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Le Canada creuse son déficit budgétaire, recul historique du PIB

AFP|Publié le 28 août 2020

« C’était un trimestre à oublier pour l’économie du Canada », a jugé M. Mendes.

Le PIB du Canada a connu un effondrement historique au deuxième trimestre et le déficit budgétaire a explosé en raison des milliards dépensés par le gouvernement Trudeau pour contrer les effets de la pandémie, mais les experts entrevoient une reprise vigoureuse à l’automne.

L’institut de la statistique a annoncé vendredi une baisse record de 38,7 % du PIB en rythme annuel, un système de mesure nord-américain qui compare le PIB à celui du trimestre précédent, et projette l’évolution sur l’année entière à ce rythme.

Par rapport au trimestre précédent, le PIB réel a reculé de 11,5 % au deuxième trimestre, a précisé Statistique Canada. 

« C’était un trimestre à oublier pour l’économie du Canada », a jugé Royce Mendes, analyste chez CIBC.

Au premier trimestre, l’économie canadienne s’était contractée de 8,2 % en rythme annuel.

Les exportations (-18,4 %) et les importations (-22,6 %) ont fléchi, les principaux partenaires commerciaux du Canada, notamment les États-Unis, la Chine et la plupart des pays d’Europe, ayant mis en œuvre des mesures de santé publique similaires.

Le PIB réel a néanmoins progressé de 6,5 % en juin, montrant des signes encourageants pour le troisième trimestre. Sa hausse devrait s’établir à environ 3 % en juillet, selon les données provisoires de Statistique Canada. 

Statistique Canada prévoit que le PIB du troisième trimestre « devrait afficher une hausse », en raison de l’assouplissement des mesures prises pour éviter la propagation de la pandémie et de l’augmentation de l’activité économique.

« Alors que le Canada a été en-dessous de ses homologues mondiaux comme les États-Unis au deuxième trimestre, conséquence de restrictions plus agressives et plus longues pour lutter contre la pandémie, ces actions semblent être payantes en termes de perspectives économiques », a observé Royce Mendes, analyste chez CIBC.

« De nombreux secteurs vont continuer à traverser des difficultés en l’absence d’un vaccin », a pour sa part souligné l’économiste Brian De Pratto de la Banque TD, précisant que « nous avons peut-être traversé le pire, mais c’est encore un long chemin vers la normale ».

« Grave détérioration »

La pandémie a provoqué la mise à l’arrêt de grands pans de l’économie canadienne à partir de la mi-mars et pendant plus de deux mois, restreignant fortement les rentrées fiscales du gouvernement fédéral.

Face à la crise, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a mis en place un plan considérable d’aides directes de 230 milliards de dollars (147 milliards d’euros), représentant 14 % du PIB, ainsi que 85 milliards d’aides indirectes. 

D’avril à juin 2020, le gouvernement a enregistré un déficit de 120,4 milliards de dollars, contre 85 millions pour la même période l’an dernier. Le déficit attendu pour l’année fiscale en cours atteint plus de 340 milliards de dollars.

La « variation sans précédent » des finances publiques « reflète la grave détérioration de la situation économique et les mesures temporaires » visant à soutenir les Canadiens et les entreprises du pays, a expliqué le ministère des Finances, dans un rapport publié vendredi.

En outre, le gouvernement a dévoilé la semaine dernière plusieurs mesures sociales d’un coût total estimé à 37 milliards de dollars canadiens, qui feront l’objet d’un vote de confiance à la Chambre des communes le 23 septembre prochain. En cas de défaite, il provoquerait la chute du gouvernement minoritaire de Justin Trudeau et des élections anticipées.

L’une des mesures phares, la prestation canadienne d’urgence, une allocation qui fournit 2 000 dollars par mois aux travailleurs canadiens qui se retrouvent sans revenus à cause du coronavirus, a été prolongée jusqu’à fin septembre. Environ 4,5 millions de Canadiens perçoivent actuellement cette aide gouvernementale.