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L’inflation pèse sur les parents avec de jeunes enfants

La Presse Canadienne|Publié le 03 août 2022

L’inflation pèse sur les parents avec de jeunes enfants

Les familles avec de jeunes enfants ont souvent un parent en congé parental, qui a pris une pause du travail ou qui travaille à temps partiel, ce qui ajoute à la pression financière. (Photo: 123RF)

Carlyne St Jules devra peut-être écourter ses vacances en famille cette année, à cause de la flambée de l’inflation. 

«Tout ce qu’on trouve ici, c’est 300$ et plus», dit-elle à propos des chambres d’hôtel à Montréal, où elle a de la famille et a déjà étudié la danse. 

«Pour faire le plein (…) pour venir ici, ça a coûté comme 89$. J’ai une petite Kia à quatre portes.» 

Carlyne St Jules, une coordinatrice d’événements de 29 ans qui vit maintenant à New York avec ses trois enfants, âgés de deux, sept et dix ans, dit qu’elle «les a amenés ici pour qu’ils puissent voir mon ancien terrain de jeu — mais je ne sais pas combien de temps je vais traîner ici avec ces prix». 

Des factures d’épicerie gonflées aux activités parascolaires plus coûteuses, les parents sont confrontés à des augmentations du coût de la vie qui les inquiètent vis-à-vis des occasions qui se présenteront à leurs enfants et d’un avenir financier stable pour leur famille. 

L’inflation annuelle a atteint un sommet de 39 ans en juin, dans un contexte où l’économie reste entravée par la COVID-19, les pénuries de main-d’œuvre, les difficultés de la chaîne d’approvisionnement et la menace imminente d’une récession. 

L’argent ne permet pas d’en faire autant ces jours-ci. Essentiellement tout, des couches à la garderie, en passant par les sorties en famille et les vacances, est plus gourmand pour le portefeuille, alors que le prix d’un plein d’essence et de l’hébergement de voyage grimpe en flèche. 

Les jeunes parents ne sont pas habitués à des hausses de prix aussi rapides; plusieurs n’étaient pas encore nés lorsque l’inflation a atteint ce rythme pour la dernière fois, en 1983. 

Les hypothèques et les loyers, ainsi que les prêts automobiles, sont parmi les plus grosses sommes pesant sur les revenus des parents, a souligné Scott Hannah, chef de la direction de la Credit Counselling Society. 

Pour les conducteurs, les prix à la pompe ont augmenté encore plus rapidement — les prix de l’essence pour juin, selon les données disponibles les plus récentes, étaient 54,6 plus élevés qu’au même mois en 2021, selon Statistique Canada. Il s’agit du principal moteur de l’inflation au cours de cette période. 

Ces pertes financières «nuisent vraiment à beaucoup de Canadiens maintenant», a-t-il affirmé. Pendant ce temps, les appétits grandissent, les vêtements doivent être remplacés et les sports, cours et activités parascolaires se multiplient. «Si vous avez une jeune famille, c’est la période la plus chère de votre vie.» 

«J’aurai 65 ans en février prochain — c’est difficile de l’admettre — et quand j’étais enfant, ce n’était pas si grave si on n’avait pas les articles dernier cri ou de meilleure qualité. Mais bon sang, ce l’est certainement aujourd’hui», a observé Scott Hannah à propos de la pression des tendances de consommation. 

De leur côté, les Montréalais Nabil et Samia Haliche se sont laissés convaincre par les factures d’épicerie plus élevées et les paiements à la pompe de consacrer plus d’efforts à la chasse aux aubaines alimentaires. 

«On le voit clairement à l’épicerie», a affirmé Samia, après qu’elle et son mari sont sortis d’un magasin de vêtements d’occasion à Montréal avec leurs deux filles, âgées de deux et dix ans.

«Tout est plus cher que d’habitude.» 

Les familles avec de jeunes enfants ont souvent un parent en congé parental, qui a pris une pause du travail ou qui travaille à temps partiel, ce qui ajoute à la pression financière. 

 

Hausse des prix des logements 

Les prix des logements et les loyers ont également augmenté tout au long de la pandémie. L’indice national des prix des maisons, qui s’ajuste à la volatilité des prix, a culminé à 835 000$ en mars, enregistrant une hausse de 52% sur deux ans, selon l’Association canadienne de l’immeuble (ACI). Les prix ont grimpé en flèche dans une séquence d’achats effrénée qui a vu les familles étirer leurs budgets pour entrer sur le marché ou pour déménager dans de plus grands espaces pendant la période de confinement pandémique et de très faibles taux d’intérêt. 

Le loyer canadien moyen a bondi de 9,5% en juin par rapport à l’année précédente, mais est resté inférieur de 3,5% à celui de juin 2019, selon Rentals.ca, un site web de recherche d’appartements. 

«Beaucoup de jeunes familles au cours des deux dernières années ont profité de cette occasion, d’abord pour fonder leur famille, et ensuite pour emménager dans leur première maison», a observé Leah Zlatkin, experte en hypothèques chez LowestRates.ca. 

Plusieurs ont poussé leur budget à la limite pour effectuer une mise de fonds et diminuer leurs intérêts mensuels — qui ont rapidement commencé à augmenter lorsque la Banque du Canada a commencé à relever son taux directeur. 

«Pour ces personnes, le fait de voir une augmentation des taux variables peut provoquer un certain choc», a expliqué Leah Zlatkin. 

Aux propriétaires inquiets de leur situation, elle suggère de s’asseoir avec un courtier hypothécaire pour discuter d’un refinancement. Si les paiements semblent hors de portée pour le moment, elle croit que les clients devraient immédiatement en informer leur fournisseur de prêts hypothécaires, qui peut proposer un programme de report de paiement ou des modalités de paiement temporaires des intérêts uniquement. 

Un regard lucide sur ce qui peut être retiré du budget — ou remplacé par des options moins coûteuses — est également nécessaire. 

«Tard dans la nuit, pendant que vous allaitez, parcourez l’application Flipp pour trouver des offres et comparez les prix lorsque vous êtes à l’épicerie.» 

Scott Hannah suggère d’acheter en gros — les petites familles peuvent s’associer à de plus grandes —, d’encaisser les points de fidélité et d’échanger des marques renommées contre des marques génériques. Même une conversation un peu gênante avec les membres de la famille pour réduire les attentes en matière de cadeaux de Noël peut être judicieuse. 

«Personne ne veut recevoir un cadeau de quelqu’un qui n’a pas les moyens de l’offrir», a-t-il souligné.