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Effenco se propulse à l’énergie verte

Anne-Marie Tremblay|Publié le 24 octobre 2019

PME DE LA SEMAINE. Des camions à ordure, de recyclage ou d'autres véhicules lourds moins polluants et plus silencieux?

PME DE LA SEMAINE. Des camions à ordure, de recyclage ou d’autres véhicules lourds moins polluants et plus silencieux ? C’est ce que permet la technologie mise sur la route par Effenco. Une innovation qui a déjà commencé à faire son chemin non seulement ici, mais aussi à New York et en Europe. Même la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a présenté cette innovation à Copenhague pour le World Mayors Summit du C40, début octobre.

Il faut dire que la technologie développée à Montréal est unique en son genre, soutient le président et cofondateur de l’entreprise, David Arsenault. Ce système permet de diminuer l’impact des véhicules lourds de type «vocationnel», comme les bétonnières, les autobus, les camions de collecte sélective, etc. «En analysant les données, nous avons réalisé qu’il s’agissait des véhicules les moins efficaces du secteur du transport», explique-t-il. En effet, en plus de s’arrêter régulièrement, ils doivent laisser tourner leur moteur pour alimenter en énergie leurs équipements, comme le compresseur à ordures. Une perte d’efficacité importante, soutient M. Arsenault. «Ces équipements qu’on dit « montés à bord » utilisent un moteur diesel capable de propulser un camion pour fonctionner, ce qui n’est vraiment pas idéal.»

Le système d’Effenco permet donc aux véhicules de passer en mode électrique quand ils ne sont pas en mouvement, mais aussi d’alimenter à l’électricité tous les autres composants du camion. «Au lieu de mettre en place des batteries électriques toujours plus puissantes, comme le fait la concurrence, nous avons plutôt développé un système de condensateurs qui emmagasine moins d’énergie. Grâce à notre travail d’analyse des données, explique M. Arsenault, ils sont conçus pour répondre avec précision aux besoins de chacun des véhicules.»

Résultat ? Une solution qui coûte de «deux à trois fois moins cher» que celle de la concurrence, affirme le président. «Nous offrons le meilleur rendement entre le montant investi et la diminution du CO2, qui est d’environ 30 %.» Les véhicules, qui sont tous connectés, consomment aussi moins d’essence et réduisent leurs émissions de particules fines (47 %) et d’oxyde d’azote (39 %), a démontré un projet pilote d’un an mené au Port de Montréal par l’opérateur Termont.

En mode croissance

Si, actuellement, 250 véhicules lourds hybrides signés Effenco sillonnent la planète, M. Arsenault vise la vente de 5 000 unités par année d’ici trois ans. En effet, plusieurs clients testent cette technologie, comme la Ville de Montréal, qui possède 1 800 camions. Termont a aussi décidé de rendre sa flotte hybride, alors que l’entreprise française Derichebourg Environnement a conclu un contrat de 3 millions de dollars avec la PME montréalaise. Sans compter la Ville de New York, qui convertira près de 1 100 véhicules sur un horizon de trois ans. «En un an seulement, notre chiffre d’affaires a fait un bond de 300 %», illustre M. Arsenault.

Le président prévoit maintenir le cap sur la croissance alors que la technologie s’adresse autant aux nouveaux camions vocationnels (environ deux millions par année) qu’à ceux déjà sur la route. «En Europe, nous sommes très bien placés pour nous démarquer puisqu’ils ont des politiques très concrètes pour réduire leurs émissions de GES, avec des budgets pour atteindre leurs cibles.» La diminution du carbone est même parfois inscrite à même les appels d’offres, poursuit-il.

Pour faire face à la demande, la PME, qui devrait passer de 45 à 100 employés en 24 mois, a reçu 2,5 M$ d’Investissement Québec. De plus, M. Arsenault travaille à développer des partenariats avec des constructeurs pour augmenter la cadence de production. Un défi, mais dans un contexte où les changements climatiques se révèlent une préoccupation mondiale, Effenco fait partie de la solution, estime M. Arsenault. «Notre technologie permet de réduire le CO2 de 19 tonnes par année par véhicule.»

Effenco en quelques chiffres

Année de fondation : 1969  

Siège social : Montréal 

Année de fondation : 2006 

Nombre d’employés : 45 

Marchés desservis : Amérique du Nord et Europe 

Chiffre d’affaires : confidentiel 

Défi pour la prochaine année : augmenter la capacité de production