Janie C. Béïque se sentait prête à reprendre le flambeau des mains de l’ancien PDG du Fonds de solidarité FTQ, Gaétan Morin, lorsque ce dernier le lui a finalement tendu en avril dernier. Certes, «le contexte de la pandémie fait que les choses sont imprévisibles», reconnaît Janie C. Béïque. «Or, ça fait assez longtemps que l’organisation me préparait pour prendre cette position-là», confie celle qui a passé la dernière année en mode transition.
Ce qu’elle n’avait toutefois pas anticipé, à l’instar de la Banque du Canada, c’est le regain d’intérêt des Québécois pour l’épargne depuis le début de la pandémie.
Le Fonds de solidarité FTQ a même annoncé qu’il maintiendrait sa fermeture à de nouvelles contributions forfaitaires au-delà de la fin de son exercice financier, le 31 mai 2021. L’organisation a besoin d’un peu plus de temps pour évaluer les répercussions de ce changement d’habitude sur ses activités. Les Québécois ont cotisé un peu moins de 1,2 milliard de dollars au cours du dernier exercice financier du Fonds de solidarité FTQ, ce qui représente un bond de 33 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, qui se situe à 900 millions de dollars. Du jamais vu dans un marché pourtant réputé pour sa stabilité nous assure-t-on.
«Un des volets de notre mission est de préparer les gens pour leur retraite, donc ça fait partie des défis de trouver comment s’assurer qu’on va continuer et maintenir ces habitudes de mettre de l’argent de côté», observe l’ancienne première vice-présidente aux investissements.
Ces capitaux permettent à la société de capital-développement de remplir sa double mission, soit de préparer à la fois les vieux jours des Québécois en assurant un rendement financier, mais aussi à générer un rendement sociétal afin de contribuer au monde des affaires de la province à long terme.
L’avocate de formation souhaite poursuivre le modus operandi du Fonds de solidarité FTQ, dont les investissements des quinze dernières années dans la recherche et le financement accordé à des start-ups ont permis de bâtir un environnement des sciences de la vie qui soutient aujourd’hui des entreprises comme la société biopharmaceutique de Québec Medicago, notamment. «La pandémie a changé la donne, elle a mis en lumière de nouveaux enjeux sur lesquels il est important d’agir, de manière plus rapide. On est en train de voir où on va intervenir pour faire bouger l’aiguille», indique celle qui garde sa lunette rivée sur le long terme.
Une dimension humaine
Chose certaine, ce n’est pas sur un secteur en particulier que souhaite miser la première femme à la tête du Fonds de solidarité FTQ, mais plutôt sur des équipes de direction motivées à faire croître leur entreprise.
Elle observe d’ailleurs que la valeur humaine qui lui importe tant pourrait bien aider les entreprises accompagnées par son organisation à garder leurs employés. «Elles ont besoin de se réinventer [… et] une de ses manières de le faire est de se garder impliquées dans leur écosystème, et poursuivre un objectif autre que purement financier, explique-t-elle. Ça crée une fierté chez nos employés. On leur démontre qu’on veut bâtir quelque chose qui va perdurer.»