Solution: réfléchir davantage à la prochaine génération d'innovations.
Solution : réfléchir davantage à la prochaine génération d’innovations
Si des entreprises ne s’en sont pas encore rendu compte, elles vont à coup sûr sentir l’onde de choc dans les prochains mois : des milliers d’étudiants étrangers à la maîtrise et au doctorat ne reviendront pas au Québec en raison de la COVID-19, privant plusieurs secteurs de l’économie de précieuses ressources pour innover.
«Avant la pandémie, uniquement dans nos huit facultés de génie, 80 % des inscriptions d’étudiants à la maîtrise et au doctorat venaient de l’étranger», souligne Jean-Pierre Perreault, professeur titulaire et vice-recteur à la recherche et aux études supérieures à l’Université de Sherbrooke.
Les étudiants de deuxième et de troisième cycle en génie font beaucoup de recherche collaborative avec des entreprises québécoises dans une foule de secteurs, leur permettant ainsi de développer de nouveaux produits ou d’améliorer des innovations existantes.
Or, à court terme (les 12 mois prochains mois), cette interaction entre l’Université de Sherbrooke et les organisations (les entreprises, mais aussi des gouvernements, voire des OBNL) sera grandement diminuée. «Cela va réduire le partage des connaissances et l’innovation, en plus d’accroître la pénurie de la main-d’oeuvre très qualifiée», affirme Jean-Pierre Perreault, qui souligne que ce problème affecte la plupart des universités.
Le Québec est la province qui affiche les dépenses intramuros de R-D du secteur des entreprises les plus élevées par rapport à la taille de son économie. En 2017 (l’année comparaison la plus récente), elles représentaient 1,37 % du PIB comparativement à 0,87 % pour la moyenne canadienne, selon Statistique Canada.
Plusieurs secteurs stratégiques de l’économie québécoise sont particulièrement à risque de pâtir de l’absence des étudiants étrangers en génie, estime le vice-recteur à la recherche et aux études supérieures à l’Université de Sherbrooke.
Il pense à tous les secteurs où l’ingénierie est vitale, à commencer par celui de l’aérospatiale (un moteur de l’économie du Grand Montréal et du Québec), mais aussi à des secteurs comme la pétrochimie et la biopharmaceutique.
Des entreprises pourraient vraiment souffrir de cette situation à long terme si jamais l’industrie pharmaceutique mondiale tardait à découvrir un vaccin et des traitements efficaces pour combattre la COVID-19, estime Jean-Pierre Perreault.
Par exemple, des entreprises québécoises pourraient voir s’éroder leur position concurrentielle (en raison des retards dans leur processus innovation) par rapport aux entreprises de grands pays comme les États-Unis et la Chine, où le bassin de main-d’oeuvre très qualifiée est plus important qu’ici.
Pour autant, les PME et les grandes entreprises peuvent demeurer dans l’action en attendant l’éventuel retour des étudiants étrangers. Elles peuvent par exemple profiter de cette crise pour réfléchir davantage à la prochaine génération d’innovations porteuses dans leur industrie.
«Je pense que c’est le temps pour bien réfléchir et planifier l’avenir», dit Jean-Pierre Perreault.