La croissance des revenus des ménages canadiens s’accélère
Mathieu D'Anjou|Édition de la mi‑novembre 2019MACROÉCONOMIE. Les incertitudes internationales risquant de continuer de limiter les échanges internationaux et les...
MACROÉCONOMIE. Les incertitudes internationales risquant de continuer de limiter les échanges internationaux et les investissements des entreprises au cours des prochains trimestres, la croissance de l’économie canadienne devra principalement s’appuyer sur les ménages. Nous notions dans notre dernière chronique que la baisse des taux hypothécaires avait permis de relancer le marché de l’habitation au pays, ce qui menaçait toutefois d’accentuer les problèmes d’endettement. Un regain de vigueur du côté de la croissance des revenus des ménages est toutefois rassurant et encourageant pour la suite des choses.
Le printemps dernier, nous écrivions que le passage à vide de l’économie canadienne, en seconde moitié de 2018, reflétait non seulement les difficultés de l’industrie pétrolière albertaine, mais aussi un ralentissement marqué des dépenses des ménages. Cette faiblesse de la consommation s’expliquait par les hausses passées des taux d’intérêt, mais aussi par une quasi-stagnation du revenu personnel disponible (RPD) réel des ménages, soit le revenu après impôt et transferts fiscaux. Comme nous l’espérions, la bonne performance du marché du travail a redonné davantage de vigueur à la croissance des revenus depuis. La variation annuelle du RPD réel est ainsi remontée à 1,7 % à la mi-2019, et cette accélération pourrait se poursuivre puisque sa croissance trimestriellement annualisée a dépassé 2 % au cours des trois derniers trimestres.
Ce regain de vigueur du RPD réel des ménages s’appuie principalement sur une forte progression du revenu des salariés, qui s’explique par l’excellente performance du marché du travail canadien. Il s’est ainsi créé 358 100 emplois au cours des neuf premiers mois de 2019 au pays, du jamais vu depuis 2002. Une aussi forte création d’emplois a de quoi surprendre dans un contexte où les taux de chômage sont déjà très faibles, en particulier au Québec, et où plusieurs secteurs font face à une pénurie de main-d’oeuvre. Il est moins étonnant de constater que cette performance spectaculaire du marché du travail semble commencer à exercer des pressions haussières plus claires sur les salaires.
Les risques ont changé
Il y a quelques trimestres, toutes les inquiétudes au Canada portaient sur l’endettement et sur le marché immobilier alors que les ménages paraissaient vulnérables quant à l’augmentation des taux d’intérêt. La situation de l’endettement demeure préoccupante dans une optique à moyen et à long terme, mais la baisse des taux hypothécaires et l’accélération de la croissance des revenus ont réduit le risque que les ménages canadiens soient à l’origine d’un choc économique à court terme. Les risques internes semblent ainsi moins présents au Canada. Ils ont toutefois été remplacés par une augmentation considérable des risques internationaux alors que les tensions commerciales entraînent un ralentissement de la croissance mondiale et menacent même de faire tomber certaines grandes économies en récession. La prudence demeure ainsi de mise, même si les données canadiennes sont actuellement encourageantes. Il ne faudrait pas surestimer la résilience d’une petite économie ouverte comme le Canada par rapport à une détérioration plus importante de la conjoncture internationale.