Isabelle Adjahi n’a pas le luxe de prendre son temps. Le train qui transporte le constructeur Compagnie électrique Lion (Lion électrique) file à vive allure vers la place boursière new-yorkaise, et la nouvelle vice-présidente aux relations avec les investisseurs et au développement durable doit travailler à ce que les futurs actionnaires répondent présents d’ici la fin du premier trimestre de 2021.
«En ce moment, mon rôle est de faire en sorte que dès le jour un, il y ait cette connaissance de Lion, et que les marchés aient un appétit pour le titre», illustre celle qui cumule près de vingt ans d’expérience.
L’ancienne vice-présidente aux relations avec les investisseurs et aux communications de WSP tient toutefois à préciser que son métier n’a rien à voir avec le marketing. L’information qu’elle transmet aux intervenants des marchés financiers doit leur permettre de prendre des «décisions éclairées», quitte à ce qu’ils choisissent de vendre ou de passer leur tour.
Depuis quelques années, ces données ne se concentrent plus que sur les performances financières et opérationnelles d’une dite entreprise.
«La société au complet et les marchés des capitaux se sont rendu compte que pour avoir une entreprise pérenne […], il faut qu’elle soit capable de se positionner dans son écosystème en tant que bon citoyen corporatif», indique Isabelle Adjahi. Cela signifie qu’en plus des rapports traditionnels, Lion électrique en produira un sur le développement durable «dès l’année qui suivra leur entrée en Bourse». Celui-ci se devra d’être «réaliste, et transparent dans ses forces et ses fai-blesses». La toute première vice-présidente aux relations avec les investisseurs et au développement durable de la société de Saint-Jérôme répondra ensuite aux questions des actionnaires en la matière.
Elle doit donc, et ce, même si le titre LVE ne se négocie toujours pas, bâtir une «relation de confiance et de crédibilité»avec les analystes et les investisseurs potentiels. «Une personne qui achète des actions, que ce soit une ou des milliers, est propriétaire de l’entreprise. Elle a le droit de savoir. C’est important de répondre à toutes les demandes, et ce avant même que l’action ne soit échangée», explique celle qui est en poste depuis le 11 janvier.
Puisque c’est en fusionnant avec la société américaine Northern Genesis (NGA) que Lion électrique entrera sur les marchés, Isabelle Adjahi a du pain sur la planche:«Ce n’est pas un processus aussi bien établi au Canada qu’aux États-Unis.»Elle doit donc expliquer, surtout aux investisseurs particuliers, qu’une fois que la fusion sera consommée, Northern Genesis disparaîtra de la Bourse, et Lion électrique reprendra sa place. Un détenteur de titres NGA deviendra donc automatiquement actionnaire de Lion. Les institutions financières et les analystes sont eux aussi friands d’information:l’une afin de permettre des transactions rapidement, l’autre pour émettre ses recommandations.
D’ici les premiers échanges de Lion électrique à Wall Street, Isabelle Adjahi construit donc les fondations sur lesquelles reposera tout ce qu’elle accomplira dans les prochaines années:«Lorsque je verrai “LEV”, avec des cours de transactions, je vais me dire “Bon, ça y est, c’est parti”.»