’une maison est une grosse décision, et elle fait intervenir d’autres personnes qui vous aident à analyser votre situation personnelle à ce moment-là. Ce n’est pas ce que nous considérerions comme un «chiffre magique», mais ce qui entre en jeu est un facteur très important dans le calcul de votre capacité à rembourser: votre revenu.

Nos planificateurs ont calculé qu’un maximum de 39% à 44% de votre revenu devrait être affecté à vos dépenses de logement. C’est le chiffre qu’utilisent les banques, et elles appellent ça les ratios bruts et totaux d’amortissement de la dette. «Elles incorporent aussi des paiements d’emprunts mensuels, des remboursements de cartes de crédit (à raison de 3% par mois) et des remboursements de lignes de crédit pour lesquelles vous payez un intérêt mensuel, ajoute Jackie Porter. Pour calculer ce chiffre, ajoutez tous les coûts de cette liste, multipliez-les par 100, puis divisez le chiffre obtenu par votre revenu. Vous aurez alors le ratio total d’amortissement de la dette, soit le coût total de votre logement plus le paiement de vos dettes, multiplié par 100, divisé par votre revenu brut avant impôt.»

Pour les propriétaires comme pour les locataires, ce chiffre peut être utile. «Une suggestion: vous pourriez appliquer cette formule avant de contracter une dette vous-même, dit Jackie Porter. Cela peut vous épargner pas mal de souffrances émotionnelles et financières si vous être prévoyant(e) et que vous y réfléchissez à deux fois avant de vous endetter.»

Il est important de bien calculer le montant de dettes que l’on peut gérer à un moment ou à un autre, mais ces ratios ne sont pas parfaits. Il faut une stratégie pour vraiment savoir combien on peut se permettre.

L’avenir, les objectifs et les hausses de taux d’intérêt

Pour éviter certains désagréments comme des dépenses qui compromettront des objectifs futurs, Jason Heath suggère d’évaluer ce que l’on espère accomplir dans l’immédiat et à long terme, soit tout seul, soit avec l’aide d’un planificateur financier. Cela peut permettre d’identifier les éléments de train de vie que l’on doit incorporer à ses calculs : restaurants fréquents, vacances ou projets familiaux, par exemple.

Outre votre situation personnelle, prêtez attention à l’environnement. Les taux d’intérêt peuvent être un avantage ou un inconvénient dans le financement de vos objectifs. «C’est toujours une bonne idée de songer à la direction que prennent les taux d’intérêt, dit Jackie Porter. Habituellement, quand l’économie se comporte bien, il y a de fortes chances que les taux d’intérêt augmentent. Cela veut dire que le financement des articles que l’on veut se procurer sera plus onéreux. En revanche, si l’économie a du plomb dans l’aile, la possibilité d’une baisse de taux et d’un financement moins cher est aussi très bonne. »  

Mais il est difficile de prédire la direction des taux d’intérêt. «Les taux vont finir par augmenter et par rendre la dette plus onéreuse dans l’avenir, et cela représente un risque pour tous ceux qui sont déjà sous pression en cette période de taux relativement faibles, ajoute Jason Heath. Plus on rembourse quand les taux sont faibles, plus on réduit le capital sur lequel on calculera les intérêts futurs.»